Muhyi al-dîn Abu Muhammad Abd al-Kadir ibn Abi Salih Djangi Dost al-Djilani
(Nayf, 472 [1077] – Baghdad, 561 [1166]).
Théologien, prédicateur et juriste de rite hanbalite, l'un des plus importants des mystiques de l'Islam. Installé à Baghdad pour y terminer ses études religieuses il se fixa dans la grande cité (1095). Il étudia bientôt la grammaire, le droit (sous l'autorité d'Ibn Akil), le hadith et surtout le tasawwuf avec Hammad al-Dabbas (m. 523/1131) dont il devint le disciple.
A partir de 1127, au terme d'un long périple à la recherche de la voie de Dieu, il commença à enseigner et à précher publiquement. Ses cours et ses sermons lui attirèrent une audience toujours plus grande. Dans la lignée d'al-Ansari al-Harawi, il s'élevait tout aussi bien contre la sécheresse de la foi proposée par les théologiens que contre les excès de certains mystiques. Pour lui le saint reste un homme, avec des devoirs envers sa famille et la société dans laquelle il vit. Les œuvres surérogatoires qu'il accomplit par amour de Dieu doivent passer après les œuvres obligatoires et non se substituer à elles, en outre, elles ne peuvent avoir un caractère contraignant (juriste hanbalite, Al-Djilani était un grand connaisseur du hadith et Ibn Taymiyya fera son éloge). Pour lui le plus grand des shirk resta toujours l'adoration de soi à laquelle se livre tant d'humains, en menant un djihad contre son ego, le croyant doit donc pouvoir dépasser son moi accidentel pour atteindre son être essentiel.
Certains des nombreux sermons d'al-Djilani sont répertoriés dans les ouvrages connus sous les titres d'al-Fath ar-rabbânî wal-fayd ar-rahmânî ("L’Ouverture Seigneuriale et la Manne du Miséricordieux") et de Futuh al-ghayb ("Ouvertures sur l'invisible"). Sa personnalité extraodinaire lui valut l'estime de tous, riches et pauvres, faibles et puissant et amena, dit-on, de nombreux non-musulmans à se convertir.
La confrérie soufie Kadiriyya, la plus importante de toutes les confréries musulmanes le considère comme son fondateur, bien que cette prétention soit quelque peu hardie. Elle professe un islam orthodoxe, mettant particulièrement l'accent sur les notions de charité et d'humanité. Al-Djilani a également laissé des apologies du soufisme (Kitab al-ghunya li-talibi tarik al-hakk, écrite selon les règles du hanbalisme ; Sirr al-asrar, où il expose ses vues à ses disciples). Son mausolée à Baghdad est rapidement devenu l'un des plus fréquentés de la ville. La personne du saint a fait l'objet d'une dévotion sans pareille qui explique qu'il soit souvent difficile de faire la part entre la réalité et l'hagiographie.