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 Djokhar Doudaïev

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Abd95
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Abd95


Nombre de messages : 477
Date d'inscription : 28/10/2006

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MessageSujet: Djokhar Doudaïev   Djokhar Doudaïev EmptyVen 19 Jan - 3:00

As salam aleykum

Les biographies consacrés aux résistants tchetchènes que j'ai posté récemment sur ce forum sont le fruit d'une longue collecte d'informations effectuée depuis 1999. Je ne crains pas d'affirmer qu'il s'agit surement de la masse d'info la plus détaillée disponible sur le sujet de tout l'Internet (francophone et anglophone).

Afin d'éviter de causer des torts au site Sabyl, je n'ai posté que les bios des résistants les plus "consensuels", à l'exclusion de ceux qui ont revendiqué des attaques délibérées contre les civils par mesure de représailles contre le génocide en cours.

Les sources utilisées sont constituées par des ouvrages en vente libre, on en retrouvera la liste en consultant le site du Comité Tchetchénie.


Djokhar Doudaïev D_dudaev



Shahid Dzokhar (Djawhar) Musaevitch DOUDAEV

Né le 14 avril 1944 Dzohkar Doudaev voit le jour au moment même où se déroule la déportation du peuple tchétchène. Toute se famille, c'est-à-dire ses parents et ses six frères et sœurs (membres du clan des Galaï) sont arrêtés et déportés en plein hiver vers l'Asie centrale et ne regagneront leur pays qu’en 1957. D’abord électromonteur, Dzohkar se marie et choisit de se lancer dans la carrière militaire ("pour se venger un jour" dira t'il plus tard). Il adhère au PCUS (1966) avant d'être envoyé, d’abord à l’école militaire de Tambov puis, après 1971 à la prestigieuse école Y. Gagarine de Moscou qui forme les meilleurs pilotes de l'armée de l'air soviétique. Pilote de bombardier, il se hisse dans la hiérarchie et en 1989, il deviendra le premier et le seul tchétchène à parvenir au grade de général. Les gradés russes se sont en effet toujours méfiés des officiers venus du Caucase et en particulier des Tchétchènes. D’abord en poste en Sibérie à la fin des années 1970, il est envoyé en Afghanistan au début des années 1980 puis à Tartu en Estonie où il commande une division aéroportée de 1987 à 1990. Il y soutiendra discrètement la lutte des indépendantistes locaux contre l’autorité soviétique. Devenu un héros pour les Estoniens mais un traître pour les Russes, il comprend qu’il n’a plus d’avenir dans l’armée.

Après s’être fait démobiliser puis verser dans la réserve en mars 1990, il rentre dans son pays et se lance dans la politique. La Tchétchénie, comme beaucoup d'autres républiques soviétiques, traverse à cette époque une période de ferveur nationaliste intense. La vieille garde brejnévienne est déconsidérée par l’effondrement du régime et les échecs de la Perestroïka, tandis que la rancœur longtemps accumulée par les Tchétchènes contre les Russes resurgit avec fougue. Doudaev est auréolé par le prestige de son uniforme mais dans le même temps il n’a que peu d’attaches locales puisqu'il a fait toute sa carrière en Russie. Pour toutes ces raisons il parvient à fédérer –brièvement- autour de sa personne l'ensemble des composantes de l'opposition anti-communiste : religieux (B. Gantemirov), nationalistes (Z. Yandarbayev), démocrates (Lechi Umkhaev), hommes d'affaires (K.-A. Nukhaev, Y. Mamadoev), écologistes (R. Goïtemorov), etc. Après s'être fait nommé président du Congrès national du peuple tchétchène (OKTchN) en novembre 1990 il fait de ce mouvement, qu'il n'a pas fondé, la matrice de son propre parti politique. Le 21 août 1991, alors que se répand la nouvelle qu'un coup d'Etat vient de renverser Gorbatchev, et tandis que confusion règne au sein de l’équipe gouvernementale en place à Grozny, Doudaev choisit de forcer le destin. Il monte avec ses partisans un Conseil provisoire de Salut public qu'il dote d'une branche militaire. Le 22 août il s'empare des bâtiments de la télévision, le 24 la statue de Lénine est abattue par la foule, le 2 septembre le Conseil provisoire annonce qu'il s'empare de l'exécutif et le 6 septembre le Parlement est investi. Les hommes du secrétaire-général Doku Zavgaïev –qui s'est enfui trois jours plus tôt- sont alors expulsés manu militari tandis le responsable du parti à Grozny Vitali Kutsenko est tué dans la mêlée.

Le 27 octobre Doudaev se fait élire président de la république autonome de Tchétchénie-Ingouchie avec 85% des voix à la faveur d’un scrutin qui ne sera cependant pas reconnu par les Russes. Le 7 novembre 1991, deux milles hommes des forces spéciales russes tentent de renverser le cours des évènements en investissant Grozny. Après deux jours de combats autour de l'aéroport, leurs chefs doivent se résoudre à quitter la zone devant la résistance inattendue que leur offre les milices de Doudaev. Le nouveau président B. Eltsine fait alors proclamer l'état d'urgence dans la République, déclenchant un tollé de protestations parmi la population qui se rassemble massivement dans le centre de Grozny pour affirmer son soutien à Doudaev. Le 11 novembre le décret est annulé par la Douma et les choses se calment, pour un temps. Décidé à couper les ponts avec Moscou, le président Doudaev fait proclamer unilatéralement la souveraineté de l'Etat tchétchène le 27 novembre 1991. Refusant cette fuite en avant, les dirigeants ingouches demandent et obtiennent de pouvoir faire sécession dès le mois suivant. Pendant les trois années qui vont suivre, Doudaev va s’attacher à rendre à sa patrie sa fierté perdue, n'hésitant pas à user d'une rhétorique guerrière. Il fait vider les dépôts de l'armée et en distribue les armes à ses partisans. Grâce à la nationalisation du secteur pétrolier il parvient à se constituer des ressources financières suffisantes pour se passer de la Russie. En mars 1992 il refuse de rejoindre la Communauté des Etats Indépendants mise en place par Eltsine pour se substituer à l'URSS. En avril 1992, il obtient le départ des derniers militaires russes encore stationnés sur le territoire tchétchène. En octobre 1992 il effectue un séjour aux Etats-Unis. En décembre 1993 il organise un référendum qui proclame l’indépendance de la République. Dans la foulée il dote son pays d’un nouveau drapeau, d’une constitution et même d’un nouveau nom, l'Ichkérie (16 mai 1994). Il fait enseigner la langue tchétchène dans les écoles et bannit celui de la langue russe. Lorsque le président géorgien Z. Gamsakhourdia est chassé de son pays par l'opposition pro-russe, c’est en Tchétchénie qu’il s’installe, au grand dam de Moscou. Pendant ce temps le Kremlin prépare sa revanche en soutenant financièrement et bientôt militairement l’opposition anti-Doudaev. Celle-ci prend forme dans le Nord, dans les secteurs les plus russifiés. L’épreuve de force débute vraiment en mai 1993 lorsque le Parlement tchétchène contrôlé par l’opposition vote la déposition de Doudaev qui en retour le dissout et choisit de gouverner par décret (17 avril). C’est alors qu’éclatent les premières fusillades entre les hommes de mains des deux camps. Les choses finissent néanmoins par s'apaiser dans les jours qui suivent mais chacun s’arment plus ou moins ouvertement. Quelques mois plus tard, à l’été 1994, les forces de l’opposition pro-russe déclenchent une insurrection qui s’étend rapidement aux grandes villes du pays avant d’être matée par les soldats emmenés par le nouveau chef d’état-major de Doudaev, Aslan Maskhadov. Le 26 novembre une nouvelle opération spéciale des forces d’assaut russes est déclenchée sur Grozny pour tenter de renverser l’inflexible Doudaev. C’est un échec retentissant, plusieurs dizaines de soldats sont capturés et exhibés devant les caméras.

Alors, le 11 décembre 1994, décidée à mettre fin à ce séparatisme, quarante-mille soldats russes pénètrent dans le pays en trois longues colonnes afin de rétablir la "légalité constitutionnelle". Mais les évènements vont prendre une tournure radicalement différente de celle qu’avaient envisagé les stratèges moscovites. Loin de s’effondrer, les forces armées tchétchènes se divisent en petits groupes très mobiles et infligent des pertes importantes aux envahisseurs. Le président Doudaev, jusqu’alors très contesté au sein de la population pour son aventurisme, refait l’unité autour de sa personne. Le mufti de la République, Akhmad Kadyrov proclame la guerre sainte contre les Russes. De nombreux volontaires venus du monde entier se joignent aux insurgés. Réfugié dans les zones montagneuses du Sud après la chute de Grozny, Doudaev se déplace constamment, rencontre les chefs de villages, planifient les opérations armées et organise une résistance héroïque et à vrai dire totalement inattendue. L’année 1995 se passe ainsi entre combats féroces et trêves tacites négociées sur le terrain. C’est à la faveur d’une de ces trêves que les occupants finissent par localiser Doudaev près du village de Gekhi-Chu, à une trentaine de kilomètres au Sud-ouest de Grozny. Elles décident alors d’en finir et le 21 avril 1996, celui qui avait déjà échappé à cinq tentatives d’assassinat en cinq ans, est finalement tué par un missile russe. Cette action ne fera cependant que renforcer le clan indépendantiste qui parviendra à chasser les troupes d’occupation au cours d'une grande offensive déclenchée l’été suivant.

Le président Doudaev, en vrai Tchétchène, avait l'habitude de terminer ses interventions publiques par un tonitruant "la liberté ou la mort" car disait-il, "mieux vaut mourir avec honneur; selon les lois du jihad qu'être réduit en esclavage". Etranger à la crainte, son courage, son moral infaillible et son charisme (mais aussi sa main mise absolue sur le trésor de guerre de la République) lui donnaient une autorité et un ascendant qu'aucun de ses successeurs n'a plus été en mesure d'égaler depuis.

Sa femme Alevtina, une russe, lui avait donné deux fils et une fille, leur aîné Avlur, a vaillamment combattu dans l'armée de son père pendant le premier conflit et a été blessé à Grozny en janvier 1995.
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