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 La guerre byzantino-perse de 603-629

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Abd95
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Abd95


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MessageSujet: La guerre byzantino-perse de 603-629   La guerre byzantino-perse de 603-629 EmptySam 6 Jan - 0:21

La guerre byzantino-perse de 603-629

L'histoire de ce conflit, qui opposa l'Iran à Constantinople pendant plus de vingt-cinq ans présente un grand intérêt pour celui qui s'intéresse aux débuts de l'islam. Il s'agit en effet du plus grand affrontement que ce soit jamais livré Perses et Gréco-romains, au moins depuis l'époque de Trajan (m. 117), si ce n'est même depuis celui Alexandre (m. – 323). Or, il eut lieu au moment même où l'Arabie s'unifiait derrière le message de l'islam et la bannière de Médine.

L'empereur byzantin Maurice Ier, au pouvoir depuis 582, avait aidé en 591 un jeune prince perse, Khosrô, à regagner le trône de ses ancêtres qu'un usurpateur lui avait enlevé. Lorsque Maurice fut assassiné en 602, Khosrô II s'estima suffisamment puissant pour se lancer à l'assaut de l'empire byzantin.

Certes, au cours du siècle précédent, de grandes guerres avaient déjà ensanglanté la frontière commune aux deux grands Etats (en 502-506, 526-532, 540-562) mais aucune ne pourra se comparer à celle qui va débuter alors. Son caractère inexpiable tient beaucoup à la personnalité même de Khosrô, dit Anushirwan ("à l'âme immortelle"), qui laissera l'image d'un souverain avide de gloire et très autoritaire. Décidé à assurer son autorité, il accentua la magnificence du cérémonial de cour, ramèna ses ministres au rang de conseillers et les grands aristocrates à celui de simples sujets. Contre eux, il s'appuya sur la petite noblesse. Il se lança parallèlement dans une politique de grands travaux, réorganisa la fiscalité et accéléra la centralisation du pouvoir. Les royaumes vassaux des frontières furent intégrés à l'empire et leur autonomie supprimée. Cela sera le cas en 602 du royaume arabe de Hira, jusqu'alors tenu par les princes Lakhmides. Au Sud, les Perses menèrent une politique expansionniste, ils prirent pied dans le Uman, passèrent des accords avec les petits royaumes côtiers de l'actuelle province saoudienne de Hasa, et débarquèrent même au Yémen qu'ils enlevèrent aux Abyssins (597). Il est également possible que cette réaffirmation de la domination sassannides ait eu des répercussions sur leur frontière orientale, mais il existe peu de sources permettant de l'affirmer.

Toujours est-il que dès 603, les Perses se montrèrent menaçants en Mésopotamie. En 604 ils occupèrent la grande cité d'Edesse qui s'était soulevée contre les Grecs, puis l'année suivante celle de Dara. En 607, puis à nouveau en 609 le général Shahin lança pour la première fois de grandes offensives en Asie mineure. En 610 l'empereur Phokas, dont le crédit avait été ruiné par ces revers successifs fut renversé et exécuté par le général (d'origine cappadocienne) Héraclius qui s'empara du pouvoir à Constantinople. Khosrô repoussa avec dédain la paix que lui proposait le nouvel homme fort. Mis en difficulté, celui-ci temporisa et adopta une stratégie volontairement défensive. En 611, le général Shahrbaraz s'empara de Antioche avant d'obliquer vers le Sud et de faire son entrée dans Damas. En 612, les Perses lancèrent une double offensive contre l'Asie mineure et l'Arménie. En 614 Shahrbaraz avança au Sud de Damas et s'empara de Jérusalem, les églises de la ville furent pillées, une relique censée être celle la "Vraie croix" fut emmenée en Perse. Plus au Nord, la grande ville d'Asie mineure, Césarée de Cappadoce tomba elle-aussi. En 615, fort de leurs récents succès, les Perses s'avancèrent jusqu'à Chalcédoine, c'est-à-dire quasiment sous les murs de Constantinople mais furent finalement repoussés in extremis. En 617 ils débarquèrent à Chypre, tandis que leurs alliés Avars venus d'Europe centrale attaquaient (vainement) la capitale byzantine. Enfin, en 618/619, Shahrbaraz pénétra dans la riche province byzantine d'Egypte et pilla Alexandrie. Les Perses dominèrent dès lors le pays copte, les Sassanides semblaient être parvenus à reconstituer l'empire des Achéménides.

En 622, les Perses s'emparèrent encore d'Ancyre (la moderne Ankara), mais furent défaits par les Byzantins en Arménie. Ils durent même évacuer une partie de l'Asie mineure. L'année suivante, après avoir fait la paix avec les Avars, Héraclius pénétra en Médie (actuel Azerbaïdjan) à partir du Caucase. Le grand temple du Feu de Ganza fut détruit, l'armée perse, placée sur la défensive avait pour la première fois perdu beaucoup d'hommes. La stratégie d'Héraclius était celle du contournement, plutôt que d'attaquer les Perses en Syrie ou en Egypte, où était stationné le gros de leurs forces, il arriva donc par le nord, là où on ne l'attendait pas. Possédant la maîtrise des flots, il fit débarquer des soldats par milliers depuis la Mer Noire, et gagna le soutien des Arméniens. Préférant contre toute attente hiverner dans la région, il profita de cette période cruciale pour réorganiser ses troupes sur le principe de la levée en masse de paysans-soldats (stratiotes) afin d'éviter à l'avenir d'avoir trop recours aux mercenaires. Il divisa également l'Anatolie en thèmes, dirigés par des stratèges, ce qui en unifia le commandement. En 626, les turcs Avars, qui avaient repris l'offensive à la demande des Perses furent sévèrement battus devant Constantinople. Bientôt leurs vassaux slaves se soulevèrent contre eux. Désormais ils ne représentèrent plus une menace militaire sérieuse pour les Byzantins qui purent porter tous leurs effort vers l'Est. Pendant ce temps qui plus est, Héraclius passa un traité d'alliance avec les Turcs Khazars qui nomadisaient dans le Nord-Caucase, ceux-ci lui fournirent une aide précieuse contre les Perses. L'année 627 fut donc déterminante. Sur le front nord-ouest, les contingents perses qui s'étaient à nouveau avancés vers Constantinople furent battus, sur le front central les Khazars et les Géorgiens alliés des Grecs reprirent Tiflis. Enfin, sur le front oriental l'empereur Héraclius en personne mèna une grande armée en Assyrie (Nord de l'Irak actuel). Il écrasa l'armée perse à Ninive (décembre 627), bataille qui vit périr le chef d'état-major iranien, le général Rhahzadh, puis s'avança jusque dans les faubourgs de Ctésiphon, la capitale d'hiver des Sassanides. En janvier 628, n'étant pas parvenu à prendre la ville, il fit piller et incendier les riches palais de la dynastie sassanides avant de se replier vers les montagnes du Zagros où il demeura menaçant. Durant tout ce temps, le proconsul Sharhbaraz était demeuré en Syrie, refusant d'intervenir pour sauver un empereur dont des agents byzantins étaient parvenus à le convaincre qu'il souhaitait le faire exécuter.

Khosrô, acculé dans son réduit irakien, faisait régner la terreur autour de lui entretenant par son comportement une atmosphère de fin de règne. Il fut finalement assassiné, à l'instigation de son propre fils Kavadh II, qui s'empara du pouvoir et envoya des émissaires de paix auprès des Byzantins (février 628). Mais Kavadh mourut bientôt au cours d'une épidémie et les rivalités qui ne manquèrent pas d'éclater entre les aristocrates perses firent bientôt sombrer l'empire dans l'anarchie. En juillet 629, malgré tout, on parvint à ratifier les accords d'Arabissos qui mirent un terme officiel au conflit : Héraclius replia ses troupes en deçà de l'Euphrate qui redevint la frontière entre les deux Etats. L'Egypte, la Palestine, la Syrie, l'Anatolie repassèrent sous contrôle grec et furent évacuées. Les prisonniers de guerres des deux camps qui avaient survécus retrouvèrent la liberté, les trésors réquisitionnés furent en partie rendus. En septembre 629, après vingt années de campagnes incessantes, Héraclius fit une entrée triomphale à Constantinople, il présida ensuite au rétablissement de la "Vraie Croix" à Jérusalem (21 mars 630). La situation politique de l'empire perse ne sera rétablie quant à elle qu'avec l'avènement de Yazdagird III en 632.

C'est à ce moment que surgirent des plaines et des vallées arides d'Arabie les premiers contingents arabes.

Bien évidemment, depuis que la question a été étudiée, beaucoup ont cherché à mettre sur le comte de "l'épuisement" supposé des troupes byzantines et perses la clé des succès arabes de 634-642. Une telle réponse, si tant est qu'elle soit en partie exacte, reste néanmoins un peu courte. En effet, plutôt que d'épuisement, on pourrait tout aussi bien évoquer l'endurcissement des guerriers grecs, qui ont prouvé leur valeur au cours de ces rudes années de lutte. L'armée byzantine, qui a dû se replier d'Italie après 560, puis d'Espagne en 580, et finalement de la majeure partie des Balkans en 590-600, se trouvait en 630 à la tête d'un espace beaucoup plus cohérent qu'autrefois. De plus, les réformes d'Héraclius avaient porté leur fruit, la baisse du nombre de mercenaires et l'hellénisation des forces armées furent l'une des causes de la victoire de 629.

Peut-être, cependant, une donnée a-t-elle été plus décisive que les autres : la désorganisation des frontières. En effet les empires perses et byzantins avaient entretenu pendant des siècles de vastes réseaux d'alliances et de clientèles avec les tribus nomades ou semi-nomades de l'Arabie centrale ainsi qu'avec les principales chefferies sédentaires de la région. Au cours des opérations de combats de 602-628, c'est tout ce système, basé sur l'envoi réciproque d'émissaires, de présents, d'armes, d'argent, d'axillaires, qui fut négligé, voire qui s'effondra littéralement. Cela dut certainement créer un immense "vide" du pouvoir dans la péninsule arabique. Les fortins du limes furent abandonnés et le prestige des princes arabes auprès de leurs vassaux dut être durement atteint par la suspension des "primes" que leur versaient jusqu'ici leurs suzerains. L'insécurité qui résulta de cet état de chose peut avoir favoriser l'aspiration à un nouveau "pouvoir fort", celui que Médine allait bientôt incarner. Plus au nord, l'occupation perse, qui a tout de même duré près plus de vingt ans en Mésopotamie, près de quinze ans en Syrie et dix années en Egypte a contribué à créer en quelque sorte un "précédent". Les élites locales, chrétiennes ou juives, ont goûté à la liberté relative que leur offrait un pouvoir étranger qui avaient besoin de leur soutien pour assurer la tranquillité de ce qui était devenu un arrière front à partir de 620. Lorsque les fonctionnaires du fisc byzantins ont à nouveau dû plier bagage en 636 il n'est pas sûr que cela n'ait pas été au soulagement de leurs administrés qui avaient été récemment contraints d'éponger la formidable dette engendrée par le précédent conflit. L'épisode perse relativise également la sombre légende de "l'apocalypse" qu'aurait entraîné la guerre arabe de 634-642, car tout ce qui pouvait avoir été pillé à Alexandrie, Jérusalem, Edesse, Antioche, Ctésiphon, l'avait sûrement déjà été à peine quelques années auparavant, que cela fut par les Perses ou bien par les Grecs, ou bien encore par les pillards occasionnels qui profitèrent des désordres engendrés par la guerre. Dernière précision, le profond discrédit qui avait recouvert la maison impériale perse suite au règne sanglant et catastrophique du terrible Khosrô ainsi que la haine que devaient entretenir de nombreux chefs de communautés juives ou chrétiennes hétérodoxes (en particulier Jacobites) vis-à-vis du très orthodoxe Héraclius, et plus généralement, la méfiance séculaires des autochtones sémites envers les colons hellénophones ont dû également jouer un rôle certains dans les défaites respectives des Perses et des Grecs face aux Arabes.

Tout cela relativise-t-il la portée des exploits accomplis par les Ansars et les Muhadjiruns ? Certainement pas, il suffit de mesurer la disproportion des forces qui existait malgré tout. Dans la seule ville d'Antioche, au nord de la Syrie, on comptait peut-être deux à cinq cent mille habitants, soit bien plus que dans toute l'Arabie centrale. De plus, les Arabes n'avaient pas de tradition guerrière bien établie, au sens où ils ne combattaient que très rarement en grandes formations. Leur structure de commandement était trop lâche et leur discipline trop inconstante, là encore ce furent les mekkois, les médinois (et les Yéménites) qui leur imposèrent le combat en formation serrée. Une telle révolution était à elle seule un tour de force digne d'admiration. De surcroît, il va sans dire que leur équipement était ridiculement faible par rapport à celui de leurs adversaires qui possédaient en grands nombres archeries, armureries, cavaleries, écuries, éclaireurs, systèmes postaux, flotte de guerre, machines de sièges, réseaux de renseignements, etc. Mais plus que tout, il faut rappeler que ce n'est pas dans la conquête que résida le véritable exploit, mais dans la pérennisation ultérieure de la domination qui en était résultée et dans l'établissement d'une culture originale, la culture islamique qui, bien que marquée par ses origines arabiques, n'en eut pas moins très tôt ses caractères propres. Caractères qu'elle dut en grande partie au fait que des syriaques, perses, coptes, caucasiens, turcs et autres berbères l'ont adopté en masse et lui ont donné un nouveau souffle. Quant aux dramatiques évènements de 602-629, qui ont pavé à la voie à cet avènement, il sera loisible aux musulmans d'y voir un extraordinaire signe du destin. A quelques mois d'intervalles en effet, au moment même où le Prophète (sws) pénétrait dans la Ka'aba de La Mekke pour y abattre le polythéisme, le vieux Khosrô était tué par son propre fils dans son palais de Ctésiphon tandis qu'Héraclius était atteint des premiers symptômes de cette terrible maladie qui l'empêchera plus tard de commander en personne ses troupes, comme il avait si bien su le faire jusque-là !
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