Salam aleykum
- Charlotte a écrit:
- bonsoir, Je suis interpelée par ce post.
Personnellement, je ne considère pas que ce soit le rôle de la religion d'ériger un système politique. La religion est à suivre par une décision personnelle et libre par foi en Dieu indépendamment d'un état dans lequel on pourrait vivre. Moi j'ai beaucoup de mal à comprendre d'intérêt d'un régime politico-religieux (toute religion confondue)
Je comprend cette position mais je la trouve irréaliste, parce qu'il me semble qu'elle fait abstraction de ce qu'est Dieu.
En fait, beaucoup de gens ont une vision instrumentale de la foi : ils disent, la foi sert à ceci, ou à cela, par exemple à rendre heureux, à donner du courage, à établir la justice, à fonder une légitimité, à asseoir la fraternité. Mais ils ne semblent pas comprendre le caractère globalisant, englobant de la foi, tout simplement parce qu'ils ne l'ont pas. Si Dieu s'est révélé, un Dieu unique, alors avoir foi en lui est quelque chose de tellement fort que cela doit occuper toute la vie, toute l'existence de l'homme (c'est ce qu'on appelle la sainteté).
Cela signifie qu'il est illusoire de penser que l'on puisse être croyant à l'Eglise par exemple, et moins croyant en en sortant. Etre croyant avec ses enfants, et pas avec ses employés. Etre croyant le matin et pas le soir. Lorsque l'on a la foi, on doit l'avoir tout le temps, et si ce n'est pas le cas, on doit en désepérer et non s'en satisfaire.
Or, puisque la foi est une bonne nouvelle, un savoir, elle doit être enseignée aux ignorants. Ne pas enseigner sa foi prouve ou bien qu'on la considére comme une honte (ce qui est inconciliable avec la joie qu'elle est censée nous apporter) ou bien comme une tare (là encore cela serait contradictoire). Or, tout prosélytisme, s'il est efficace, finit par convertir à la foi un nombre important de personnes.
Conséquence, comment peut-on croire que la foi de ces croyants, qui rappelons-le est globale, n'influe pas sur les sphères économiques, politiques et sociales des sociétés dans lesquelles ils vivent. Je veux dire, 100% de croyants ne peuvent fabriquer un système politique dans lequel la foi n'aurait pas sa place ... il émergera forcément de leurs interractions un Etat qui sera au diapason de leur vision du monde.
- Citation :
- Pourtant, en regardant les textes bibliques, je n'ai pas souvenir qu'il y soit question de rester vierge pour suivre les enseignements du Christ
De facto cela semblait une évidence pour ceux qui se sont dévoués à lui ... aucun des apôtres ou des Pères de l'Eglise n'eut de femmes. Le plaisir charnel a été considéré comme une déchéance, le meilleur moyen de s'engluer dans le monde du péché et des apparences, et d'oublier Dieu. Au pis il s'agissait d'une faiblesse coupable mais jamais cela n'a été considéré comme une bonne chose ... Cela ne provient pas d'une quelconque mysoginie, c'est parfaitement cohérent avec la vision qu'ils avaient de l'existence et du salut ...
- Citation :
- A quel passage des évangiles te réfères-tu pour dire qu'un système chrétien est exposé dans le nouveau testament?
Cela pourrait provenir du fait que Jésus n'a pas eu l'intention d'abolir l'ancienne loi mais seulement de la restaurer dans son esprit originel. C'est ainsi que l'avaient compris certains de ses premiers disciples, ceux qui ont formé l'Eglise de Jérusalem derrière la figure de Jacques.
Mais c'est vrai que le NT ne donne aucune indication à caractère politique ou institutionnel. Cela pourrait aussi provenir du fait qu'il est marqué par une forte dimension eschatologique et que le Jugement dernier étant considéré comme imminent, ce genre de considérations étaient inutiles.
Dès lors c'est à la patristique qu'il est revenu le privilège d'établir ce que devait être un Etat et une société chrétienne.
- Citation :
- Je crois plutôt pour ma part, que ce qui croient maintenant sont de meilleurs croyants qu'avant parce qu'il n'y a plus de peur de Dieu. On croit en étant convaincu et non plus en suivant une masse de "montons". On a peut-être perdu ceux qui se croyaient obligés de croire par peur de Dieu et de son jugement mais pas par compréhension de son message
Le monde de la foi promet la vérité pour l'au-dela et non pour ici-bas, c'est le sacrifice d'ici-bas qui est demandé pour espérer les bénéfices de l'au-dela. Celui qui inverse la tendance et qui considère que la foi a fonction d'oeuvrer prioritairement pour la vie présente se coupe de toutes les traditions scripturaires sur lesquelles il est pourtant censé s'appuyer ...
Quid du martyr, de l'éloge de la virginité, de l'éloge du renoncement, de la pénitence, qui ont été à la base du christianisme primitif ?
Il s'agirait alors d'un nouveau christianisme, sans légitimité historique, une sorte de pommade ...
Dans l'islam on appelle
taqwa cette crainte révérentielle qui s'empare du croyant à la simple evocation du nom de Dieu, cette stupeur, ce frisson qui remue son sang et jusqu'au plus profond de son âme devant la majesté de Dieu. La "peur" est donc très positivement connoté dans l'Islam, c'est une peur glorieuse, une peur sublime ... qui donne à l'homme, paradoxalement, la certitude (yakin) de ne plus avoir peur de rien d'autre, de ne plus être effrayé par ce qui l'angoissait jusque-là. Cette taqwa est la source de laquelle il puisera sa force ...