Abu l-Ma’ali Abd al-Malik al-Djuwayni
(Bushtanikan, près de Nishapur/Nasaybur, 419 [1028] – idem, 478 [1085])
Théologien asharite et éminent juriste shaféite. Fils d'un savant de Nasaybur, al-Djuwayni succèda à son père dans ses charges officielles. Il dut les abandonner lorsqu'il entra en conflit avec les autorités saldjukides qui, partisantes du maturidisme, lui reprochaient ses positions asharites. Il s'installa alors à Baghdad, puis à Médine et La Mekke (d'où son surnom de Imam al-haramayn, "l'imam des deux sanctuaires") avant d'être autorisé à revenir dans le Khurasan grâce à l'intervention du grand-vizir Nizam al-mulk. A Nasaybur il fonda une madrasa, sur le modèle de la Nizamiyya de Baghdad, où il enseigna jusqu'à sa mort.
Al-Djuwayni est surtout resté célèbre comme l'auteur de Nihaya al-matlab fi diraya al-madhab, une collection de quinze volumes de jurisprudence qui fera longtemps autorité dans l'école shafi'ite et dont il rédigea lui-même un abrégé (Mukhtasar al-nihaya). Il a laissé d'autres œuvres de fikh (Ghiyath al-umam ; Mughith al-khalk) et de méthodologie du droit (Kitab al-warakat fi usul al-fikh ; al-Takhlis) mais il se consacra également à la théologie dans le Kitab al-irsh’ad ila kawati ‘al-adilla fi usul al-‘itikad (« le Livre qui conduit aux preuves décisives relatives aux principes de la croyance »), le Kitab al-Nizamiyya et le Kitab al-Shamil.
Enfin, dans le Kitab al-burhan fi usul al-fikh il tenta le pari audacieux (et rarement renouvelé) de refonder la science du droit en fonction des données de la théologie asharite. Le charisme d'al-Djuwayni semble avoir été extraodinaire, grand prédicateur, grand théologien, juriste hors-de-pair, mystique profond, il a, de par son enseignement autant qu'à travers sa personne, laissé une trace durable dans l'histoire des sciences islamiques. Enfin, il faut signaler qu'il fut durant près de cinq années le principal professeur d'al-Ghazali à la madrasa Nizamiyya.