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 Yarmuk (636) : récit

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Abd95
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Abd95


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MessageSujet: Yarmuk (636) : récit   Yarmuk (636) : récit EmptySam 14 Juil - 19:46

La bataille de Yarmuk

A posteriori, la bataille du Wadi Yarmuk, qui vit rappelons-le la victoire des forces islamiques sur les armées byzantines, fut bel et bien l'un des tournants de l'histoire de l'Humanité. Elle acheva un cycle entamé par Alexandre le Grand, neuf siècles plus tôt, qui avait vu l'Orient passer durablement sous la domination de l'Occident gréco-romain. Elle permit l'occupation du Levant et de l'Egypte, puis de l'Afrique du Nord par les armées arabes et donc, à terme, l'islamisation progressive de ces territoires.

Lieu : vallée du Wadi Yarmuk, près de la ville moderne d'Amman, en Jordanie
Date : 15-20 juillet 636 de l'ère chrétienne, 15e année de l'Hégire.

I. Forces en présence

1) Forces byzantines

a) Commandement

- Theodoros Trithurios. Sakellarios (trésorier) de l'empire. Enuque, envoyé personnel de l'empereur.
- Vahan, général arménien, commandant en chef des troupes avec le titre de magister militum per orientem, il commande le centre du dispositif.
- L'officier général connu par son titre de Buccinator, commande l'aile gauche.
- Gargis (Georges), autre officier arménien, subordonné de Vahan, commandant de l'aile droite.
- Djabala ibn al-Ayham, phylarque, à la tête des contingents Banu Ghassan présents un peu partout sur la largeur du front.
- Niketas, fils de Shahrabaz, général perse rallié aux Grecs.

Commandant suprême : il est assuré par l'empereur (basileos) byzantin Héraclius (61 ans) et par son frère Théodore, le généralissime (kouropalates), qui demeurent tous les deux à Emèse (Hims), en Syrie du Nord. Héraclius est le premier empereur à gouverner de droit divin. C'est un stratège habile, héros des guerres victorieuses menées vingt ans durant contre les Perses, mais il ressent à cette époque les premiers maux du cancer qui l'emportera finalement cinq ans plus tard. Théodore, qui a été personnellement battu les Arabes à la bataille de Anadjayn en 634 a perdu depuis lors une partie de son ancien crédit. Il est présenté dans les sources islamiques comme un homme arrogant.

b) Effectifs

Entre dix à vingt mille soldats, en majorité grecs d'Anatolie. L'armée comprend également de nombreux contingents arméniens et arabes ainsi que des unités plus réduites d'Illyriens, de Germains, de Caucasiens et de Turcs. Au-dessus de la masse des soldats, les forces d'élite, c'est-à-dire les détachements de cavalerie lourde des gardes impériales, entièrement cuirassées (cathaphractes). Puis viennent les cavaliers légers (optimates, généralement des auxiliaires goths ou arméniens), en dessous desquels se trouvent les archers et enfin les fantassins (excubitores). A l'avant-garde, des éclaireurs (cursores), à l'arrière le génie. La discipline dans l'armée grecque est très stricte et les soldats souvent puissamment armés (javelots, épées, boucliers, broigne, dague, etc.).
L'unité de base est le tagmata (unité de 300 hommes), dix tagmata formant un meros (régiment), trois meros formant une armée de 9.000 soldats (soit un effectif légèrement supérieur à celui d'une ancienne légion romaine). Si la campagne est de grande envergure, l'empire peut mobiliser plusieurs armées. Les soldats byzantins sont connus pour leur grande science du combat et, bien que nominalement chrétiens, ils sont réputés pour leur cruauté. Sur le champ de bataille les généraux communiquent avec leurs troupes à travers un complexe système de codes visuels et sonores. Contrairement à la légende, ils connaissent très bien cette région qui est parsemée de longue date de forteresses et de routes romaines.

2) Forces arabes

a) Commandement

- Khalid ibn al-Walid al-Makhzumi, un homme impétueux, excellent stratège et particulièrement brave.
Derrière lui d'autres chefs mekkois : Yazid ibn Abu Sufyan (commandant de l'aile gauche), Abu Abir 'Amr ibn al-Djarrah (commandant du centre), Kays ibn Ubayrah, Ikrimah ibn Abi Djahl, Amr ibn al-'As (commandant de l'aile droite), Abd al-Rahman ibn Abi Bakr.
- Abu Ubayda ibn al-Jarrah, extrêmement pieux, bon diplomate, délégué personnel du calife, il a délibérément laissé le commandement des troupes à Khalid ibn al-Walid. Derrière lui, d'autres médinois, Ansar et Muhadjirun dont Az-Zubayr ibn al-Awwam et Muadh ibn Jabal.
On compte également quelques chefs Bédouins d'envergure tels que Shurahbil ibn Hasana et Zarrar.

Commandement suprême : le calife Umar ibn al-Khattab (56 ans) réside à Médine, entouré de son Assemblée Consultative (madjlis al-shura) composée de ses plus éminents conseillers : Abd al-Rahman ibn Awf, Ubayy ibn Ka'b, Ali ibn Abi Talib. Le calife est un homme unanimement respecté, doué d'une grande force morale.

b) Effectifs

Initialement quelques milliers de soldats. Probablement plus de vingt mille cependant au plus fort de la bataille compte tenu des renforts arrivés au dernier moment. Le commandement stratégique est assuré par les membres de la noblesse mecquoise. Le commandement politique revient quant à lui aux Médinois, Ansar et Muhadjirun-s, qui sont des musulmans de longue date. L'armée comprend des contingents issus de toutes les tribus arabes, du Hidjaz, du Yamama et surtout du Yémen. On trouve également quelques cavaliers perses du Yémen (abna), des mercenaires abyssins (Ahabish) ainsi que des Arabes Lakhmides, Banu Djudham et Banu Bali récemment ralliés aux Musulmans. Les Arabes comptent sur leur plus grande mobilité. La cavalerie (khayl) est certes importante numériquement, mais moins que l'archerie (principalement yéménite) et l'infanterie. Chaque tribu marche divisée en unités (irafa, katiba) suivant sa propre bannière (liwa, raya), sous le commandement de ses propres chefs (sayyid, ra'is), bien que des Ansar-s et des Muhadjirun-s aient généralement été intégrés au sein des troupes bédouines. Les hommes se reconnaissent entre eux à leurs turbans (imama) distinctifs et propres à chaque clan, mais ils n'ont pas réellement de grades. Ils combattent par solidarité familiale et tribale, contrairement aux Byzantins qui sont des soldats de métier. Sur les arrières de l'armée, avec les bagages et les animaux de bats (chameaux, mules) se trouvent de nombreuses familles de soldats. Hormis les généraux (umara, sing. amir) et les officiers (kuwwad, singul. ka'id), qui portent côtes de maille, heaumes et boucliers, la plupart des hommes de troupes sont vêtus simplement d'une tunique de laine (izzar), d'une veste et armés d'une courte lance ou d'une épée. L'islam a introduit la discipline dans l'armée et une plus grande capacité à encaisser les pertes en hommes. Cependant, il s'en faut encore de loin que tous les soldats (mukatilla) présents soient déjà des musulmans convaincus. Un certain nombre sont sans doute plus animés par la perspective du butin et celle de la renommée que par celle du service divin. Au coeur de la bataille, les mubazirun ("champions") ont pour tâche de re-motiver les troupes par leurs cris de guerre et leurs gestes de défi.

II. Déroulement des opérations

1) Avant la bataille

Les Arabes sont entrés une première fois en Palestine byzantine à l'automne 633. Il ne s'agit pas comme on pourrait le croire d'une horde de Bédouins sans cohésion. Il s'agit d'une opération militaire de grande envergure particulièrement bien planifiée. Dès qu'ils contrôlent une voie de communication, les Arabes y placent des garnisons. Le but de la campagne est de chasser les Byzantins du Levant. Pour se faire, les Musulmans cherchent avant tout obtenir l'alliance de leurs compatriotes arabes, chefs des puissantes confédérations tribales chrétiennes en les retournant contre les Byzantins. Ils y parviendront assez brillamment. Ils peuvent également compter sur le soutien ou du moins la passivité des nombreuses populations araméennes de rite monophysite (Jacobites, Nestoriens, etc.), ainsi que sur celui des communautés juives et samaritaines, durement persécutées par le pouvoir byzantin. Ainsi, seule une minorité de la population, chrétienne orthodoxe de langue grecque (appelés Rumi), leur est à priori véritablement hostile.

D'un point de vue stratégique ils battent d'abord une armée grecque à la bataille de Adjnadayn sur le Wadi Simt (juillet 634), puis s'avancent jusqu'à Bosra (mai 635), Damas (septembre 635) et Emèse (novembre 635) en infligeant au passage à leurs adversaires une série de revers pénibles (bataille de Mardj al-Suffar au printemps 635). L'empereur Héraclius accouru depuis Byzance doit se replier en toute hâte sur Antioche. Cependant, après avoir réorganisés leurs forces, les Byzantins repartent à l'assaut à la tête d'une nouvelle grande armée. Conscients de leur infériorité numérique, les Arabes décident d'évacuer la zone qui était passé sous leur contrôle et de se replier dans le sud, d'abord à Djabiya puis plus au sud encore en direction de la cité d'Adraa. Poursuivis par l'armée byzantine qui réoccupe dans la foulée Emèse puis Damas et le plateau du Golan, les Arabes montent à leurs adversaires une série d'embûches coûteuses puis décident de contre-attaquer sur le Wadi Yarmuk.

2) Pendant la bataille

Les deux armées se retrouvent face à face sur un plateau recouvert de pierrailles et parsemé ça et là de broussailles et de terrains cultivés brûlés par le soleil de l'été. Les hameaux qui entourent le champ de bataille se nomment Dia, Nicaloma, Neve, Khisfin et Ayn Dakhar.

Le général Vahan rencontre le chef des musulmans, Khalid ibn al-Walid et lui propose une importante somme d'argent contre le retrait de ses troupes. Refus de Khalid. Les belligérants se placent en formation de combat tandis que l'on poste des garnisons autour des puits et des bagages. L'armée byzantine comprend vingt unités de combat, l'armée arabe une trentaine. S'ensuit une série traditionnelle d'affrontements entre champions des deux camps.

Conscients que leurs adversaires se renforcent au fur à mesure de l'arrivée de nouveaux contingents dans leurs rangs, tandis que leurs s'affaiblissent en raison de désertions répétées liées au non paiement des soldes, les Grecs décident d'attaquer les premiers dans l'après-midi du 15 juillet. Les combats se poursuivent jusqu'à la tombée de la nuit, sans donner l'avantage à l'un des deux camps.

Le matin du 16 juillet les Grecs attaquent à nouveau en masse les Arabes et enfoncent leur centre. Les Arabes décrochent en nombre, mais leurs propres familles les encouragent et ils reforment finalement leurs rangs, aidés en cela par des renforts envoyés d'urgence par Khalid ibn al-Walid.

Le troisième jour les Byzantins attaquent à nouveau, en se concentrant sur l'aile droite de l'armée adverse. Là encore les Arabes essuient des pertes importantes mais parviennent à contenir l'ennemi qui doit se replier sur ses bases d'appuis originelles.

Le quatrième jour voit le même scénario se répéter, mais cette fois la contre-attaque des Arabes leur permet d'encercler en partie les troupes adverses. Des unités de la cavalerie grecque se retrouvent isolées de leur infanterie. Incapable de la rejoindre, elles doivent s'échapper par le nord, poursuivies par une partie de la cavalerie arabe (menée par Zurrar) qui parvient à traverser le rideau défensif byzantin et à couper les lignes d'approvisionnement de l'adversaire en occupant les gorges de Rukkad. Khalid en profite alors pour jeter toutes ses forces dans la mêlée mais les attaques de son infanterie sont repoussées par l'archerie d'en face et l'un de ses généraux, Ikrimah ibn Abi Djahl est tué.

Le cinquième jour, conscient que la situation tourne malgré tout à son désavantage, Vahan fait une proposition aux Arabes et leur demande l'autorisation de se replier avec ses hommes contre d'importantes concessions territoriales. Refus de Khalid. Les Byzantins sont désormais coincés entre les gorges de Rukkad et celles de Yarmuk, complètement isolés de leurs bases arrières de Yakusah. Celles-ci sont promptement investies par la cavalerie de Zarrar.

Le sixième jour les forces musulmanes attaquent de trois cotés. Le général Gargis est tué. Les Byzantins se mettent à paniquer. L'histoire de la tempête de sable qui serait survenue à ce moment et aurait empêché les Byzantins de manœuvrer est probablement un mythe car elles sont impossibles dans cette région rocailleuse. Les Grecs battent finalement en retraite. Certains se rendent, d'autres tentent de fuir vers l'arrière en direction du lac de Tibériade. Dans leur fuite, beaucoup seront soit rattrapés et capturés ou abattus - ainsi périront Vahan et Théodore Trithurios les deux commandants en chef. Certains se tueront en essayant d'escalader les gorges accidentées de la région. Il est probable que beaucoup de soldats Grecs soient néanmoins parvenus à regagner des garnisons byzantines, à l'instar des généraux Niketas et Djabala.

Au matin du 20 juillet 636 les Arabes se retrouvent seuls maîtres du terrain.

3) Après la bataille

Les deux camps ont perdu beaucoup d'hommes. Mais tandis que les Byzantins sont désormais sur la défensive, les Arabes passent quant à eux à l'attaque. Abu Ubayda reprend le commandement des opérations qu'il avait laissé à Khalid durant la bataille. Habib ibn Maslama est placé à la tête de la cavalerie. L'armée islamique, réunie à Yarmuk, se divise à nouveau en plusieurs formations, à chacune est assignée un objectif. 'Amr ibn al-'As fonce vers le Néguev. Mu'awiya ibn Abi Sufyan s'avance vers le Liban. Damas est réoccupée quelques semaines plus tard par Abu Ubayda qui nomme Yazid ibn Abi Sufyan comme gouverneur de la ville avant de repartir avec le gros de l'armée vers Emèse pour éviter que l'armée byzantine ne s'y reconstitue. L'Empereur Héraclius regagne alors Byzance la mort dans l'âme. Ce qu'il reste de troupes byzantine oppose néanmoins une vive résistance, notamment dans le Nord de la Syrie et sur la côte, c'est-à-dire dans les régions les plus majoritairement hellénisées. Gaza se rend en août 637. Les derniers bastions, Jérusalem, Antioche et Césarée tombent respectivement en janvier 638, décembre 638 et l'été 640. Dès le mois de décembre 639 les Arabes entrent en Egypte byzantine.
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