As salam aleykum
Abu al-Al'a Mawdudi
(Aurangabad, 1321 [1903] – Lahore, 1400 [1979])
Issu d'une famille de lettrés, il grandit à Haydarabad. Ayant très tôt perdu son père, il dut gagner sa vie comme journaliste, il travailla pour le Muslim (1921-1923) puis pour Al-Jam`iyyât (1925-1928) avant de fonder en 1932 son propre hebdomadaire, Tarjuman al-Kur'an.
Dès cette époque il fut de tous les combats politiques et intellectuels qui agitaient l'Inde britannique, alors en pleine effervescence nationaliste, il soutint notamment le Khalifat Movement et s'illustra en défendant les droits de ses coreligionnaires contre les attaques dont ils étaient l'objet. Afin de propager ses idées il créa un "Institut des sciences islamiques" puis une formation politique (al-Jamaat i-Islami, 1941) qu'il ne conçut pas comme un parti de masse mais bien comme une organisation restreinte destinée à former la nouvelle étlite musulmane.
Il s'installa au Pakistan en 1947 et milita dans l'espoir de voir renforcer le caractère islamique des institutions du nouvel Etat. Cet engagement lui valut d'être rapidement mis en détention (1948-1955) et il réchappa de justesse à une condamnation à mort en 1953. Une fois libéré il repris son travail militant (même s'il abandonna la direction de la Jamaat i-islami en 1972) et la publication de son abondante œuvre littéraire (qui comprend plus de cent-trente titres). Il participa en outre à la fondation de l'Université islamique de Médine et à celle de la Ligue Islamique en 1962. Traduits en arabe puis en anglais à partir des années 1950 ses écrits lui ont permis d'acquérir une influence non négligeable dans l'ensemble du monde musulman.
Mawdudi est en effet considéré à juste titre comme l'un des théoriciens majeurs du réformisme islamique. S'il est surtout connu pour son Afhîm Al-Kur’ân ("Explication du Kur'an") en six volumes (1952-1972) on lui doit également : The islamic Law and Constitution (1955), Political Theory of Islam (1939, tr. 1964), Islamic Way of Life (1950, tr. 1955) etc. Pour A. Mawdudi les nations musulmanes n'ont strictement rien à apprendre des pays ou de la culture occidentale, car elles portent en elles-mêmes, et notamment dans leur héritage religieux, de quoi ériger fonder leur propre modernité. Il reçut un soutien tardif de la part du pouvoir lorsque le général Diya al-Hakk (Zia ul-Haqq) s'empara des rennes de l'Etat en 1977 et commença à mettre en œuvre certaines des théories de la Jamaat i-islami. Celle-ci reste à ce jour une organisation influente au Pakistan et son fondateur l'une des figures les plus importantes (et les plus controversées) du pays.