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 Aslan Maskhadov (2/3)

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Abd95
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Abd95


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MessageSujet: Aslan Maskhadov (2/3)   Aslan Maskhadov (2/3) EmptyVen 19 Jan - 2:56

(suite de la partie 1)

Au milieu du mois de septembre 1999 le gouvernement russe, qui a fait masser dans la région plus de 150.000 soldats se décide à les engager en Tchétchénie, officiellement pour y combattre le « terrorisme », en fait pour mettre un terme définitif à l’expérience indépendantiste. Le 23 septembre, les premiers bombardements aériens touchent Grozny. Les Russes ont minutieusement préparé leur offensive, ils ne mésestiment plus les capacités militaires de leurs adversaires. Pour les décideurs Russes, la nouvelle guerre doit être la dernière, aussi doit-elle suffisamment totale et radicale pour annihiler définitivement les espérances indépendantistes. Contrairement à ce qui s’était passé en 1994-1996, aucune trêve ne sera négociée, aucun répit ne sera laissé à l’ennemi, aucune porte de sortie le lui sera accordée sinon une reddition inconditionnelle. La presse étrangère, dont les chroniques quotidiennes avaient fait tant de mal à la propagande russe durant le premier conflit se retrouve cette fois totalement exclue du champ des opérations. Pour éviter de connaître à nouveau des pertes importantes comme en 1994, ils choisissent délibérément d’éviter au maximum tout corps à corps avec les détachements tchétchènes mais plutôt de tout détruire devant eux au moyen de barrages d'artillerie et de bombardements intensifs, au terme desquels ils avancent dans les ruines en les « nettoyant » à coup de grenades. Pour ce faire, les conscrits inexpérimentés de 1994 sont remplacés dans la mesure du possible par des soldats aguerris et motivés, pour ne pas dire haineux. Face à ce rouleau compresseur qui détruit littéralement tout ce qu'il trouve devant lui et coûte en quelques semaines la vie à plusieurs milliers de personnes obligeant des dizaines de milliers d’autres à fuir vers les pays voisins, les mujahidin doivent se battre dans des conditions terribles. Dans les premières semaines d’octobre les Russes arrivent à s’emparer des plaines du Nord. Au milieu du mois ils se trouvent dans la banlieue de Grozny où ils sont bloqués par de vigoureuses contre-offensives. Le 9 novembre tombent les premières neiges. Trois jours plus tard la deuxième ville de Tchétchénie, Goudermes, passe sous le contrôle des fédéraux grâce au ralliement inopiné des chefs de guerre locaux. Le 14 novembre, la ville de Bamut est perdue par les mujahidins, Achkoï-Martan tombe quatre jours plus tard. Au début du mois de décembre, tandis que deux-cent milles réfugiés errent sur les routes sous le feu croisé des adversaires, l’encerclement presque total de Grozny marque le début de la troisième bataille de Grozny après celle de l’hiver 1994-1994 et celle du printemps 1996. Une première offensive majeure est déclenchée le 14 décembre. Une seconde le 25 décembre. La troisième et de loin la plus massive débute le 18 janvier. La ville déjà à moitié en ruine est littéralement pulvérisée sous un déluge de feu. Les combattants indépendantistes défendent chacune de leurs positions jusqu’à l’extrême limite de leurs possibilités. Dans les premiers jours de février, ils se décident à abandonner la capitale. Beaucoup seront tués en tentant de percer les lignes ennemies. Ce qu’il subsiste des détachements rebelles se fractionnent et tentent de se réorganiser tandis que les bastions montagneux de la résistance tombent les uns après les autres (Shatoï, l’ultime réduit est perdu le 2 mars) non sans une vive résistance de la part de leurs défenseurs. Malgré leurs efforts pour éviter de subir trop de pertes, les Russes reconnaissent avoir déjà perdu plus d’un millier d’hommes au début du mois de mars.

Dès l'arrivée du printemps, les embuscades et les attaques ciblées reprennent, obligeant les forces d’occupation à maintenir une vigilance constante. La tactique rebelle à partir de cette époque va consister le plus souvent à faire exploser des engins piégés ou des mines télécommandées au passage des véhicules et/ou des troupes ennemies. La possession de lance-missiles sol-air portatifs va également permettre à la résistance d’abattre de nombreux hélicoptères russes (le 28 août 2002 le crash d’un hélicoptère de transport de troupes abattu dans la banlieue de Grozny coûte la vie à plus de cent-vingt soldats russes) et même quelques avions de chasse. Profitant de l’effet de surprise, ces petits détachements comprenant de trois à quinze hommes commandés par des chefs de plus en plus jeunes vont parfois se regrouper en bandes plus nombreuses afin de mener des raids de courte durée contre des objectifs militaires stratégiques. Durant certaines de ces opérations plusieurs centaines de mujahidins seront mobilisés. Par exemple à Goudermes en janvier puis en septembre 2001, à Benoï-Iurt en août 2002, lors de l'assaut contre bâtiment de la radio-télévision de Grozny en septembre 2001, contre la cité d’Avtury en juillet 2004 et surtout à l'occasion de de l'attaque contre Nazran en juin 2004. Des opérations-martyres menées par des cellules spécialiées seront également déclenchées contre des objectifs symboliques à l’exemple de celles qui viseront le siège des OMON d’Argun en juillet 2000 (31 tués), celui de l’administration pro-russe à Grozny en décembre 2002 (83 tués), les services secrets fédéraux de Znamenskoye en mars 2003 (60 tués), l’hôpital militaire de Mozdok en août 2003 (entre 50 et 150 tués) ou des personnalités du régime pro-russe (assassinat du président A. Kadyrov en ami 2004). Signe du désespoir et de l’esprit de vengeance qui animent une partie de la jeunesse tchétchène, certaines opérations visent délibérément la population civile russe. De nombreux attentats frappent également Moscou ou d’autres villes de la Fédération. Les détournements d’avions seront fréquents de même que les prises d’otages géantes qui marquent les esprits mais ternissent l'image de la résistance (130 morts à Moscou en octobre 2002, 340 morts à Beslan enseptembre 2004).

Tandis que Moscou annonce la fin de la guerre dès le mois de février 2000 en prétendant que depuis lors la reconstruction est en marche, alors qu'il n'en est rien, les forces russes sur le terrain reçoivent la consigne de de cibler la population civile dans le but de la couper des combattants. Dès le début de la guerre, la quasi-totalité de la population masculine en âge de combattre (c’est-à-dire ayant au-dessus de douze ans) est arrêtée au fil de la progression des troupes russes et internée dans des camps de filtration ou des milliers d’entre eux meurent sous la torture. En mars 2000, après la fin des combats majeurs, le pays tout entier passe sous administration policière. La loi martiale est décrétée et les innombrables unités spéciales russes (OMON, SPETNAZ, SOBR, ALPHA, FSB, GRU, MVD) mais aussi des mercenaires, des contractuels de toutes espèces ainsi que des supplétifs locaux transforment la région en une sinistre vallée de larmes. Pendant les mois et les années qui vont suivre, des milliers d’hommes cagoulés vont systématiquement rafler, rançonner, voler, torturer, assassiner, au hasard de leurs envies et le tout dans la plus totale impunité. Se considérant comme les soldats du président Poutine et les vengeurs de la Russie, ils vont plonger le pays dans une terreur sans nom, n’épargnant personne, car bientôt les femmes elles aussi seront arrêtées et assassinées. La litanie des crimes commis se lit sur milliers de pages des rapports rédigées par les associations internationales de défense des Droits de l’Homme. Elles n’entraînent pourtant aucune sanction, ni de la part de la hiérarchie militaire russe (qui approuve et encourage des exactions qui lui rapportent), ni de la part de l’Etat russe (qui se frotte les mains de voir ainsi régler le problème tchétchène de manière définitive), ni même de la part de la communauté internationale qui s’en tient à considérer cette guerre comme une simple affaire intérieure russe. Aucune capitale, pas plus Washington, Londres et Paris que Téhéran, Ankara ou Riyad ne souhaite sacrifier ses relations stratégiques avec Moscou sur l'autel de la question tchétchène. Après quelques mois, le conflit sombre dans l'oubli médiatique.

Dans la clandestinité, Maskhadov reprend la tête de la résistance, mais les conditions ne sont plus les mêmes qu’en 1994. Epuisés par des années de guerre, de nombreux tchétchènes se rallient aux Russes avec l’espoir d’en finir. De son côté ,le président V. Poutine s’avère un adversaire beaucoup plus tenace et incommode que ne l’était le vieux président B. Eltsine. Bénéficiant à la différence de son prédécesseur d’une popularité sans faille auprès de ses concitoyens, il sait à merveille faire jouer à son profit la corde du nationalisme et de la xénophobie. Le climat politique international, après le déclenchement de la Seconde Infitada et les attentats du 11 septembre 2001 lui permet en outre de faire accepter à la communauté internationale même les aspects les plus criminels de sa politique militaire dans le Nord-Caucase.

Sur place les Russes, à coup de promesses, de menace ou d’argents, recrutent des hommes, les arment et les parent d’une pseudo-légitimité électorale, la même qu’ils dénient au président Maskhadov accusé de n’être rien d'autre que le chef d’une bande de terroristes étrangers. Les plans de paix semi-officiels se succèdent mais aucun n'aboutit face à la détermination du clan au pouvoir à Moscou d'en finir une fois pour toute avec le séparatisme caucasien.

(suite partie 3)

https://sabyl.forumactif.com/L-Espace-des-Savoirs-c2/Histoire-des-mondes-musulmans-f16/Aslan-Maskhadov-3-3-t569.htm
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http://www.elirshad.com/
 
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