"Ne pouvant nous exterminer, ils nous subissent"

As salam aleykum

Romancier et peintre de talent, Eugène Fromentin a surement été l'un des observateurs les plus perspicaces de la société "indigène" d'Afrique du Nord, telle qu'elle se présentait au lendemenain de la conquête française. Il n'a guère partagé les illusions coloniales de nombre de ses contemporains. Ainsi, malgré le langage stéreotypé qu'il emploie pour les décrire, on peut avancer qu'il a été l'un des rares à l'époque à ne voir dans les indigènes, ni des énergumènes à mater, ni des enfants à éduquer, mais tout simplement des hommes et des femmes conscients de leur situation et animés d'une idée fixe, retrouver leur liberté et leur fierté. Voilà ce qu'il écrit en 1859, onze ans après la reddition d'Abd el-Kader :

"Ce que ces proscrits volontaires détestent en nous (...) c'est notre voisinage, c'est-à-dire nous-mêmes ; ce sont nos allures, nos coutumes, notre caractère, notre génie [cad nos façons n.]. Ils redoutent jusqu'à nos bienfaits. Ne pouvant nous exterminer, ils nous subissent ; ne pouvant nous fuir, ils nous évitent. Leur principe, leur maxime, leur méthode est de se taire, de disparaître le plus possible et de se faire oublier." Eugène Fromentin, Une Année au Sahel, 1859, rééd. Paris, Le Sycomore, 1981

Le général Daumas, responsable de la pacification et fondateur des Bureaux arabes, fait le même constat :

"[Les Arabes] ont la conviction qu'un peu plus tôt ou un peu plus tard, (les Français) quitteront leur pays". "Notre présence est chez eux une catastrophe qui leur a été infligée par Dieu en punition de leurs péchés. Le Tout-Puissant satisfait, il pardonnera, et les chrétiens seront, à leur tour, vaincus et humiliés"

http://napoleontrois.free.fr/site/index.php?2006/04/05/127-le-reve-arabe-de-napoleon-iii#pnote-127-3