Salam
Je sais par avance que certains ne seront pas d'accord, mais je donne simplement mon avis ...
En 1995, Jacques Chirac, fraîchement élu et désireux de se mettre dans la poche les bonnes âmes de la République, décide, au nom de la France, de s'excuser pour la politique anti-juive de l'Etat français. Geste inédit auquel Mitterrand s'était refusé ...
Ce qu'il a toujours manqué à Chirac, malgré ses qualités, c'est une vision à long terme. En l'occurence elle lui aurait bien utile. Car en s'excusant pour la rafle du Vel d'Hiv, il créait en fait un précédent facheux ...
Car dès lors, toutes les erreurs, toutes les fautes, toutes les tragédies commises par les gouvernements français successifs finiraient par être scrutées ; colonisation, esclavage, guerres, etc. Chaque communauté d'intérêt cherchant à obtenir pour elle-même ce dont la communauté juive avait bénéficié : une repentance et, le cas échéant, des compensations financières, et surtout, un rôle d'éternelle et intouchable victime de l'histoire ...
C'est à l'un des épisodes de cette saga auquel on assiste en ce moment à l'occasion du voyage présidentiel en Algérie ...
Certes, quand l'Eglise catholique s'excuse, cela a un sens (pour elle), car en vertu de la croyance au Saint-Esprit, tous ses membres ne forment qu'une seule âme, et même un seul corps (le Corps du Christ, dont le pape est la tête) et cela à travers toutes les époques et tous les continents ...
Mais il n'en va pas de même pour les Etats. Devant un tribunal, les seuls à pouvoir porter une quelconque culpabilité sont les auteurs des faits, les décideurs et les éxécutants. Or, en ce qui concerne l'Algérie, les grands responsables sont tous morts avec le sentiment du devoir accompli (Guy Mollet, Louis Joxe, Salan, Challe, Massu, et compagnie, et idem du côté FLN). Alors pourquoi leurs enfants (innocents) devraient s'excuser alors que les pères (coupables) ne l'ont pas fait ?
L'Islam quant à lui ne reconnaît pas les excuses collectives. Le coupable est seul à devoir s'excuser, face à Dieu d'une part, et vis-à-vis de sa victime ensuite, si du moins elle est toujours en état de lui pardonner. Le reste, ce n'est que de la gesticulation politique.
Car la seule façon de réparer le passé, ce n'est pas de s'excuser ou de se repentir hypocritement, c'est tout simplement de changer de politique, en l'occurence en se gardant de tout néo-colonialisme à l'égard des pays du Sud.
Wa Allah'alam