As salam 'aleikom,
Voila un article sur l'utilisation de bouclier humain par l'israel dans ses attaques contre les Palestiniens.
http://www.lemonde.fr/web/article/0,1-0@2-3218,36-884359@51-803567,0.html
Il est environ 5 heures, dimanche 25 février, lorsque des coups sourds retentissent à la porte, réveillant Amid Amira, 15 ans, et les sept membres de sa famille. Naima, la mère, ouvre la porte et se retrouve face-à-face avec des soldats israéliens, dans la casbah de Naplouse, dans le nord de la Cisjordanie. L'opération "Hiver chaud" vient de commencer dans ce qui est considéré par Tsahal comme un "nid de terroristes". Sept hommes, en particulier, sont recherchés. Toute la famille est sommée de quitter les lieux et une fouille systématique commence. N'ayant rien trouvé, les soldats demandent à Amid où se trouve un dénommé Amer. Amid n'en sait rien.
Alors, ils le conduisent dans la maison voisine, appartenant à son oncle. "Ils m'ont dit d'entrer, d'ouvrir toutes les portes et les placards, d'allumer les lumières et, ensuite, ils ont jeté une grenade fumigène et m'ont demandé de les précéder à l'intérieur des pièces. Ils tiraient des coups de feu dans toutes les chambres. Ils m'ont ordonné de rester dans la dernière et, après n'avoir rien trouvé, ils m'ont dit de partir", raconte ce jeune garçon, interviewé par Gidéon Lévy, dans le quotidien israélien Haaretz.
Le journaliste évoque également le cas d'une fillette de 11 ans, Jihan Dadush, qui, elle aussi, a été utilisée comme "bouclier humain" par les forces armées israéliennes à la recherche d'activistes palestiniens, le 28 février. "Ils m'ont demandé où étaient les combattants et les tunnels. Je leur ai dit que je ne le savais pas. Ils ont menacé de m'arrêter : alors j'ai désigné un appartement vide. Lorsque nous y sommes arrivés, ils m'ont demandé d'y pénétrer et ont éclairé les pièces avec un laser placé sur leurs fusils. Ils sont allés dans toutes les chambres et m'ont demandé comment on montait sur le toit. Lorsque tout a été terminé, ils m'ont donné un gâteau et m'ont dit de ne rien dire à mes parents sinon ils me tueraient."
La chaîne 10, chaîne privée de la télévision israélienne, a diffusé, jeudi soir 15 mars, des images tournées par Associated Press. On y voit un homme vêtu d'un short et d'un T-shirt qui marche devant des soldats et se rend dans trois maisons. Cet homme, Sameh Amira, 24 ans, a été interrogé par l'agence américaine AP. Il a raconté qu'il avait été contraint de marcher devant les soldats sous la menace des armes. "Je ne savais pas ce qui allait se passer. Ils tiraient dans les armoires et un peu partout", raconte-t-il. Relâché après plusieurs heures, il a affirmé que c'était apparemment son cousin, un membre des Brigades Al-Aqsa, qui était recherché. En ce qui le concerne, il n'a jamais fait partie d'aucune organisation, bien qu'il ait été emprisonné pendant plus de trois mois.
L'organisation de défense des droits de l'homme dans les territoires occupés, B'tselem, a, dès le 8 mars, demandé qu'une enquête soit ouverte sur ces faits qui "constituent une violation flagrante des lois humanitaires internationales et sont interdits par l'armée".
L'utilisation de "boucliers humains" avait en effet été formellement prohibée par une décision de la Cour suprême israélienne en octobre 2005. Le recours à cette pratique lors de l'offensive du printemps 2002 en Cisjordanie avait soulevé de nombreuses critiques. Au mois d'août, Nidal Daragmeh, un étudiant palestinien de 19 ans, placé en couverture des soldats pour pénétrer dans les maisons suspectes, avait été tué lors d'une fusillade à Tubas, en Cisjordanie. Devant la Cour, l'armée avait essayé de plaider que le recours à des voisins pour procéder aux fouilles permettait de "protéger les civils en facilitant les évacuations" et "augmentait les chances d'arrêter pacifiquement les activistes". Les juges avaient rejeté ces arguments et condamné ces méthodes. B'tselem reconnaît que, depuis cette décision, cette pratique est moins utilisée. Néanmoins, quatre plaintes ont été déposées. Vendredi, le procureur général de l'armée, le brigadier général Avihaï Mandelbit, a ordonné à la police militaire d'enquêter.
Michel Bôle-Richard
Article paru dans l'édition du 18.03.07.