Ahmad ibn Abd al-Halim, dit Ibn Taymiyya
(Harran, 661 [1263] – Damas, 729 [1328])
Juriste, prédicateur et théologien hanbalite. Né dans une famille de juristes hanbalites (il était le petit-fils de Madj al-Dîn Abu l-Barakat, m. 652/1255, une grande autorité de cette école), il accomplit ses études à la madrasa Sukkariyya dirigée par son père. En 1284, ses grands talents ayant été reconnus, il prit la tête de cette institution, commença à donner des cours de tafsir (sa matière de prédilection) puis accomplit le hadj en 691/1292. En 1296 il fut promu à la grande madrasa hanbaliyya de Damas. Durant cette période, il s'illustra par le courage et la détermination dont il fit preuve à l'occasion des guerres menées contre les Mongols et leurs alliés Arméniens.
Devenu l'un des professeurs les plus populaires de Syrie, il eut souvent maille à partir avec ses collègues ou avec les autorités mamluks, en raison des jugements incisifs qu'il porta sur les thèmes sensibles qu'étaient (et que son encore) le shi'isme, le monisme d'Ibn Arabi, le culte des saints, la visite des tombes, la licéité du djihad mené contre d'autres musulmans, les prétentions des théologiens et des logiciens (notamment à propos du caractère métaphorique du Kur'an) etc.
Ses ennemis obtinrent à plusieurs reprises son emprisonnement (et ses amis sa libération) et c'est en captivité qu'il rédigea d'ailleurs nombres de ses ouvrages. Ceux-ci ont connus des fortunes diverses depuis lors, avant de redevenir très en faveur au cours des quatorzième et quinzième siècles de l'Hégire.
Ses vues sur la théologie sont exprimées dans ses trois professions de foi : Al-Akida al-wasitiya (qui reste son ouvrage le plus accessible), Al-Akida al-hamawiyya et Al-Akida al-tadmuriyya. Dans le Kitab al-siyasa al-shar'iyya il fait part de ses conceptions sur la politique. Dans le Minhadj al-sunna al-nabawwiyya il argumente contre le shi'isme et dans le Radd 'ala al-Ihna’i, le Talhis al-kitab al-istidjata al-ma 'ruf bil-radd al-Bakri et le Ra'f al-malam il s'oppose aux excès de la mystique. Il a laissé des ouvrages de droit (Kitab ma'aridj al-wusul) et de nombreux autres sur les pratiques cultuelles, en particulier sur les rites du pèlerinage (Rasa'il fi manasik al-hadj). Enfin ses avis juridiques ont été compilés dans le Madjmu al-fatwa al-kubra (qui comprend trente-six volumes). Ses partisans l'ont surnommé al-shaykh al-islam.