Dounia Bouzzar: ..le radicalisme et le shit..

Dounia Bouzar : «Les jeunes consomment de l'islam comme de la drogue»



Dounia BOUZAR. – Face à ces jeunes, chaque jour plus nombreux, emportés par le radicalisme, travailleurs sociaux et professeurs ne savaient pas comment réagir. Beaucoup se sentaient impuissants, car ils considèrent que la pratique de l'islam mène au radicalisme. Et qu'il faut cesser d'être musulman pour en sortir ! Certains ont tenté de contrer ces dérives par des arguments religieux, en opposant un «islam modéré». Sans succès, puisque dans le fond la religion n'est qu'un prétexte pour ces jeunes en très grande difficulté, un écran de fumée pour s'arroger du pouvoir, pour refuser de se soumettre à la loi.

Leur démarche n'est-elle pas religieuse ?

Normalement, les pratiquants se soumettent à l'autorité des religions et des religieux. Ces jeunes radicalisés s'approprient l'autorité de la religion pour se mettre à la place de Dieu, au-dessus de tous les hommes. Ils récusent imams ou aumôniers qui les contrarient. Former des imams républicains, comme le souhaite le gouvernement, n'endiguera pas le radicalisme. Car le phénomène est d'une autre nature.

S'agit-il d'un mouvement de contestation ?

Pendant des années, les sociologues ont expliqué le radicalisme par la perte d'espoir social. Or les terroristes de Londres étaient parfois ingénieurs et bien insérés. En réalité, les jeunes radicalisés n'ont pas de projet, mais ils cherchent la toute puissance, la supériorité et l'extase. Ils se servent de la surenchère religieuse pour souder leur groupe, pour s'imposer aux autres. Leur idée de la religion est tellement absolue, inaccessible que la seule façon de l'atteindre est de ressembler au gourou. Ils fonctionnent exactement comme une secte.

Quels sont les facteurs qui conduisent au radicalisme ?

Tous ces jeunes ont en point commun de se sentir de nulle part. Ni marseillais, ni arabe, ni kabyle, ni parisien, ni roubaisien. Ce qu'ils vivaient comme une errance est soudain valorisé par le discours d'un Ben Laden. Ils ne sont plus des êtres sans racines, mais des soldats de la révolution mondiale, supérieurs aux autres. Ils trouvent une place et une fonction. Tous les intervenants l'ont dit : ils consomment de l'islam comme de la drogue, comme leurs aînés étaient toxicomanes.

Comment contrer le radicalisme ?

Ce livre est déjà un tournant, puisque des travailleurs sociaux, mais aussi des religieux disent publiquement que ce radicalisme n'est pas de l'islam. Nous allons pouvoir contourner l'écran religieux et revenir au droit commun. Il faut s'étonner du comportement de ces jeunes, et comprendre leur version de l'islam comme un simple symptôme.

La France doit aussi cesser de mettre tous les musulmans dans un grand sac, comme le voudraient les intégristes. Enfin, et ce n'est pas un gadget, l'école doit proposer une histoire partagée. Car faute de récit commun, certains de ces jeunes, issus de l'immigration, ne comprennent plus quelle place ils ont en France. Alors ils se fabriquent leur mémoire, leur monde, contre les autres.

«Quelle éducation face au radicalisme religieux», Dounia Bouzar, éditions Dunod.

Radicalisme L'ancienne éducatrice du ministère de la Justice analyse l'islam radical chez les jeunes.

LE FIGARO. – Ce radicalisme est-il un phénomène nouveau ?

Dounia BOUZAR. – Face à ces jeunes, chaque jour plus nombreux, emportés par le radicalisme, travailleurs sociaux et professeurs ne savaient pas comment réagir. Beaucoup se sentaient impuissants, car ils considèrent que la pratique de l'islam mène au radicalisme. Et qu'il faut cesser d'être musulman pour en sortir ! Certains ont tenté de contrer ces dérives par des arguments religieux, en opposant un «islam modéré». Sans succès, puisque dans le fond la religion n'est qu'un prétexte pour ces jeunes en très grande difficulté, un écran de fumée pour s'arroger du pouvoir, pour refuser de se soumettre à la loi.

Leur démarche n'est-elle pas religieuse ?

Normalement, les pratiquants se soumettent à l'autorité des religions et des religieux. Ces jeunes radicalisés s'approprient l'autorité de la religion pour se mettre à la place de Dieu, au-dessus de tous les hommes. Ils récusent imams ou aumôniers qui les contrarient. Former des imams républicains, comme le souhaite le gouvernement, n'endiguera pas le radicalisme. Car le phénomène est d'une autre nature.

S'agit-il d'un mouvement de contestation ?

http://www.lefigaro.fr/france/20060310.FIG000000126_dounia_bouzar_les_jeunes_consomment_de_l_islam_comme_de_la_drogue.html

Salam alikoum

Merci d'avoir posté ces extraits Luqman. Ce livre suscite pas mal de polémique dans certains cercles musulmans ou composés d'un certain nombre de musulmans, qu'on les suppose modérés ou non. Le principal problème qu'il pose est qu'il dérange. La question sera donc la suivante : pourquoi dérange-t-il ?

Pas question de répondre ça par l'argument "parce qu'il dit vrai !" Ce serait contourner le problème. Il semble bien que la gêne vienne du problème que pose de manière générale l'identité "indigène". Comment créer un rapport d'objectivation quand on est soi-même un produit de l'objet ? Cette question rejoint pour beaucoup le débat lancé par Qantara sur l'intellectualisme musulman. Comment regarder l'Islam en se voulant à l'extérieur quand on veut en même temps se situer à l'intérieur de l'Islam ?

Je pense que ce livre dérange parce qu'il met le musulman devant la responsabilité de se positionner clairement. Doit-il lire cet ouvrage en tant que musulman qui ne peut que défendre l'Islam même si c'est au prix d'une acceptation à peine consentie des formes de radicalisme qui s'y expriment ou doit-il le lire en tant que musulman prêt à revendiquer un combat ferme contre ces même formes ? Le travers dans lequel on pourrait tomber serait de supposer -àtort ou à raison- que ce livre vise les musulmans en tant que communauté et non pas seulement les radicaux musulmans.

Une objection que j'ai entendue était la suivante : "Mais ça n'existe pas les radicaux musulmans !" Il est certain qu'avec ce type de reflexions, on n'avance franchement pas. Et je crois que ce qui bloque sérieusement, c'est cette incapacité à concevoir que l'on puisse parler de certaines formes de l'Islam sans parler de tout l'islam.

Salam 'Alikoum Haz

Je respecte et j'ai kiffé le désengagement (de Dounia Bouzzar) à ce machin que l'on nomme CFCM , ses déboires humains qui l'ont amené à exploser, à chercher à se questionner finalement à progresser, outre son vécu dans les prisons (à aider ces jeunes) etc sa grande expérience du terrain.. et ses conférences et colloques utiles avec des savants tels que le Cheikh Saïd Ramadan El Boutih ...Dr Larbi Kechat etc Elle a beaucoup de niff..C'est clair que c'est une femme qui n'est pas respectée chez un autre milieu plus coincé! (dommage...à moins que je n'observe pas toutes ses facettes!!)

Oui les radicaux existent bel et bien..et font du mal aux familles...mais ce qui devrait nous interresser c'est de savoir comment les convaincre?? Comment faire pour qu'ils ne se reproduisent plus..comment faire pour les dégouroutiser ...sachant qu'ils ont des moyens parfois considérables...on a pu parfois le voir, le constater avec certaines mairies de gauche qui laissaient envenimer la situation (même les subventionner)...

Sadek Sellam disait que la volonté de laisser épanouir ces extrêmes arrangeait plus les pouvoirs locaux parfois nationnaux ici en France...et on a jamais voulu aider ou laisser épanouir les autres..(modérés , lights etc ou que sais-je comment ils nous dénomment...)

Dounia Bouzzar (dont je ne partage pas forcément certains de ses points de vues)qui a un vécu riche en beaucoup de domaines que j'ai pu rencontrer à plusieurs reprises dans diverses colloques, réunions a le mérite de remettre en question les absolutistes et leur emprises sur cette tranche de population ..

Hélas ..le problème sans doute c'est que chacun croit détenir sa vérité mais le pire et atroce c'est de se faire juger..par tes semblables!!!

Monsieur ou Madame Islam n'existera pas finalement...elle met l'accent sur la relativisation dans l'absolu que les musulmans devraient aquérir pourtant..et c'est le plus important...

OUI Allah houwa 'Allame (Dieu est Savant) d'une part..et Dieu est Parfait..

On le saura là-haut ce qui nous faisait diverger...