Vous souhaitez réagir à ce message ? Créez un compte en quelques clics ou connectez-vous pour continuer.



 
AccueilAccueil  PortailPortail  RechercherRechercher  Dernières imagesDernières images  S'enregistrerS'enregistrer  ConnexionConnexion  
Le Deal du moment :
Manga Chainsaw Man : où acheter le Tome 17 ...
Voir le deal
19.99 €

 

 L'intellectuel engagé : un oxymore ou un pléonasme ?

Aller en bas 
3 participants
AuteurMessage
inji
Confirmé
inji


Nombre de messages : 378
Date d'inscription : 10/10/2006

L'intellectuel engagé : un oxymore ou un pléonasme ? Empty
MessageSujet: L'intellectuel engagé : un oxymore ou un pléonasme ?   L'intellectuel engagé : un oxymore ou un pléonasme ? EmptyLun 18 Juin - 23:19

Salaam

Une problématique qui se pose à tous les chercheurs : on étudie et on produit pourquoi, pour quelle idées, pour quel projet politique...?

A ce propos, l'excellent numéro de la revue Agone est à lire :
http://atheles.org/agone/revueagone/agone18et19/
Le numéro est entièrement téléchargeable.

Contre le danger de l'enfermement dans un carcan intellectuel, s'intéresser aux productions scientifiques dans le reste de l'Europe et du monde devient une nécessité impérieuse. Un exemple avec le texte d'un certain Pietro Basso, qui fait entendre un autre son de cloche sur le grand penseur Max Weber :

Citation :
Le caractère évaluatif de la science sociale wébérienne. Une provocation, Pietro Basso
(Traduit de l’italien par Giovanna Russo )

Dans l’« imaginaire » collectif de la communauté des chercheurs Max Weber est le grand théoricien du caractère « non-évaluatif » des sciences sociales. Ce serait lui l’« analyste pur » qui, hors de toute doctrine préconçue, a fondé la sociologie « rigoureusement scientifique ». En est-il tout à fait ainsi ? Je ne le crois absolument pas. Le moins qu’on puisse dire est que son œuvre contient deux façons de lire le rapport entre science et société : l’une « non-évaluative » et l’autre tout à fait « évaluative ». Mais on peut aller plus loin encore en soutenant que la seconde, au fond, l’emporte sur la première. Surtout si, comme on le devrait, on met au premier plan sa manière « concrète » de faire de la sociologie plutôt que sa théorisation de la tâche du savant et des procédés des sciences sociales. Enfin, si l’on mesure celle-ci à celle-là – et non le contraire.

Bonne semaine à tous wave
Revenir en haut Aller en bas
Nameless
Junior
Nameless


Nombre de messages : 66
Date d'inscription : 23/11/2006

L'intellectuel engagé : un oxymore ou un pléonasme ? Empty
MessageSujet: Re: L'intellectuel engagé : un oxymore ou un pléonasme ?   L'intellectuel engagé : un oxymore ou un pléonasme ? EmptyMar 19 Juin - 0:10

    wa `alaykum salâm

    Waw, merci pour ce livre, car il faut plutôt l'appeler ainsi Very Happy

    Je pense tout simplement que les intellectuels naissent, c'est-à-dire apparaissent lorsque le besoin d'une analyse critique se ressent à un moment donné. A partir de cela, on peut supposer que leurs travaux ne sont pas basés sur des réflexions détachées de tout contexte.

    Si on s'intéresse à la sociologie des sciences, on voit qu'elle envisage la science surtout comme une activité sociale parmi d'autres. Dans ce sens, elle est plutôt descriptive là où la philosophie des sciences, elle, est normative. (voir La Science telle qu'elle se fait de Bruno Latour)

    Mais voilà, l'enjeu, c'est que la sociologie des sciences est elle-même une science. L'épistémologie aussi est elle-même une science. Comment juger de leur légitimité sans y pénétrer ? Comment ne pas se perdre dans ce cercle vicieux ? Finalement, comment sortir de son temps si ce n'est revenir dans un siècle ou deux ? Very Happy
Revenir en haut Aller en bas
Nameless
Junior
Nameless


Nombre de messages : 66
Date d'inscription : 23/11/2006

L'intellectuel engagé : un oxymore ou un pléonasme ? Empty
MessageSujet: Re: L'intellectuel engagé : un oxymore ou un pléonasme ?   L'intellectuel engagé : un oxymore ou un pléonasme ? EmptyMar 19 Juin - 11:47

as-salâmu `alaykum

J'ajouterai des extraits de Situations, II, de Jean-Paul Sartre, où il pose la question : qu'est-ce que la littérature. Qui écrit ? Pour qui ? et Pourquoi ?
En gros, il explique :
    Au 17ème, l’artiste dépendant de l’Eglise et de l’Etat.
    Au 18ème, la bourgeoisie très critique monte en grade. De la bourgeoisie viennent les philosophes des Lumières avec une volonté d’émancipation et d’imposer les valeurs bourgeoises pour se libérer de l’aristocratie.
    Au 19ème, les bourgeois changent de bord et se mettent en rupture avec la bourgeoisie. Vient alors la littérature moderne, l’image marginale du poète voulant l’art pour l’art. Ils font de la littérature posthume, ne voulant pas être lus par les contemporains.
    Et finalement, lui, il veut que la littérature s'engage explicitement dans son temps :
Sartre a écrit:
Tous les écrivains d'origine bourgeoise ont connu la tentation de l'irresponsabilité : depuis un siècle, elle est de tradition dans la carrière des lettres. L'auteur établit rarement une liaison entre ses œuvres et leur rémunération en espèces. D'un côté, il écrit, il chante, il soupire ; d'un autre, on lui donne de l'argent. Voilà deux faits sans relation apparente ; le mieux qu'il puisse faire c'est de se dire qu'on le pensionne pour qu'il soupire. Aussi se tient-il plutôt pour un étudiant titulaire d'une bourse que comme un travailleur qui reçoit le prix de ses peines. Les théoriciens de l'Art pour l'Art et du réalisme sont venus l'ancrer dans cette opinion. A-t-on remarqué qu'ils ont le même but et la même origine ? L'auteur qui suit l'enseignement des premiers a pour souci principal de faire des ouvrages qui ne servent à rien : s'ils sont bien gratuits, bien privés de racines, ils ne sont pas loin de lui paraître beaux. Ainsi se met-il en marge de la société. Le réaliste, lui, (...) incertain sur sa position sociale, trop timoré pour se dresser contre la bourgeoisie qui le paye, trop lucide pour l'accepter sans réserves, a choisi de juger son siècle et s'est persuadé par ce moyen qu'il lui demeurait extérieur, comme l'expérimentateur est extérieur au système expérimental (...) Cet héritage d'irresponsabilité a mis le trouve dans beaucoup d'esprits. Ils souffrent d'une mauvaise conscience littéraire et ne savent plus très bien s'il est admirable d'écrire ou grotesque. Autrefois, le poète se prenait pour un prophète, c'était honorable ; par la suite, il devint paria et maudit, ça pouvait encore aller. Mais aujourd'hui, il est tombé au rang des spécialistes et ce n'est pas sans un certain malaise qu'il mentionne, sur les registres d'hôtel, le métier d'"homme de lettres" (...) Auprès des bourgeois qui le lisent, il a conscience de sa dignité ; mais en face des ouvriers, qui ne lisent pas, il souffre d'un complexe d'infériorité (...). A la veille de cette guerre, la plupart des littérateurs s'étaient résignés à n'être que des rossignols.

Il se trouva enfin quelques auteurs pour pousser à l'extrême le dégoût de produire : renchérissant sur leurs aînés, ils jugèrent qu'ils n'eussent point assez fait en publiant un livre simplement inutile, ils soutinrent que le but secret de toute littérature était la destruction du langage et qu'il suffisait pour l'atteindre de parler pour ne rien dire (...) Nous ne voulons pas avoir honte d'écrire et nous n'avons pas envie de parler pour ne rien dire. Le souhaiterions-nous d'ailleurs que nous n'y parviendrions pas : personne ne peut y parvenir. Tout écrit possède un sens, même si ce sens est fort loin de celui que l'auteur avait rêvé d'y mettre. (...) [L'écrivain] est "dans le coup", quoi qu'il fasse, marqué, compromis, jusque dans sa plus lointaine retraite. (...) Il faut peu d'années pour qu'un livre devienne un fait social qu'on interroge comme une institution ; (...) il faut peu de recul pour qu'il se confonde avec l'ameublement d'une époque, avec ses habits, ses chapeaux, ses moyens de transport et son alimentation. L'historien dira de nous : "Ils mangeant ceci, ils lisaient cela, ils se vêtaient ainsi" (...) Tout cela, on l'a dit et répété depuis Hegel : nous voulons en tirer les conclusions pratiques. Puisque l'écrivain n'a aucun moyen de s'évader, nous voulons qu'il embrasse étroitement son époque ; elle est sa chance unique : elle est faite pour lui et il est fait pour elle. L'écrivain est en situation dans son époque : chaque parole a des retentissements. Chaque silence aussi. Je tiens Flaubert et Goncourt pour responsables de la répression qui suivit la Commune parce qu'ils n'ont pas écrit une ligne pour l'empêcher. Ce n'était pas leur affaire, dira-t-on. Mais le procès de Calas, était-ce l'affaire de Voltaire ? La condamnation de Dreyfus, était-ce l'affaire de Zola ? L'administration du Congo, était-ce l'affaire de Gide ? Chacun de ces auteurs, en une circonstance particulière de sa vie, a mesuré sa responsabilité d'écrivain. L'occupation nous a appris la nôtre. Puisque nous agissons sur notre temps par notre existence même, nous décidons que cette action sera volontaire.
(Désolé s'il y a des fautes : )
Revenir en haut Aller en bas
Mamun
Junior
Mamun


Nombre de messages : 55
Age : 45
Date d'inscription : 26/10/2006

L'intellectuel engagé : un oxymore ou un pléonasme ? Empty
MessageSujet: Re: L'intellectuel engagé : un oxymore ou un pléonasme ?   L'intellectuel engagé : un oxymore ou un pléonasme ? EmptyMar 19 Juin - 14:43

Salam

Je suis en train de relire Sénèque, et sont traité adressé à Serenus dans lequel il tente de répondre à cette problématique, à savoir est-ce que le sage doit entrer dans la vie publique ou non. Sa réponse est nuancée, en somme: oui quand c'est possible et que les conditions sont honnêtes, sinon, l'homme de savoir doit s'en écarter.

Wa salam
Revenir en haut Aller en bas
Contenu sponsorisé





L'intellectuel engagé : un oxymore ou un pléonasme ? Empty
MessageSujet: Re: L'intellectuel engagé : un oxymore ou un pléonasme ?   L'intellectuel engagé : un oxymore ou un pléonasme ? Empty

Revenir en haut Aller en bas
 
L'intellectuel engagé : un oxymore ou un pléonasme ?
Revenir en haut 
Page 1 sur 1

Permission de ce forum:Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
 :: Forum général-
Sauter vers: