As-salam aleykum
Il y a autant de versets dans le Livre de Dieu enjoignant l'homme au combat (djihad), que de versets l'enjoignant à la patience (sabr) et au pardon ...
Alors de deux choses l'une :
Ou bien on dit que le Livre se contredit, mais cela est impossible. Ou bien on tente, comme ont tenté de le faire de nombreux savants, de définir les moments appropriés à la patience et ceux propres à la lutte. Mais on connaît bien les limites d'une telle recherche, qui n'aboutit pratiquement jamais à des résultats clairs et évidents pour tous ...
Ou bien alors on pose l'idée suivante :
Cette ambivalence, ne doit-elle pas être mise en rapport avec le fameux verset relatif à l'ambiguïté (III, 7) ? Cette ambiguïté qui, tout en restant identique à elle-même, mènera cependant le mauvais au doute et au déni, tandis qu'elle renforcera le bon dans sa confiance en Dieu et dans sa sagesse ?
Ne peut-on pas alors déchiffrer tout cela comme une épreuve de Dieu à l'encontre des Croyants, une épreuve permettant d'opérer -au yeux de tous- la distinction entre le "bon grain et l'ivraie", c'est-à-dire entre ceux qui :
1) Se lèveront (khurudj) certes pour combattre, en prétextant les appels de Dieu à la lutte, mais qui combattront jusqu'à se montrer iniques envers autrui et donc envers Dieu, révélant leur vraie nature corruptrice (fasad) ...
2) Ceux qui se resteront assis (ku'ud) en arguant des appels de Dieu à la patience, mais qui le feront jusqu'à se montrer lâches, révélant ainsi leur hypocrisie (munafik) et leur bassesse
3) Et ceux enfin, qui resteront assis jusqu'à ce qu'ils n'aient plus d'autre choix que de lever, mais qui, une fois levés, resterons toujours dans le sentier de la justice, et qui s'assiérons de nouveau à l'heure de la trêve en remettant leur confiance en Allah ?
Au passage, on pourrait dire que l'on retrouverait-là, à peu de chose près, les termes de ce que Max Weber a envisagé comme un conflit entre "morale de conviction" et "morale de responsabilité" ...
Et certes, en toutes choses, Dieu est plus savant ...