Assalamu alaykum wa rahmatullahu wa barakatuh
Le
Jâmi' al-bayân, tiré de la racine en arabe [ba-ya-na] qui veut dire "apparition, rendre clair" est l'un des tafasir les plus connus.
Comment procède ce tafsir ?Al-Tabari cite le verset dont il donne une traduction de son sens global, faisant intervenir des considérations historiques, des éléments de la poésie préislamique et des variantes du texte. Il écrit systématiquement :
"Ikhtalafa ahl al-Ta'wîl fî dhâlika" pour indiquer les divergences entre les gens qui ont interprété ce verset et il énumère les différentes interprétations du verset.
Entre parenthèses, les Ahl Al-Ta'wîl sont les savants du 2ème siècle de l'Hégire, soit le 8ème siècle de l'ère chrétienne, qui ont été les premiers à s'occuper de la compréhension du Coran en recherchant l'interprétation originelle du texte.
Qui sont les autorités originelles ?Le Prophète
n'est pas un interprète du Coran, pas pour Al-Tabari en tout cas ni pour Suyûtî et la plupart des savants s'alignent sur leur vision ; voir
Al-Itqân fî 'ilîm al-Qur'ân de Suyûtî. Donc les autorités originelles sont les compagnons du Prophète
, les épouses et les tabi'ûn, c'est-à-dire les Suivants. Ces derniers doivent avoir eu un contact direct avec les compagnons (sahaba) pour que leur rapport soit légitime.
Le principe est donc que :
Seuls sont aptes à interpréter le Coran ceux qui ont été témoins de la Révélation. Les compagnons sont considérés comme des Arabes purs, capables donc de maîtriser la langue du Coran.
Le schéma que suit Al-Tabari dans son tafsir est le suivant :
- Les Ahl al-Ta'wîl se basent sur les Tabi'în (les suivants).
- Les Tabi'ûn se basent sur les Sahaba (les compagnons du Prophète
)
La chaîne doit être ininterrompue et composée de gens sûrs. Le premier transmetteur de Tabari est un de ses maîtres qui a reçu l'enseignement exégétique d'un savant précédent et ainsi de suite.
Malgré ce mode de transmission, l'
Ikhtilâf, c'est-à-dire la divergence, est apparue. Quand ? Rien n'est certain là-dessus.
Tabari fait l'effort de donner toutes les interprétations possibles avec toutes les divergences. Elles sont considérées comme des
awjûh, c'est-à-dire des faces d'un même verset.
Tabari n'intervient pas pendant le temps de présentation des awjûh. Il écrit ensuite seulement qu'il en est une qui a le plus de validité selon lui en utilisant la formule
"fa awla ta'wîlât 'andî" qui signifie que parmi les divergences, il donne sa préférence à telle interprétation.
Pour Tabari, seul Dieu connaît la vérité du verset. Il n'appartient pas à l'homme de choisir une version de cette vérité et d'occulter les autres. D'où le rassemblement des interprétations (jâmi').
Il importe encore pour Tabari de procéder à un recensement des traditions pour ne justement pas les voir disparaître. Il n'est qu'un simple observateur, un simple compilateur qui ne porte pas la responsabilité des divergences.