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 L'orientalisme : la tradition anglo-saxonne

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Abd95
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MessageSujet: L'orientalisme : la tradition anglo-saxonne   L'orientalisme : la tradition anglo-saxonne EmptyJeu 18 Jan - 13:14

As salam aleykum

Précisions d'importance : cet index biographique est totalement arbitraire, Ne s'y trouvent en effet que les auteurs que j'ai le plus fréquemment rencontré au cours de mes lectures, c'est leur seul point commun. En outre, malgré les efforts déployés pour l'éviter, il est possible que certaines dates soient incorrectes ou que certaines omissions soint dommageables. Il n'est pas évident en effet de s'y retrouver entre les dates des éditions originales, celles des rééditions, celles des traductions, etc. Si vous en trouvez, merci de les signaler.

L'ensemble comprendra à terme six parties :

. La Tradition germanique
. La Tradition anglo-saxonne
. La Tradition francophone
. La Tradition néerlandaise
. Les traditions espagnole, italienne et russe
. Complément : la tradition comptemporaine (post-coloniale)


William Jones

(Londres, 1746 – Calcutta, 1794)
Fils d'un célèbre mathématicien, diplômé d'Oxford (1764) et spécialiste des langues orientales (hébreu, persan, arabe, chinois) il devint traducteur et tenta brièvement de faire une carrière universitaire à laquelle il dut cependant renoncer en raison de ses convictions libérales. Installé comme juge en Inde britannique à partir de 1783, il y fonda la Société Asiatique (1784) dont les publications (Asiatic Researches) contribueront à faire connaître au public européen la richesse de la culture indienne en matière de littérature, mais aussi de sciences, de philosophie, de musique, etc. (influençant ainsi les débuts du Romantisme et en particulier l'oeuvre de Byron et Coleridge). Jones se lança également dans la traduction exhaustive des textes de loi hindous et musulmans. Il est resté célèbre pour avoir été le premier à démontrer la parenté des langues indo-européennes en 1786.

Œuvres : Traité de poésie orientale (1771) ; Dissertation sur la littérature orientale (1772) ; Grammaire de la langue persane (1771) ; La langue sanskrite (1786) ; Deux traités sur la loi mahométane (1790).
Traductions : Histoire de Nader Shah (Tarik i-Nadiri, 1770) ; Sakuntala (1789) ; Institutes of Hindu Law or The Ordinances of Menu (1794).


Edward William Lane

(Hereford, Angleterre, 1801 – Worthing, 1876)
Fils de Pasteur, il devint graveur et fit de fréquents voyages en Egypte entre 1825 et 1849 d'où il tira la source de nombreux ouvrages et traductions qui devinrent de grands succès d'édition. Il a en grande partie fondé la tradition des récits de voyages dans l'Orient arabe, illustrée à sa suite par Richard Burton, Gustave Flaubert, Gérard de Nerval et bien d'autres.
Œuvres majeures : Manners and Customs of the Modern Egyptians (1838) ; An Arabic-English Lexicon (1863-1893).
Traductions : Les Mille et une nuits (1838-1840).


Sir William Muir

(Glasgow, 1819 – Edimbourg, 1905)
Diplômé de l'Université d'Edimbourg, il s'engagea dans le Bengal Civil Service et fut envoyé aux Indes en 1837. Il y resta plus de quarante ans, s'illustra lors de la répression de la révolte des Cipayes et s’éleva jusqu’au poste de gouverneur de province. Il décida à ce titre de la fondation du Collège d'Allahabad. Revenu en Ecosse, il entama une prestigieuse carrière universitaire à l’Université d’Edimbourg dont il prit la direction en 1885. Arabisant, il se consacra en particulier à l’étude des origines de l'islam, sans cacher jamais le peu d'empathie qu'il avait à l'égard de son principal sujet d'étude.

Œuvres majeures : Vie de Mohammed et Histoire de l’Islam à l’ère de l’Hégire (1858-1864) ; Le Coran : sa composition et son enseignement (1878) ; Annales du premier califat (1883) ; Le Califat, son avènement, son déclin et sa chute (1891) ; Les Mamelouks (1896) ; La controverse muhammadienne (1897) ; Les sources de l'islam (1901).


David Samuel Margoliouth

(Londres, 1858 - 1940)
Prêtre de l'Eglise anglicane, il fut professeur d'arabe à l'université au Saint John College d'Oxford entre 1889 et 1937. A ce titre il a formé des générations d'orientalistes britanniques.

Œuvres majeures : Muhammad et l'expansion de l'Islam (1905) ; Les premiers développements du mohammadisme (1914) ; Les relations entre Arabes et Israélites avant l'expansion de l'Islam (1924).
Traductions : Lettres d'Abu'l-'Ala de Ma'arrat al-Nu'man (1898) ; Le dictionnaire des savants de Yakut (1907-1927) ; le Kitab al-ansab d'Al-Sama'ni (1911) ; l'Eclipse du califat abbasside de Miskawayh (1920-1921).


Richard Bell

(1876 – 1952)
Professeur de l'Université d'Edimbourg, spécialiste des études coraniques.

Oeuvres majeures : The Origin of Islam in its Christian Environment (1925) ; The Quran, Translated, with a Critical Re-arrangement of the Surahs (1936) ; Introduction to the Quran (?), A Commentary on the Quran (posth.).


Sir Keppel Archibald Cameron Creswell

(Londres, Angleterre, 1879 – Acton, 1974)
Ingénieur et archéologue de formation, il fut envoyé en Egypte (1916), pays où il demeurera la plus grande partie de sa vie. Nommé inspecteur des monuments historiques en Palestine mandataire (1919), il commença par faire établir un relevé systématique de toutes les œuvres architecturales digne d'intérêt, d'abord en Palestine puis également en Egypte, en Irak, en Jordanie, en Turquie, etc. Ces recherches seront à l'origine de la publication de près de soixante-dix ouvrages majeurs consacrés à l'architecture islamique, thème dont Creswell deviendra rapidement l'un des plus éminents spécialistes. Nommé professeur d'Art et d'archéologie islamique à l'Université du Caire (1934-1951) puis à l'Université américaine du Caire (1956), il participa à la fondation de nombreux musées et institutions spécialisées à travers le Proche-Orient. Il légua son très riche fond de documents à l'Ashmolean Museum d'Oxford et à l'Université américaine du Caire.

Œuvres principales : Early Muslim Architecture (1932-1940) ; The Muslim Architecture of Egypt (1952-1959) ; A Short Account of Early Muslim Architecture (1958) ; The Bibliography of the Architecture, Arts, and Crafts of Islam (1961).


Philipp Khuri Hitti

(Shimlan, Liban, 1886 - 1978)
Diplômé de l'Université américaine de Beyrouth, il enseigna dans cet établissement jusqu'à son départ pour les Etats-Unis en 1913. Doctorant de l'Université de Columbia, il travailla au sein du Département des Langues orientales. En 1924 il retourna au Liban comme professeur d'histoire. De 1926 à 1954 il enseigna à l'Université de Princeton. Aux Etats-Unis, il devint une figure majeure des études orientales et, en 1945, il servit de conseiller aux délégations arabes envoyées à la première conférence de l'ONU à San Francisco. Il servit également auprès du gouvernement américain et comme consultant d'entreprises.

Œuvres principales : An Arab-Syrian Gentlemen in the Period of the Crusades: Memoirs of Usamah ibn-Munqidh (1929) ; The Arabs (1960) ; Islam: A Way of Life (1970).


Hamilton Alexander Rosskeen Gibb

(Alexandrie, Egypte, 1895 - 1971)
Diplômé de l'Université d'Edimbourg et de celle de Londres (où il étudia sous la direction de Thomas Arnold), il se spécialisa en littérature arabe et traduisit les ouvrages d'Ibn Battuta (1929). Professeur à la School of Oriental Studies de Londres (1921), il sera bientôt nommé comme professeur au Saint-John College d'Oxford où il succédera à D. Margoliouth (1937). Il enseignera également à Harvard, aux Etats-Unis, à partir de 1955 et supervisera la fondation de l'Harvard's Center for the Middle Eastern Studies. Ses livres furent tous de grands succès d'éditions et figurèrent pendant longtemps parmi les ouvrages de références de la spécialité. Il s'investit également dans l'achèvement de la Première Encyclopédie de l'Islam et dans le lancement de la Seconde (1954).

Œuvres principales : Muslim conquests of Central Asia (these de doctorat, 1922) ; Arabic Literature (1926) ; The Legacy of Islam (1931) ; Whither Islam? A Survey of Modern Movements in the Muslim World (1932) ; Modern Trends in Islam (1947) ; Mohammedanism, An Historical Survey (1949, re-titré Islam, An Historical Survey en 1980) ; Islamic Society and the West (1950-1957).


William Montgomery Watt

(Ceres, Ecosse, 1909 – Edimbourg, 2006)
Etudiant à Oxford, puis professeur (1946) à l'Université d'Edimbourg, il découvrit l'Islam en 1937 et son intérêt pour cette religion ne le quitta plus. Il fut titulaire de la chaire d'arabe de l'Université d'Edimbourg entre 1964 et 1979. Au cours de sa longue carrière il a écrit ou collaboré à plus de 1400 articles et rédigé près d'une trentaine d'ouvrages. Spécialiste de l'Islam prophétique, ses travaux sur le sujet sont très rapidement devenus des références. Fils d'un ministre presbytérien, très croyant lui-même, il devint pasteur et travailla auprès de l'évêché anglican de Jérusalem (1943-1946). Il oeuvra à la promotion du dialogue œcuménique.

Œuvres majeures : Muhammad at Mecca (1953) ; Muhammad at Medina (1956) ; Muhammad Prophet and Stateman (1961) ; Islam Political Thought (1968) ; Muslim-Christian Encounters: Perceptions and Misperceptions (1991).


Bernard Lewis

(Londres, 1916)
Professeur d'islamologie à Londres (1949-1974), il émigra aux Etats-Unis où il fut nommé à l'Université de Stanford. De citoyenneté israélo-américaine, il conseilla à plusieurs reprises le gouvernement israélien ainsi que diverses administrations américaines. Il a défendu une vision dite essentialiste de l'Islam et une conception du rapport interculturel basée sur l'idée d'un inévitable "Clash de civilisations". Son admiration pour le kémalisme l'a également amené à prendre des positions sur la question arménienne qui lui ont valu une condamnation pour négationnisme de la part d'un tribunal français en 1995.

Œuvres majeures : Les origines de l'ismaélisme (1940) ; Les Arabes dans l'histoire (1950) ; L'émergence de la Turquie moderne (1961) ; Les Assassins (1967) ; Race et couleur en Islam (1969) ; Comment l'islam a découvert l'Europe (1982) ; Juifs en Terre d'Islam (1987) ; Le langage politique de l'Islam (1988) ; Islam et Occident (1993) ; La Crise de l'Islam (2004).


Dernière édition par le Jeu 18 Jan - 22:38, édité 4 fois
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MessageSujet: Re: L'orientalisme : la tradition anglo-saxonne   L'orientalisme : la tradition anglo-saxonne EmptyJeu 18 Jan - 18:13

Bonjour

Arrêtons-nous un instant sur Lane car le portrait est intéressant :

Citation :
Edward William Lane

(Hereford, Angleterre, 1801 – Worthing, 1876)
Fils de Pasteur, il devint graveur et fit de fréquents voyages en Egypte entre 1825 et 1849 d'où il tira la source de nombreux ouvrages et traductions qui devinrent de grands succès d'édition. Il a en grande partie fondé la tradition des récits de voyages dans l'Orient arabe, illustrée à sa suite par Richard Burton, Gustave Flaubert, Gérard de Nerval et bien d'autres.
Œuvres majeures : Manners and Customs of the Modern Egyptians (1838).
Traductions : Les Mille et une nuits (1838-1840).

En, effet, il a rédigé un ouvrage fondamental et plus encore fondamental quand on le compare à ce qui se fait en France à la même période. Il y a bien une connaissance savante de l'Egypte qui se développe, on le voit avec l'engagement d'hommes comme Perron dont on discutait sur un autre post. Mais cette connaissance savante est larvée par une égyptomania qui gagne le public français ainsi que les savants et qui empêchent à une véritable connaissance approfondie des us et coutumes de l'Egypte moderne, celle de Mehmet Ali.
L'oeuvre d'Edward Lane est en quelque sorte précurseur dans la façon dont on va aborder les thèmes ethnographiques au Moyen-Orient et il est bien le premier à s'intéresser à cette dimension du quotidien.
Nous aurions donc tout à gagner à lancer le débat sur la façon dont il a mené son exploration "ethnographique" et sur la réception que cela a eu : une réception guidée par la fascination pour l'Orient mais pas en premier lieu pour le résultat des divergences actuelles, le conservatisme religieux. J'y reviens quand j'ai plus de temps.


Dernière édition par le Sam 3 Fév - 14:41, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: L'orientalisme : la tradition anglo-saxonne   L'orientalisme : la tradition anglo-saxonne EmptyVen 19 Jan - 0:19

Salam

Effectivement, lorsque je le présente comme un précurseur de ce type de récit, il va sans dire que je parle du récit-immersion (immersion dans les coutumes, dans la vie des "musulmans") et non du simple récit de voyage, basé sur un compte rendu extérieur des faits. Auquel cas on pourrait en faire remonter le prototype à ce pélerin anglais du 7e siècle, Arcaulf, qui rédigea De Loci Sanctis à son retour de Jérusalem vers 670 !
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MessageSujet: Re: L'orientalisme : la tradition anglo-saxonne   L'orientalisme : la tradition anglo-saxonne EmptyVen 19 Jan - 0:43

Salam alikoum

Merci pour ce panorama. Je m'arrêterai pour ma part au dernier cité et plus proche de nous Bernard Lewis qui suscite suspicion et antipathie chez les chercheurs et qui est en effet le premier à évoquer clairement le choc des civilisations. On a tellement entendu dans l'opinion publique l'idée saugrenue que Samuel Huntington serait le père de cette théorie qu'il vaut mieux en effet remettre les choses dans l'ordre et souligner cette correction.

Sur Lane, , son oeuvre est en effet fondatrice par rapport à la discipline ethnograohique et je retournerai la question à Nabuchodonosor (tu pouvais pas trouver plus court comme pseudo ?) : pourquoi les Français qui sont dans le passage de l'égyptomania à la connaissance savante tardent tant à proposer le même type d'étude alors même qu'au Maghreb, il existe déjà des explorations plus ou moins ethnographiques des villes ?
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MessageSujet: Re: L'orientalisme : la tradition anglo-saxonne   L'orientalisme : la tradition anglo-saxonne EmptyMer 24 Jan - 12:25

Reynold Alleyne Nicholson

(Keighley, près de York, 1868 – Chester, 1945)

Diplômé de l'université d'Aberdeen, il fut professeur de persan (1902) puis d'arabe (1926) à l'Université de Cambridge et l'un des plus éminents spécialistes de la mystique musulmane. Il correspondit notamment avec le poète indien Muhammad Iqbal dont il traduisit quelques œuvres.

Œuvres principales : Studies in Islamic Mysticism (1921) ; The Idea of Personality in Sufism (1923) ; Rumi, Poet and Mystic (1950).

Traductions : Le Mathnawi de Rumi (8 vols., 1925-1940).
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MessageSujet: Re: L'orientalisme : la tradition anglo-saxonne   L'orientalisme : la tradition anglo-saxonne EmptyMer 24 Jan - 12:40

Sir Thomas Walker Arnold

(Londres, 1864 – idem, 1930)

Diplômé en philosophie de l'Université de Cambridge, il fut nommé professeur à l'Université islamique d'Aligarh (1888), il enseigna également à Lahore à partir de 1898 et compta notamment Muhammad Iqbal parmi ses élèves. Après son retour en Angleterre (1904) il effectua une brillante carrière administrative avant de retrouver un poste d'enseignant à l'Université de Londres comme professeur d'arabe et de philosophie islamique (1921-1930). Grand connaisseur de la culture persane, il fut le premier éditeur de la version anglaise de la Première Encyclopédie de l'Islam.

Œuvres principales : Preaching of Islam; a History of the Propagation of the Muslim Faith (1896) ; The Caliphate (1924) ; Painting in Islam (1929).
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MessageSujet: Re: L'orientalisme : la tradition anglo-saxonne   L'orientalisme : la tradition anglo-saxonne EmptySam 3 Fév - 15:04

Chère Haz,

Citation :
Merci pour ce panorama. Je m'arrêterai pour ma part au dernier cité et plus proche de nous Bernard Lewis qui suscite suspicion et antipathie chez les chercheurs et qui est en effet le premier à évoquer clairement le choc des civilisations. On a tellement entendu dans l'opinion publique l'idée saugrenue que Samuel Huntington serait le père de cette théorie qu'il vaut mieux en effet remettre les choses dans l'ordre et souligner cette correction.

Ajoutons à cela que les travaux de Lewis et de Huntington ont, depuis le 11 Septembre 2001, donné des petits dans le monde de la littérature polémique et je vous cite quelques titres qui sont des best-sellers aux Etats-Unis et qui sont hélas peu prometteurs pour un arrangement des perceptions et des relations entre "musulmans" et "Occidentaux".

- Pat Buchanan, The Death of the West
- Bruce Bawer, While Europe slept (8 éditions)
- Tony Blankley, The West last's chance
- George Weigel, The Cube and the Cathedral

Tous ces titres ont pour sujet l'invasion irrémediable de l'Europe par l'Islam et qui plus est un Islam intolérant, intégriste et opposé aux valeurs judeo-chrétiennes, puis laïques, puis démocratiques de l'Europe.

Citation :
Sur Lane, , son oeuvre est en effet fondatrice par rapport à la discipline ethnograohique et je retournerai la question à Nabuchodonosor (tu pouvais pas trouver plus court comme pseudo ?) : pourquoi les Français qui sont dans le passage de l'égyptomania à la connaissance savante tardent tant à proposer le même type d'étude alors même qu'au Maghreb, il existe déjà des explorations plus ou moins ethnographiques des villes ?

L'ethnographie en France est assez tardive dans la mesure où l'utilisation des récits de voyage, des fiches de tribus et d'autres sources relativement au Maghreb sont restreints à des intérêts politiques en premier lieu. Ceux qui cherchent à connaître les populations locales, ce ne sont pas des savants, ce sont des militaires, parfois aussi des religieux, saint-simoniens, chrétiens... Donc le rapport aux autochtones n'est pas associé à un sentiment fort de curiosité et d'exotisme qui appelle l'ethnologie.

Et puis, considérons que Lane n'est pas un savant, ce n'est pas un docteur, ce n'est pas un professeur et ce n'est pas non plus un religieux. Son intérêt pour l'Egypte, où il se rend pour convalescence et non pour enquête, vient de l'exotisme et de la curiosité que n'ont pas les militaires français dans les années 1830 pour le Maghreb. Donc, son ouvrage, qui a été un best seller sur les us et coutumes des Egyptiens modernes (en opposition aux Egyptiens de l'Antiquité) n'est pas à priori utilisé pour une connaissance ethnologique du pays, il est d'abord lu en tant que présentation d'un pays que les Britanniques ne connaissent absolument pas, c'est un documentaire exotique pour eux. D'ailleurs, Lane est aussi celui qui traduit pour la première fois en Anglais les Mille et Une Nuits, ce qui prouve un peu que son otpique première n'est pas une optique scientifique de décortiquage ethnologique en vue de préparer des théories, c'est un amour qui le lie à l'Egypte.

Cela ne veut pas dire qu'il n'a jamais travaillé en vue de données scientifiques, il produit aussi des lexiques arabe-anglais mais cette démarche est la démarche d'un egyptophile plus qu'elle n'est la démarche d'un scientifique.
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Haz
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MessageSujet: Re: L'orientalisme : la tradition anglo-saxonne   L'orientalisme : la tradition anglo-saxonne EmptySam 3 Fév - 22:06

Salam alikoum

Merci pour cette réponse.

Citation :
Tous ces titres ont pour sujet l'invasion irrémediable de l'Europe par l'Islam et qui plus est un Islam intolérant, intégriste et opposé aux valeurs judeo-chrétiennes, puis laïques, puis démocratiques de l'Europe.

Il est assez amusant quand on jette un coup d'oeil à ce type d'ouvrages de constater que les arguments utilisés sont toujours les mêmes, pas seulement en Amérique d'ailleurs. Le principal argument, c'est la question démographique. Un calcul permet de démontrer que d'ici trois à quatre décennies, le taux de fertilité des Européennes ne garantira pluys le renouvellement générationnel et par conséquent, le nombre d'Européens de souche devrait diminuer considérablement face aux bons taux de fertilités des populations immigrées, principalement musulmanes. C'est donc la démographie qui explique d'abord l'islamisation de l'Europe. Une théorie reprise en coeurs par les partis européens d'extreme-droite, nous en avons un exemple en France avec Philippe De Villiers.

Evidemment, ces théories populationnistes sont totalement surannées quand on sait que les paramètres de conversions, re-conversions, dé-conversion religieuses (l'apostasie en quelque sorte) s'expliquent par d'autres critères liés à la géopolitique, à la circulation de l'information et aux effets pervers de l'instrumentalisation de la peur. A force de dire aux gens (quand on s'appelle Bush ou Rushdie ou Olmert : "Ayez peur ! Ayez peur ! Ayez peur de l'Islam !", on peut obtenir l'effet inverse, c'est-à-dire un regain de confiance vis-à-vis de cette religion par le simple moyen de l'acquisition d'une connaissance. Mais là n'est pas le débat, donc je m'arrête là.

Citation :
L'ethnographie en France est assez tardive dans la mesure où l'utilisation des récits de voyage, des fiches de tribus et d'autres sources relativement au Maghreb sont restreints à des intérêts politiques en premier lieu. Ceux qui cherchent à connaître les populations locales, ce ne sont pas des savants, ce sont des militaires, parfois aussi des religieux, saint-simoniens, chrétiens... Donc le rapport aux autochtones n'est pas associé à un sentiment fort de curiosité et d'exotisme qui appelle l'ethnologie...

Oui, encore que je ne suis pas tout à fait d'accord. La colonisation initiale au Maghreb est certes couverte par des engagements politiques, économiques et militaires, les trois facteurs qui assurent la dénomination de "puissance", mais elles ne sont pas totalement indépendantes d'une volonté d'ignorer sciemment et clairement les populations autochtones et leur histoire.

Pour valider les opérations en cours à partir des années 1830, Les politiques travaillent main dans la main avec les savants pour faire valoir l'inexistence d'une population locale aux yeux de l'opinion publique européenne. Et pour ce faire, on met en place une stratégie de reconstitution historique du Maghreb en créant un lien de filiation direct entre l'Europe du XIXe siècle et l'Empire Romain.

Ce qui se passe entre ces deux périodes n'est pas nié mais fortement dénigré. On présente l'islamisation, l'arabisation du Maghreb après la chute de l'Empire Romain comme un dramatique accident, une période obscure de l'histoire du Maghreb. En ce sens, la traduction d'Ibn Khaldun par Slane arrive à bon escient puisque sa présentation de l'arrivée des Banu Hilal en Ifriqiyya marque un moment désastreux pour les populations locales.

Et l'on se sert de cela pour valider la colonisation, pour marquer de façon historique le retour légitime de l'Europe sur une terre détruite par l'Islam, détruite par l'Orient. Donc, je suis plus dubitative sur le fait qu'il y ait eu une insouciance totale d'une ethnographie du Maghreb, je pense au contraire qu'elle a été sciemment repoussée pour permettre cette filiation directe, cette légitimation d'une reconquête de terres perdues. Qu'en penses-tu ?
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MessageSujet: Re: L'orientalisme : la tradition anglo-saxonne   L'orientalisme : la tradition anglo-saxonne EmptyMer 14 Fév - 15:05

Bonjour Haz

Citation :
Une théorie reprise en coeurs par les partis européens d'extreme-droite, nous en avons un exemple en France avec Philippe De Villiers.

Et pas seulement, le Jerusalem Post n'en est pas à ses premières attaques sur la menace islamiste en Europe. Mais le débat est complexe tout de même, même si ces littératures sont volontairement polémiques et basées sur des stéréotypes de la dichotomie culturelle, il est vrai aussi qu'il existe une menace fondamentaliste pas pour l'Europe uniquement mais pour les mondes musulmans surtout. On ne peut pas dire que le wahhabisme ou le salafisme soient des courants de libre pensée favorisant le dialogue intra et interreligieux. Le tout est d'éviter la stigmatisation de tous les musulmans dans l'emploi du terme fondamentalisme. C'est d'abord eux qu'il faut protéger d'une conversion imposée aux idées les plus radicales de la religion, pas les Européens non musulmans.

Citation :
Pour valider les opérations en cours à partir des années 1830, Les politiques travaillent main dans la main avec les savants pour faire valoir l'inexistence d'une population locale aux yeux de l'opinion publique européenne. Et pour ce faire, on met en place une stratégie de reconstitution historique du Maghreb en créant un lien de filiation direct entre l'Europe du XIXe siècle et l'Empire Romain.

Non, il y a là un anachronisme. Ce que tu décris, c'est une situation qui date du début du XXème siècle, pas des années 1830. Il n'y a pas à proprement parler de connivences, d'imbrication organique et filiale entre le pôle savant et le pôle politique. Il y a par contre une récupération d'une idéologie dominante qui est le déni de l'autre mais ça fait partie d'un mouvement général pas d'une coopération sciemment élaborée.
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MessageSujet: Re: L'orientalisme : la tradition anglo-saxonne   L'orientalisme : la tradition anglo-saxonne EmptyMer 14 Fév - 22:12

Salam alikoum

Citation :








Non, il y a là un anachronisme. Ce que tu décris, c'est une situation qui date du début du XXème siècle, pas des années 1830. Il n'y a pas à proprement parler de connivences, d'imbrication organique et filiale entre le pôle savant et le pôle politique. Il y a par contre une récupération d'une idéologie dominante qui est le déni de l'autre mais ça fait partie d'un mouvement général pas d'une coopération sciemment élaborée.

L'orientalisme : la tradition anglo-saxonne _

Soit ! Disons en effet que les exercices ethnographiques français n'aient bien commencé qu'au début du XXe siècle, je ne te suis absolument pas en revanche sur la suite de ton message, cela me semble même presque aberrant. Bien sûr qu'il y a une imbrication organique entre le pôle savant et le pôle politique. Prends le seul exemple d'Edmond Doutté, à la fois arabisant revalorisant la place de l'indigène musulman et de l'Islam comme civilisation chatoyante et agent de l'administration coloniale qui explique par ses notes de terrain comment coloniser telle zone du Maghreb ! La relation organique est édifiante à ce niveau.

Et je ne te parle pas de la chaire historienne qui, à partir de 1890, lance de véritables prédicats théoriques sur ce dont je te parlais plus haut, à savoir le lien historique continu entre l'Europe contemporaine et l'Antiquité Romaine ! Des prédicats repris en choeur par les parlementaires dans leurs discours pour légitimer les actions militaires en Algérie, au Maroc et en Tunisie !

Comment peux-tu donc soutenir que ce lien organique n'existe pas ?!!!
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MessageSujet: Re: L'orientalisme : la tradition anglo-saxonne   L'orientalisme : la tradition anglo-saxonne EmptyMer 14 Fév - 22:23

Salam

Je me rappelle à cet égard d'une superbe image, une affiche de propagande italienne, montrant des soldats italiens débarquant à Tripoli (1911-1912) ... on voyait derrière eux des légions romaines dont le souvenir les incitait à avancer ...

Au passage, la guerre italo-turque de 1911 est vraiment parlante. C'est une pure guerre d'agression, sans autre justification officielle que celle de s'emparer d'un territoire afin d'en faire un débouché face à la puissance démographique italienne ...

Les combats de 1911-1912 permettront aux Italiens de chasser les Ottomans et de s'emparer des côtes. Après une accalmie due à la guerre contre l'Allemagne, ils reprendront l'offensive en 1918. Arrivé au pouvoir en 1922, Mussolini en fera une affaire d'honneur. Tenus héroïquement par les combattants Bédouins Sénoussis, les derniers bastions ne tomberont pourtant qu'en 1933 ! (c'est à cette époque que se situent les fameux exploits d'Umar al-Mukhtar).

Finalement, dès 1940-1943 les Anglo-français s'empareront de la Libye en en chassant Rommel et ses alliés italiens. En 1951 Londres et Paris garantiront la souverainté libyenne sous l'autorité du chef de la Confrérie Sénoussi, Idris Ier. Celui-ci sera renversé en 1969 par la personne bien connue qui se trouve toujours aujourd'hui à la tête de l'Etat.
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MessageSujet: Re: L'orientalisme : la tradition anglo-saxonne   L'orientalisme : la tradition anglo-saxonne EmptyJeu 15 Fév - 23:54

Bonsoir

Citation :
Comment peux-tu donc soutenir que ce lien organique n'existe pas ?!!!

Aïe, je me suis mal fait comprendre. Ou alors, je n'ai pas été assez dans les détails. Entendons bien que les politiques et les savants ont travaillé dans la même sphère, une sphère qui est géographique mais une sphère qui est aussi idéologique. Et cette idéologie domine les aspirations contextuelles, politiques. Le but, c'est de régencer la région maghrébine, de la soumettre à la supériorité de la France, de son armée, de sa science, de ses savoirs-faire.
Edmond Doutté, tu le dis-toi même Haz, c'est un savant, un arabisant. Que fait-il au Maghreb, en Algérie ? Il rédige des notes et des rapports pour l'Administration française, pour favoriser et faciliter les incursions de la France dans cette région. Mais il ne fait pas que cela. Il rédige aussi des notes plus personnelles où il exprime le désir de voir le "vainqueur" -La France- se laisser influencer par le "vaincu" -L'Algérie- au niveau de la sagesse, de la patience, du savoir-vivre. Il n'est pas dans le déni total d'une identité arabo-musulmane. Il reconnaît à l'Islam la puissance civilisationnelle et il reconnaît que la France est ignorante de ce que l'Islam a réellement à ces populations, ce savoir-vivre.
Donc, Doutté est un agent de l'administration persuadé du bien-fondé de l'ingérence française mais persuadé aussi des qualités des autochtones. Et il n'est pas le seul. Même Monchicourt en Tunisie, même Van Gennep, tous ces hommes qui ont été des savants ont eu un double discours. Ce dédoublement prouve qu'il n'y a pas d'imbrication organique au sens où le colonialisme n'a pas engendré, comme sous le nazisme par exemple, des scientifiques totalement confondus et aveuglés par la machine qui se met en place.
La chaire historienne a été manipulée, c'est vrai, les parlementaires ont développé des discours colonialistes sur la base d'expertises historiennes de la région. Mais il n'y a pas que les historiens dans le pôle savant. Il y a aussi des docteurs, des arabisants, des lettrés et tous ces hommes n'ont pas vendu leur conscience au profit du colonialisme, ils n'ont pas été bluffés par cette chaire historienne qui dénie le droit des autochtones à disposer d'une identité légitime et non barbare. En cela, il n'y a pas d'engendrement naturel entre le politique et le scientifique.
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