Comment devenir des êtres meilleurs ?

salam alaykoum wa rahmatou Allâhi wa barakatuh,

Je sais pas comment je m'arrange, mais j'ai cette fâcheuse habitude d'écrire de très longs textes que je perds à la dernière minute Enfin, kheyr incha Allah, j'essaie de me rappeler à chaque fois qu'il faut les sélectionner et les copier, pour pouvoir les restituer facilement si jamais ils se perdent, mais des fois j'oublie.
Bref, j'arrête de vous embêter avec ça et je rentre dans le vif du sujet.

La question que tu poses Yasmine172 n'est pas un détournement du thread, puisqu'en quelques sortes, elle peut être un bon exemple pratique.

J'étais tentée de répondre comme Luqman57, en disant qu'il faut se mettre du côté du plus faible, mais ce hadith m'est venu à l'esprit : "Soutiens ton frère qu'il soit opprimé ou oppresseur."

J'ouvre une parenthèse sur le terme "frère" ici, qui ne veut pas dire forcément seulement "ton frère musulman" comme pourraient le comprendre certains. En effet, dans le Coran le terme "frère" peut avoir le sens de "frère en humanité", "frère d'éthnie", "frère de tribu", "frère de religion", "frère de sang", "frère de lait", etc.... Quand le Coran évoque par exemples les peuples de Aad et Thamoud, et les prophètes qui leur furent envoyés : Houd et Saleh, il dit "à Aad leur frère Houd", et "à Thamoud leur frère Saleh", ce qui veut clairement dire que le vocable "frère" n'est pas excuslivement lié à la religion.

"Soutiens ton frère qu'il soit opprimé ou oppresseur" : la première partie est claire, le compagnon qui rapporte ce hadith dit qu'il a répondu au prophète : "qu'il soit opprimé on le comprend, mais comment le soutenir alors qu'il est oppresseur?" le Prophète dit : "tu l'empêches de commettre son injustice, c'est ainsi que tu le soutiens !"

Théoriquement il ne suffit donc pas de soutenir le plus faible (je préfère dire l'opprimé, car on peut être plus faible mais oppresseur quand même, comme on peut être plus fort est opprimé quand même). On apporte son soutien à l'opprimé en lui présentant le réconfort dont il a besoin et on prenant sa défense. On apporte un soutien à l'oppresseur en lui faisant entendre raison et en lui ouvrant les yeux sur l'injustice qu'il commet ou qu'il va commettre. Ce qui rejoint cet adage : "celui qui se tait devant un droit bafoué est un diable muet." Car le mutisme dans une situation d'injustice est un acquiescement, donc une complicité avec l'oppresseur.

Mais, encore faut-il que l'on soit capable de faire entendre sa voix. Car il ne sert à rien de venir grossir le rang des opprimés en s'exposant inutilement et bêtement aux foudres d'un tyran. Le musulman est un être intelligent qui sait mesurer ce que la situation lui dicte comme précaution. Il ne s'agit pas de lacheté, mais il ne faut pas être téméraire non plus. Le courage est un juste milieu entre ces deux extrêmes...

Concrètement, cela peut paraître beaucoup plus compliqué. Exemple : au travail, le patron s'acharne sur un collègue sans raison. Il est peut être pas très adéquat de le lui faire remarquer désagréablement devant tout le monde. Il est peut être mille fois plus judicieux de trouver un moment ou une occasion, où il sera plus calme et de lui dire tout le bien que tu penses de ce collègue mal aimé, en lui disant que peut-être que s'il se sentait mieux apprécié il se donnerait à fond, ou qu'il ne fait pas exprès de gaffer, mais il a besoin de vacances car trop fatigué...etc. Au même temps, aller voir le collègue et lui dire que le patron ne le déteste pas mais c'est juste la pression du boulot qui lui fait perdre ses nerfs. L'une des rares occasions où le Prophète a permis de mentir c'est de réconcilier entre les gens, alors ne pas hésiter à utiliser cette dérogation en ayant cette si belle intention.

Une chose très importante aussi dans la gestion des conflits, c'est de pouvoir dire à chacune des parties qu'elle a un peu raison et beaucoup tort. En effet, rares sont les situations de vie quotidienne ou l'oppresseur est clairement fautif à 100% et l'opprimé clairement innocent à 100%, il y a souvent des pourcentages très mitigés. Je pense qu'il faut être capable de faire toucher du doigt à chaque partie le point de vue qui pourrait être celui de l'autre partie en essayant de lui dire de se mettre à la place de l'autre. Le fameux hadith "cherche pour ton frère [encore ce mot] soixante-dix excuses" veut tout simplement dire : cherche à te mettre à sa place...

Même à l'opprimé 100%, tu peux toujours dire : "peut-être que tu te défends mal et que tu ne sais pas gagner le respect de ton oppresseur: marque-lui des points en étant bien meilleur que l'idée qu'il se fait de toi."

Je pense en particulier aux situations de discrimination dont certains de nos compatriotes, ou autres, sont victimes. Je ne nie pas les souffrances et les injustices qui naissent de ces situations. Mais peut-être que justement il faut briser ce cercle vicieux de victimisation et de misérabilisme et donner le meilleur de soi-même pour se hisser et s'en sortir.

Quand je vois comment le Prophète et ses compagnons se sont comportés avec ceux qui les ont tant opprimés, je me dis qu'on est très loin du compte. Ils ne se complaisaient jamais dans leur situation "d'opprimés", mais ils se sont astreints à un comportement irréprochable même avec leurs pires adversaires. La courtoisie par exemple, avec laquelle le Prophète discutait avec ses différents contradicteurs polythéistes est bien connue, même si ceux-ci le traitèrent des pires des insultes.

Soutenir l'opprimé et l'oppresseur veut tout simplement dire adorer son Seigneur le Juste, dont un des plus beaux noms est "Al 'Adl" : le Juste, ou la Justice elle-même ! Ne pas pencher pour x ou y pour des raisons de filiation, de parenté, d'intérêt pécunier, ou autre, mais chercher la Face de Dieu à travers sa prise de position impregnée de bienfaisance et de recherche du bonheur pour tout le monde.

Car si l'opprimé est malheureux, l'oppresseur l'est beaucoup plus. Puisque l'opprimé a quand-même cet ultime recours qu'est "l'invocation qui n'a pas de voile entre elle et Dieu", l'oppresseur ne peut que trembler de peur d'encourir ce type de représailles. L'oppresseur est malheureux par ce qu'il est aveuglé par son sentiment de toute-puissance qu'il exerce sur l'opprimé, il se croit invulnérable au moment où il exerce cette injustice mais il oublie que le monde tourne "un jour pour toi et un jour contre toi", et gare à lui le jour où ce sera contre lui... C'est pour cela qu'il a besoin de notre soutien, pour lui ouvrir les yeux sur les dangers de ce qu'il fait, d'abord à l'encontre de lui-même avant que ça ne soit à l'encontre de l'opprimé...

Je m'arrête là, bon vendredi à toutes et à tous, et à très bientôt incha Allah,

salam
Baraka allahou fikoum pour vos réponses éclairantes, les conflits j'en ai déjà vu que ça soit en associations ou boulot ou autres ..
les conflits font partie de la vie et on est amené à les gérer d’une façon ou d’une autre
Affronter quelqu'un et lui dire ce qu'on a sur le cœur est gérable, ça peut aboutir à un consensus , mais faire à face à une personne renfermée non communicative qui magouille derrière le dos (derrière un PC par exemple ou en contactant tes connaissances pour médire, raconter des mensonges ) ..cela peut être ..délicat ..
mais le pire « ennemi » de l'humain c'est celui qui essaie de semer la haine dans son cœur, la haine est destructrice .. une personne comme cela est sans intérêt et la meilleure chose c’est de courir loin d'elle et de l’éviter.
mais comme le dit un proverbe arabe celui qui creuse un trou pour piéger l’autre, il finit par tomber la dedans
..et c'est bien des fois de prendre le temps de réfléchir à ce qu'on est, à ce qu'on veut , ne pas se faire entourer par n'importe qui ..
Les retraites ( spirituelles ou autres) sont importantes ..et ce n'est pas un hasard lorsqu'on en parle dans la sira du prophète et dans les chroniques de rezza Issack
belle journée

Salâm `aleykoum,

Envie de faire revivre ce thread, a partir d'un passage de l'historienne des religions Karen Armstrong qui declare:

http://www.unaoc.org/aoc.php?page=18
(cliquez sur son avatar dans la barre en bas)

Citation :

Look into your own heart. Discover what it is that have given you pain, and then refuse under any circumstances to inflict that pain on anybody else. And I think that's what religion should do, that's what I found from my studies of religion, that's what they're all saying at base. And I found that that has helped me.

ce qui se traduit par:

Citation :

Regardez dans votre coeur. Decouvrez ce qui vous a donne de la peine, et alors refusez a tout prix d'infliger cette peine a n'importe qui d'autre. Et je pense que c'est ce que les religions devraient faire, c'est ce que j'ai trouve a partir de mes etudes des religions, c'est ce qu'elles disent toutes a la base. Et j'ai decouvert que cela m'a aide.

D'un point de vue plus personnel, j'ai pu souvent voir comment le mal venant de l'exterieur pouvait "attaquer" notre coeur et parfois generer des energies negatives qui pourraient nous pousser nous-meme a faire du mal (comme si le mal se propageait). Et dans ces moments, l'Islâm et ses valeurs profondes m'ont enormement aide a remettre en perspective tout cela et a effacer mon coeur des tentations malsaines (toute vengeance n'est pas justifiee, je parle de paroles prononcees la et non pas d'actes violents!). Je crois que c'est un exercise difficile mais necessaire pour devenir meilleur: eprouver le mal et y resister par un comportement meilleur.

Ca peut parfois sembler naif, mais cela ne l'est pas: repondre a une phrase enervee, violente ou impolie par une reponse calme et posee tout en sachant que la personne en face a ses faiblesses (mais cela n'empeche pas d'y voir clair quand meme, trop de reponses de ce genre ne sont pas des coincidences!). Je me suis apercu par exemple qu'une partie du comportement d'une collegue ne s'expliquait pas par de la mechancete mais par un profond manque de tact et de bonnes manieres (meme si c'est culturel et cela varie enormement, il y a des choses qui sont clairement "off limit").

Etre meilleur, c'est etre meilleur que soi quand le "soi" tend vers le "bas". Je pense que la religion a une part absolument essentielle en cela qu'elle parle du "bas", du bien et du mal, alors que nos societes tentent plutot de nous reunir autour de ce qui est "acceptable". Etre egoiste sans faire de mal c'est acceptable, mais ce n'est pas bien, et on le voit bien au niveau global avec les injustices sociales, les castes, etc.

Wa salâm.

Salam
Why_not a parlé du management, je veux juste ajouter, et cela why_not l’a rappelé à juste titre, que le mangement n’a pas pour vocation de rendre meilleur, il donne juste des méthodes et outils, entre autres, pour pouvoir gérer ou travailler dans une équipe au sein d’une entreprise , gérer les risques, conflits, comment bien communiquer ..
Dans la vie courante, on peut s’éloigner d’une personne lorsqu’elle est nuisible mais dans l’entreprise, on est obligés de faire face à ces personnes (le cout d’un licenciement est élevé et puis on ne choisit ni ses collègues ni l’ équipe avec qui on va travailler, des fois il faut faire avec)
Personnellement, le truc qui était dur à gérer lors d’un « conflit », c’était les regrets, mes propres regrets : j’ai amèrement regretté de ne pas être vigilente face à une personne qui a utilisé certains moyens contre moi …après fallait faire face à des mensonges …la faute était de sur-estimer la personne, parce qu’elle se disait musulmane et parce qu’elle avait la capacité de se passer pour une noble personne lorsqu’il s’agit de parler des malheurs du monde .. J’aurai du rester sur mes gardes parce que j’ai découvert qu’il y a derrière beaucoup de mensonges, manipulations, médiocrité.
Je n’ai pas répondu par le bien: je n’en étais pas capable, j’ai juste assuré mes arrières en menaçant que je taperai fort (quitte à porter plainte) si on continue à me nuire et puis voila ..
J’ai toujours pris toutes les expériences de la vie avec du recul, c’etait la première fois que j’étais rongée par de tels regrets, mais c’est la vie (j’ai mis du temps à l’admettre à vrai dire, a admettre que j’ai fait une erreur de jugement et que fallait être vigilent ) ..mais quand on fait du mal ça retourne contre soi..et j’ai très confiance par rapport à cela

salam,
L’exemple que tu as cité est intéressant ..
Par contre, parmi les gens il y en a ceux qui sont mauvais et qui ont un mauvais caractère, aucune grandeur d’ame, aucun comportement bien ne peut leur imposer les nobles qualités ..il ne sied pas au musulman de faire face à ce genre de personnes, provoquer l’impulsivité de ces personnes c’est corrompre son âme : leur donner l’occasion de cracher leu venin et la meilleure solution c’est de s’éloigner et ne pas perdre son temps par la même occasion, ..
Je peux te dire et par expérience qu'il y a très peu de personnes qui se remettent à allah et à l’islam dans certains situations de conflit et les exemples ne manquent pas, quand il y a de vrais enjeux d’intérêts seuls le soi, l’égo priment

trend a écrit:

Salâm `aleykoum,

D'un point de vue plus personnel, j'ai pu souvent voir comment le mal venant de l'exterieur pouvait "attaquer" notre coeur et parfois generer des energies negatives qui pourraient nous pousser nous-meme a faire du mal (comme si le mal se propageait). Et dans ces moments, l'Islâm et ses valeurs profondes m'ont enormement aide a remettre en perspective tout cela et a effacer mon coeur des tentations malsaines (toute vengeance n'est pas justifiee, je parle de paroles prononcees la et non pas d'actes violents!). Je crois que c'est un exercise difficile mais necessaire pour devenir meilleur: eprouver le mal et y resister par un comportement meilleur.

Ca peut parfois sembler naif, mais cela ne l'est pas: repondre a une phrase enervee, violente ou impolie par une reponse calme et posee tout en sachant que la personne en face a ses faiblesses (mais cela n'empeche pas d'y voir clair quand meme, trop de reponses de ce genre ne sont pas des coincidences!). Je me suis apercu par exemple qu'une partie du comportement d'une collegue ne s'expliquait pas par de la mechancete mais par un profond manque de tact et de bonnes manieres (meme si c'est culturel et cela varie enormement, il y a des choses qui sont clairement "off limit").

Etre meilleur, c'est etre meilleur que soi quand le "soi" tend vers le "bas". Je pense que la religion a une part absolument essentielle en cela qu'elle parle du "bas", du bien et du mal, alors que nos societes tentent plutot de nous reunir autour de ce qui est "acceptable". Etre egoiste sans faire de mal c'est acceptable, mais ce n'est pas bien, et on le voit bien au niveau global avec les injustices sociales, les castes, etc.

Wa salâm.

salam
l'humilité est très importante, savoir parler, savoir écouter ..pas trop le temps de développer mais, je vous mets ce texte extrait du site maison-islam à guise de rappel en ce jumu'a

Des qualités personnelles à développer

La purification de l'âme qu'enseigne l'islam n'est pas, nous l'avons dit, une tentative de changer la nature humaine et de supprimer tout désir et tout sentiment. Purifier son âme, en islam, veut dire simplement la débarrasser de tout attachement excessif au matériel, attachement qui, parce qu'excessif, nuit à la spiritualité. Et puis, purifier son âme, en islam, ne signifie pas faire seulement l'équilibre entre le corporel et le spirituel, mais établir un lien d'attachement véritable avec Dieu.

Ce travail de purification et de construction intérieures reviennent donc en clair à développer en soi des qualités. Celles-ci ont été nommées "khuluq" (pluriel : "akhlâq") par le Prophète (sur lui la paix).

Il est courant de voir ce terme "khuluq" traduit par "manières", dans le sens de "relations humaines". Cette traduction est vraie, mais néanmoins incomplète. Selon al-Ghazâlî en effet, le "khuluq" revêt le sens beaucoup plus large de "trait profond de l'âme, trait en fonction duquel l'homme produit ses actes facilement" (al-Ihyâ, 3/86). C'est bien dans ce sens que Aïcha disait de son époux le Prophète Muhammad (sur lui la paix) que "son caractère (khuluq) était le Coran" (rapporté par Muslim) : cela signifie qu'il avait intériorisé les dires et les normes coraniques.
Et al-Ghazâlî de souligner qu'avoir acquis un trait de caractère, ce n'est pas le simple fait de savoir quelque chose : combien de ceux qui savent les vertus attachées à la générosité restent pourtant avares. Il ne s'agit pas non plus de la capacité à faire quelque chose. Il ne s'agit pas non plus du fait de faire parfois quelque chose : car il arrive que celui qui a l'avarice comme trait profond de son âme fasse parfois - une fois n'est pas coutume - un acte de générosité ; si cet acte est louable et s'il sera récompensé pour, cet homme n'en garde pas moins l'avarice comme trait de caractère. Les traits de caractère, explique al-Ghazâlî, sont en fait les qualités, ou au contraire les défauts, ces dispositions intérieures qui commandent les actions que l'homme fait : "khuluq hassan", qualité ; "khuluq sayyi'", défaut (voir Al-Ihyâ, 3/86-87). Purifier son âme, c'est justement la débarrasser au maximum de ses défauts et l'embellir de ces qualités.


Les qualités : des acquis permanents :

Dans le même sens que ce qu'a écrit al-Ghazâlî et que nous venons de citer ci-dessus, Shâh Waliyyullâh écrit en substance : "Lorsque l'homme a la foi (al-îmân) (une foi complète au point d'influer sur ses facultés morales et psychiques) et s'efforce d'adorer Dieu et de se soumettre à lui (al-'ubûdiyya), et qu'il agit ainsi longuement, chaque partie de son âme absorbe sa part d'adoration de Dieu, et des dispositions naissent alors en elle. Si ces dispositions sont profondes et permanentes (malakah, ce sont des qualités" (Hujjatullâh il-bâligha, 2/242). "Sache que le cœur, animé par la lumière de la foi, doit agir face aux pulsions naturellement présentes chez l'homme (afin de créer un équilibre). Ce genre d'action du cœur porte un nom spécifique, selon le type de pulsion auquel elle est liée, et le Prophète (sur lui la paix) a cité le nom de chacune de ces actions du cœur. C'est lorsque le cœur arrive à une maîtrise (malaka) dans son action face à la pulsion naturelle, que naît la qualité. Ainsi :
# la maîtrise de la pulsion de la colère s'appelle la magnanimité (al-hilm) ;
# la maîtrise de la pulsion sexuelle s'appelle la chasteté (al-'iffa) ;
# la maîtrise de l'envie de se plaindre de ses malheurs s'appelle patience (as-sabr 'alal musîbah) ;
# la maîtrise de sa paresse dans la pratique s'appelle persévérance (as-sabr 'alat-tâ'ah).
Etc. (Cf. Hujjatullâh il bâligha, 2/273-274).

Certaines qualités dont parlent les sources de l'islam paraissent liées uniquement aux hommes, et donc à la société. D'autres sont en rapport avec Dieu et avec la place qu'on lui donne dans son cœur.
Cette double dimension, horizontale et verticale, est au regard de l'islam complémentaire : le lien avec Dieu permet d'équilibrer l'attachement que l'on a pour toute autre chose, et c'est cet équilibre qui est au fondement de toute qualité.

Nous citons ci-après quelques-unes des qualités que le Coran et la Sunnah demandent à chaque musulmane et à chaque musulman d'acquérir : l'amour de Dieu (hubbullâh), la crainte révérentielle de Dieu (khashyat ullâh), être heureux de ce que l'on possède (al-qanâ'a), s'en remettre à Dieu (at-tawakkul), la patience et la persévérance (as-sabr), la générosité (al-jûd), l'humilité (at-tawâdhu'), la pudeur (al-hayâ'), etc.


Comment acquérir des qualités ?

Si quelqu'un peut difficilement changer les fondements mêmes de sa personnalité, il peut en revanche agir sur ses "dispositions intérieures". An-Nawawî relate ainsi, au sujet de savoir si les qualités humaines sont des dispositions qui sont innées ou qui peuvent être acquises, ce que al-Qâdhî 'Iyâdh a écrit : "La vérité est que si certaines d'entre elles sont effectivement naturellement présentes chez certains, d'autres peuvent être acquises en s'efforçant de pratiquer ce qu'elles demandent" (Sharh Muslim, 15/79). Pratiquer ce qu'une qualité demande, c'est s'efforcer de faire ce que la personne possédant cette qualité fait : l'homme peut, par exemple, changer son mauvais caractère à l'égard des gens en s'efforçant quotidiennement de sourire, de s'intéresser aux autres, etc. Il peut également chercher à développer en lui l'amour pour Dieu en s'efforçant quotidiennement de penser à Lui, à tout ce qu'Il lui a donné, à Son infinie Bonté et Miséricorde, etc.
Nous citions plus haut l'écrit de al-Ghazâlî disant que faire parfois - une fois n'est pas coutume - un acte de générosité était louable mais que cet acte pouvait cohabiter avec l'avarice comme trait de caractère. Certes, mais al-Ghazâlî rejoint tout à fait 'Iyâdh et an-Nawawî puisqu'il a aussi écrit que, pour se débarrasser de l'avarice et acquérir la générosité, c'est souvent que l'avare doit pratiquer les actes ('amal) que demande la générosité, c'est-à-dire dépenser de ses biens dans le bien. Car c'est en s'efforçant de pratiquer souvent ce qu'elles demandent qu'on peut acquérir des qualités (voir Al-Ihyâ, 3/94-98). Shâh Waliyyullâh a écrit la même chose (voir Hujjat ullâh il-bâligha, 1/281-282).


Invocation (du'â) enseignée par le Prophète Muhammad (sur lui la paix) :

Le Prophète Muhammad (sur lui la paix) a enseigné aux musulmans cette prière (du'â) à faire à Dieu : "Ô Dieu, tu as embelli mon apparence (khalq). Embellis aussi mon intérieur (khuluq)" (rapporté par Ahmad ; je n'ai pas pu vérifier si ce Hadîth est authentique ou pas).

Wallâhu A'lam (Dieu sait mieux).

salam alaykoum wa rahmatou Allahi wa barakatuh,

Merci pour ceux qui contribuent à ce fil, baraka Allah fikoum. Un peu trop occupée en ce moment pour pouvoir l'enrichir davantage...

Quelques remarques cependant...

La citation de l'historienne des religions, Karen Armstrong, (que je ne connaissais pas) est fabuleuse, dans ce sens que je la rapproche à cette sagesse émanant du Prophète Mohammad : "Tel que tu fais aux autres on te le fera" (traduction très approximative de "kama tadinou toudan").

En réalité, ce hadith explique simplement que le monde fonctionne grâce à nos relations aux autres, et si on ne veut pas souffrir avec les autres, on n'a qu'à ne pas faire souffrir les autres. Si on ne veut pas être dérangé par les autres, on n'a qu'à ne pas les déranger... etc. Cette logique de réciprocité est la même que le Prophète a utilisé pour décourager le jeune homme qui est venu le voir lui demandant de lui faire une dérogation pour qu'il puisse forniquer en toute impunité, lui avouant ses penchants ardents pour la luxure... Le Prophète lui a appris à se mettre à la place des autres: "aimerais-tu qu'on le fasse à ta soeur?"... "à ta mère?" ... "à ta tante"... "comme tu n'aimerais pas qu'on le fasse aux femmes de ta famille, les gens n'aimeraient pas que tu le fasses avec les femmes de leur famille."

Mais au delà de cette simple réciprocité basique, l'islam prône de faire le bien à celui qui nous fait du mal, car en effet le feu n'éteint pas le feu, mais l'eau éteint le feu. Le mal n'engendre que le mal et le cycle infernal se propagera davantage.

Quelqu'un a parlé de vengeance. La vengeance naît d'un sentiment de colère, et bien souvent sous le coup de la colère on dit n'importe quoi, on se jure d'être impitoyable le jour où son "ennemi" tombe entre nos mains... mais est-ce bien raisonable tout cela ? Même si le parjure est un délit très grave en islam, il est permis à la personne ayant jurer de faire quelque chose de mauvais, de parjurer, si le fait de respecter sa parole est pire que d'y revenir...

Mieux encore, l'islam appelle au pardon, à la miséricorde entre êtres humains, le Coran est truffé de référence à l'importance du pardon, car sans pardon point de salut. Le pardon fait énormément de bien autour des deux parties : d'abord pour la personne ayant subi une injustice, puis pour celle l'ayant commise.

Merci aussi pour ce rappel sur les "akhlaq", en effet le Prophète a dit à propos des gens : "les gens sont comme des métaux, les meilleurs d'entre eux à l'époquen anté-islamique sont les meilleurs d'entre eux après l'avènement de l'islam, à condition qu'ils comprennent son message."

Or un métal à l'état brut est mélangé à beaucoup de chose. La pépite d'or est parfois enfouie dans des tonnes de poussière et de terre... D'où la nécessité d'une certaine "compréhension" pour pouvoir aspirer à une purification qui la fera briller de mille étoiles...

A bientôt incha Allah

Salâm `aleykoum,

Un verset du Coran qui correspond bien a l'esprit de ce thread (et que je voulais mettre dans ma signature, mais pas assez de place!):

Al-An'am - 6.160. Quiconque viendra avec le bien aura dix fois autant; et quiconque viendra avec le mal ne sera rétribué que par son équivalent. Et on ne leur fera aucune injustice.

Cela illustre bien la profonde positivite de l'Islâm, qui invite a faire toujours plus de bien (avec Son agrement) alors que le mal compte pour ce qu'il est fait (je me rappelle d'un autre principe qui dit que si l'on se retient de faire quelquechose de mal, on obtient une bonne recompense, mais je ne trouve plus de references sur ceci). A partir du moment ou l'on realise la richesse que l'on accumule en faisant le bien, on se retrouve entraine dans une spirale de l'amelioration constante.

Quand a la pepite dont tu parles why_not, si elle existe, elle est profondement ancree dans notre coeur. Je ne cesse d'apprecier le point de vue que cet "organe" (c'est une allegorie bien sur, on sait que l'organe coeur ne correspond pas a cette image) est une source de purete et donc de foi pour nous. Il peut etre sali par nos mauvais actes ainsi que les actions que les autres exercent sur nous (volontairement ou pas).

Quand je vois le mal, j'ai pitie de ces gens qui rabaissent leurs coeurs au niveau du mal, qui y cachent des mauvaises intentions et des mensonges. On ne peut pas ressortir inchange d'un tel comportement, bien qu'il soit bien evidemment toujours possible de purifier son coeur et revenir a un meilleur etat.

J'ai souvent lu et entendu les gens (surtout dans nos societes occidentales) dire que justement le mal renforce notre coeur, suivant l'adage que "tout ce qui ne me tue pas me renforce". Mais je crois que cette approche est limitee en terme de ce que l'on peut acquerir, car resister au mal ecorche notre patience aussi. J'ai ete fascine par la rencontre avec ces musulman(e)s qui sont bon(ne)s et qui continue a chaque seconde de leur vie d'essayer de l'etre encore plus, par dela meme ce qu'on leur fait. Ils etaient rayonnant(e)s, de facon spirituelle, et je dois avouer que c'est "contagieux"!

Wa salâm.

Merci pour ton post Trend il est vraiment bien, je partage tout ce que tu as dit
salam

Salam alaykoum,

Encore merci pour votre passage Yasmine172 et Trend, et excusez mon silence... un petit coup de barre au milieu de toutes ces semaines à ponts du mois de mai ! Que c'est fatiguant de se reposer ! Maintenant il va falloir retravailler pour se reposer du repos et se remetttre en forme...et sérieusement... pour rattrapper tous les retards... C'est du charabia mais je me comprends...

Ne m'oubliez pas dans vos prières et invocations, j'ai besoin d'une bonne dose pour me ressaisir un peu...

A très bientôt incha Allah

Salâm `aleykoum,

25 petites minutes in english pour enrichir ce thread avec une discussion du Shaykh Hamza Yusuf (un converti a l'Islâm qui est extremement interessant, a la foi solide par sa formation islamique dans des pays musulmans et concret par son investissement de tous les jours aux USA a travers l'institut Zaytouna) sur l'irreflexion generalisee qui sevit aux USA et comment nous devons justement etre meilleur:

http://www.zikrcast.com/podcast/VidStream/ZVCast_Ep5Strm.mov

(toi why_not tu dois d'abord rattraper ton retard, regardes ca une fois le travail fini!)

Wa salâm.

Salam
qu’allah t’aide et apaise ton cœur chère why_not
il faut pas te torturer l’esprit et te culpabiliser parce que tu as pris du repos, il y a un hadith dont je n’ai pas la traduction qui dit que notre corps a « des droits » [faut que je le cherche, je le connais en arabe] c’est qu’il faut se reposer [inna libadanika alaika hakka] ..ça favorise la concentration, le repos est bien pour garder la pêche, une bonne humeur
grâce a ces moments de repos, tu vas pouvoir travailler plus après et donner le meilleur de toi
ne culpabilise pas par rapport à cela qu’allah t’aide oukhti et tiens nous au courant

Salam alaykoum,

Il me vient à l'esprit une idée, mais je ne sais pas si je pourrai la concrétiser : essayer d'enrichir ce post quotidiennement ou presque par un verset, un hadith, une parole sage...

Aujourd'hui ce sera le hadith du prophète qui dit : "sourire à ton frère est une aumône."

On ne dissertera jamais assez sur les vertus du sourire, à la fois pour celui qui le donne et celui qui le reçoit. Un sourire peut illuminer une journée, effacer une larme, rassurer d'une angoisse, ...etc.
Le Prophète était toujours très souriant avec tout le monde.

Les histoires où certains compagnons perdaient un peu de leur sang froid au vu d'un comportement ou d'une attitude inadéquats envers le prophète ou envers l'ensemble de la société, nous montrent que bien souvent le Prophète réagissait calmement posément avec le sourire les incitant à garder leur sérénité et ne pas en vouloir à la personne fautive.

Pouvoir sourire dans l'adversité c'est faire preuve de sérénité et de force. Que dis-je, le sourire donne parfois cette force justement de rester serein quoi qu'il en soit.

Parfois, on peut être face à une personne qui souffre et qui a besoin de partager sa douleur. "Sourire à ton frère est une aumône", puisqu'il se peut que cela soit largement suffisant pour lui remonter le moral.

Un verset de sourate Al Baqara (Chapitre 2) dit justement à propos de l'aumône : "une bonne parole et le pardon valent mieux qu'une aumône suivie de nuisance". En effet, si l'on aide une personne financièrement et que l'on parte le crier sur tous les tois, lui aurait-on vraiment rendu service ? Une bonne parole, un sourire franc et sincère, en somme, un soutien moral vaut mieux qu'un soutien financier qu'on gâcherait avec de la médisance.

En psychologie, certaines écoles se demandent s'il y a vraiment un rapport de cause à effet entre les sentiments et les "symptômes" de ces sentimens ou du moins leur apparence physique. Ainsi certains psychologues se posaient la question de savoir : sommes-nous de bonne humeur parce que nous sourions, ou sourions-nous parce que nous sommes de bonne humeur ?

Quoiqu'il en soit, sourire est un remède efficace contre l'ennui, la tristesse, l'énervement, l'angoisse, l'animosité des autres, et bien plus. J'ai experimenté cela à plusieurs reprises : une personne qui te regarde méchament dans la rue parce que ta tête ne lui revient pas si tu lui souris dans 80% des cas elle te rendra le sourire...

Je terminerai par ce proverbe de chez nous : "souris à la vie, elle te sourira."

Was-salâm

As-salam 'alaykoum

Aujourd'hui je suis inspirée par cette sagesse venue des "Pensées" de Blaise Pascal et qui dit "Deux excès : exclure la raison, n'admettre que la raison."

En réalité, ce sont deux céssités qui se conjuguent parfaitement bien dans notre monde actuel. Les fanatiques obscurantistes de tout bord qui exclut la raison et ne croit qu'à leur seule façon de voir les choses, teintée d'une certitude de détenir la vérité absolue, et d'en mériter une posture de supériorité sur l'ensemble des êtres humains qui ne partagent pas cette façon tronquée de voir les choses.

Ces fanatiques ne sont pas seulement du côté que l'on croit. Il existe des adeptes du rationalisme pur et dur qui finissent par ériger la raison en une nouvelle déité à laquelle ils sacrifient sur l'autel du scepticisme chronique, tout retrait et toute distance suffisante avec des sujets qui dépassent l'entendement de la raison, finissant par abandonner l'humilité que la raison doit s'imposer en reconnaissant ses propres limites, et se fanatisant à leur tour en excluant toute autre compréhension ne rentrant pas dans cette grille de lecture rationalisante.

L'être humain n'est pas qu'un cerveau pensant. Il est aussi et surtout un coeur vibrant, une âme palpitante, un esprit errant à la quête de son origine, de sa destinée. Le tout enveloppé dans une carapace fragile qu'il quittera à la fin de sa vie pour rejoindre le monde d'où il vient justement. La raison, telle une lampe, peut éclairer son chemin, mais elle n'est pas la boussole qui lui indique la direction.

Salam alaykoum

salam why_not,

Merci pour tous tes efforts, tu écris avec le coeur ( ça se ressent)
je me permets de poster ici un extrait du livre "l'éthique du musulman" de Mohammed ElGhazali, à guise de rappel (pous nous tous et pour moi aussi)

Jumu'a Tayeba ( Bon JUmu'a)

Un Coeur sans haine

Rien n'est plus reposant pour l'individu, plus dissipant pour ses soucis et plus agréable que d'avoir un cœur saint et exempt des affres du ressentiment et du bouillonnement des haines et des inimitiés: lorsqu'il voit qu'un homme reçoit un bienfait, il l'accepte et ressent la faveur divine et l'indigence des serviteurs, puis il se remémore cette Parole sublime de l'Envoyé de Dieu:

"Ô mon Dieu ! Le bienfait qui m'est accordé en ce jour ou à l'une de tes créatures provient uniquement de Toi, l'Unique qui n'a pas d'associé. Aussi, A Toi la louange et le remerciement" [ Rapporté par Abû Dâwud ]

lorsqu'il voit un être humain qui souffre d'un mal, il compatit et demande à Dieu de soulager sa souffrance; il se rappelle cette imploration de l'Envoyé de Dieu adressé à son Seigneur:

"Si tu pardonnes ô mon Dieu, pardonne généreusement à chacun de tes serviteurs ce qu'il a commis".

Ainsi, le fidèle musulman peut vivre avec un fond intérieur limpide, satisfait de Dieu et de la vie, l'âme apaisée et à l'abri des attaques de la haine aveugle. Car la corruption du cœur par les ressentiments est un mal difficile à juguler.

La Foi se retire rapidement du cœur atteint, tel un liquide coulant d'un récipient percé.

Voilà pourquoi l'Islam regarde le coeur avec beaucoup de gravité. En effet, le coeur noirci pervertit les bonnes actions et assombrit leur fraîcheur et leur éclat. Quant au cœur rayonnant, Dieu le bénit, même quand ses oeuvres sont peu nombreuses, et lui accorde beaucoup de bien.

'Abdallâh Ibn 'Amrrapporte ceci:

"On a dit : Ô Envoyé de Dieu ! Quel est le meilleur des hommes ? Il a répondu: Tout homme au coeur makhmûm, à la langue véridique. On lui a dit: L'homme à la langue véridique, d'accord nous le connaissons, mais que signifie au coeur makhmûm ? Il a dit : C'est le coeur pur et pieux où il n'y a ni péché, ni injustice, ni ressentiment, ni jalousie" [ Rapporté par Ibn Mâjjah ].

De ce fait, c'est la communauté islamique authentique qui est réellement fondée sur les liens de l'amour partagé, de l'affection répandue, de l'entraide mutuelle, de la courtoisie fine où il n'y a aucune place pour l'individualisme dominateur et ravageur. C'est celle que nous décrit le Coran:

{ A ceux qui sont venus après eux en disant : Notre Seigneur ! Pardonne-nous ainsi qu'à nos frères qui nous ont précédés dans la Foi. Ne mets pas dans nos coeurs de rancune envers les croyants. Notre Seigneur ! Tu es, en vérité, Bon et Miséricordieux } [ Sourate 59 : verset 10 ].

La querelle, en se développant, en s'enracinant et en multipliant les ramifications de ses épines, détruit la fraîcheur de la Foi, tue la bonté et l'amour de la paix qu'elle inspire. Et il n'y a plus alors aucun bien dans l'observation des rites prescrits, qui n'apportent plus aucune protection à l'âme. Souvent, la querelle s'empare des esprits de son auteur et le pousse à commettre des écarts avilissants pour la grandeur d'âme et des péchés graves qui font encourir la malédiction.

Souvent l'oeil courroucé pointe une zone sombre. Aveugle aux vertus, amplifiant les vices, l'âme cède, sous l'emprise de la haine et du ressentiment, au voyeurisme et à la confection des mensonges.

Ce sont autant d'attitudes abhorrées par l'Islam qui met en garde contre ces abominations et fait de leur éradication les meilleures oeuvres pour se rapprocher de Dieu.

En effet, L'Envoyé de Dieua dit:

"Voulez-vous que je vous indique ce qui est meilleur que le jeûne, la prière et l'aumône ? Les gens présents lui ont dit: Certes, oui ! Il a dit: C'est d'endiguer l'inimitié et l'animosité, car laisser se propager l'inimitié constitue la haliqa (celle qui rase), je ne dis pas celle qui rase seulement les cheveux, mais celle qui rase la Foi" [ Rapporté par At-Tirmidhî ].

Le démon ne parvient peut-être pas à faire de l'homme sensé et raisonnable un adorateur d'idole, mais il peut, lui qui est trop attaché à la séduction de l'homme et à sa perte, parvenir à l'éloigner de son Seigneurau point qu'il ignore ses devoirs encore plus que l'idolâtre délirant. Pour mener à bien cette machination, le démon s'emploie avec ruse à allumer les feux de l'animosité dans les coeurs. Une fois ce feu allumé, le démon se réjouit du spectacle de ces flammes qui brûlent le présent et l'avenir des hommes et qui engloutissent leurs liens et leurs vertus.

L'Envoyé de Dieua dit:

" Satan a perdu définitivement l'espoir d'être adoré par les orants dans la presqu'île arabique, mais il ne désespère pas de semer la discorde entre eux" [Rapporté par Muslim ].

Ceci parce que quand Satan s'empare des coeurs, provoquant leur animosité et brisant leur protection, les hommes régressent vers un état de dureté et d'entêtement dans lequel ils rompent ce qu'Allah a ordonné qu'il soit communiqué et propagent la corruption sur terre.

Aussi, l'Islam a été très vigilant face à l'apparition des symptômes de la cruauté en les traquant et en les soignant avant qu'ils s'aggravent et se transforment en une animosité déclarée. En effet, il est notoire que les humains ont des tempéraments et des aptitudes à la compréhension qui diffèrent d'une personne à l'autre, et que leurs rencontres dans les domaines de la vie peuvent provoquer des gènes et des déviations quand ce n'est pas des heurts et des distanciations. C'est pourquoi l'Islam a prescrit un certain nombre de principes qui protègent les musulmans des affres de la division et de la discorde et qui amarrent leurs coeurs aux attaches de la fidélité et de l'affection. Il a ainsi interdit de rompre avec les gens ainsi que de tourner le dos les uns aux autres de quelque façon que ce soit. Certes il t'arrive de recevoir une méchanceté, de t'en attrister, et d'en suffoquer au point de résoudre à rompre avec son auteur. Mais Dieu n'aime pas que le lien entre un musulman et son frère connaisse un tel sort.

Le Prophète a dit:

"Ne rompez pas vos liens, ne tournez pas le dos les uns aux autres, ne vous haïssez pas mutuellement, ne soyez pas jaloux, les uns des autres; soyez des serviteurs de Dieu et des frères. Il n est pas permis à un musulman de rompre avec son frère plus de trois jours" [ Rapporté par Al-Bukhârî ].

Dans une autre version:

"Le croyant n'a pas le droit de rompre avec son frère plus de trois jours. Il doit après: les trois jours le rencontrer et le calmer. Si son frère lui rend le salut, ils bénéficieront tous les deux de la rétribution (de la réconciliation). S'il ne rend pas le salut, il encourt tout seul le péché, et celui qui a pris l'initiative de saluer se déliera de la rupture" [ Rapporté par Abû Dâwud ].

Ce délai de trois jours est une durée suffisante pour calmer la véhémence et la colère. Ensuite, le musulman est tenu de se réconcilier avec ses frères et de reprendre son rapport habituel, avec eux. Comme si la rupture n'est qu'un petit orage vite dispersé par le souffle de la réconciliation qui rend à l'horizon sa clarté de toujours. Dans tout conflit naissant, l'homme est soit l'auteur d'une injustice, soit la victime d'une injustice. S'il agresse autrui et porte atteinte à son droit, il doit cesser son forfait et y remédier en sachant qu'il n'extirpera le ressentiment du coeur de son adversaire que s'il lui apporte la sérénité et la satisfaction. Voilà pourquoi l'Islam ordonne dans ce cas de se réconcilier avec son adversaire et d'apaiser son coeur.

L'Envoyé de Dieua dit:

"Celui qui doit une injustice envers son frère, portant sur un bien de ce monde ou sur toute autre chose, est tenu de la réparer aujourd'hui, avant qu'il n'y ait ni Dinâr ni Dirham (dans la Vie future). Car on prendra de ses bonnes actions, s'il y a suffisamment de quoi réparer son injustice. S'il n' y en a pas, il assumera une partie des péchés de sa victime" [ Rapporté par Al-Bukhârî ].

Tel est le conseil de l'Islam pour celui qui doit un droit. Quand à celui qui a un droit à réclamer, il lui recommande la bonté et le pardon et l'invite à effacer les fautes d'hier en acceptant les excuses, lorsque son frère viendra les lui présenter en lui demandant son pardon. Car refuser des excuses présentées est une grande faute. En effet, il est dit dans le hadith :

"Celui qui n'accepte pas les excuses présentées par son frère aura à sa charge un péché semblable à celui du percepteur d'une dîme illégale" [ Rapporté par Ibn Mâjjah ].

Dans une autre version:

"Celui qui reçoit des excuses et ne les accepte pas n'accédera pas au Bassin" [ Rapporté par At-Tabarânî ].

Par ces conseils clairvoyants aux deux parties, l'Islam combat les haines, étouffe leur virus dans son foyer d'origine, et propulse la société des croyants vers un niveau sublime où règnent les amitiés partagées et les rapports d'équité.

Du reste, l'Islam considère comme signe de médiocrité et de bassesse de la nature le fait que le ressentiment soit enraciné dans les profondeurs de l'âme, où il gronde dans ses entrailles comme dans un volcan en ébullition.

En effet, beaucoup de ceux qui entretiennent le ressentiment dans leurs coeurs, recherchent un exécutoire dans ceux qu'ils croisent et ne se reposent que lorsqu'ils pestent et tempêtent, sévissent et commettent l'irréparable.

Ibn Abbâsrapporte que L'Envoyé de Dieua dit:

"Voulez-vous que je vous indique quels sont les pires d'entre vous ? Les gens présents ont dit: Oui, certes, si tu veux, ô Envoyé de Dieu ! Il a dit: Les pires d'entre vous sont ceux qui s'installent en solitaires, flagellent leurs serviteurs et s'interdisent le secours. Voulez-vous que je vous indique qui sont pires ? Les gens présents ont dit: Oui, certes, si tu veux, ô Envoyé de Dieu ! Il a dit: Ceux qui détestent les gens et qui sont détestés. Puis il a dit: Voulez-vous que je vous indique qui sont pires encore ? Les gens présents ont dit: Oui certes, si tu veux ô Envoyé de Dieu ! Il a dit: Ceux qui n'acceptent ni trébuchement ni excuse et qui ne pardonnent pas un péché. Puis il a dit: Voulez-vous que je vous indique qui sont pires encore ? Les gens présents ont dit: Oui, certes, ô Envoyé de Dieu ! Il a dit: Ceux dont on n'attend aucun bien et dont on n'est pas rassuré de leur mal" [Rapporté par At-Tabarânî ].

Ces différents types d'hommes recensés dans ce hadîth sont des exemples d'états de haine lorsque celle-ci s'aggrave et se déchaîne. C'est si vrai que les hommes d'autrefois, même dans leur jahiliyya (période antéislamique), sentaient que la haine est propre aux gens les plus vils et que ceux dotés de grandeur d'âme s'en écartent scrupuleusement. Ainsi le poète Antara disait:

La haine ne peut être portée par celui qui s'élève dans les dignités. Et les grandes renommées ne sont pas accessibles au coléreux.

Il y a des vices contre lesquels l'Islam a mis en garde, et il convient de connaître leur source principale. En effet, tous ces vices se ramènent, malgré la diversité de leurs formes, à un mal unique: la haine. Il en est ainsi de la calomnie des innocents.

C'est un crime vers lequel pousse la haine. Comme la calomnie a pour effet grave d'altérer les réalités et de blesser les personnes vertueuses, l'Islam la considère comme le pire des mensonges.

Aïcharapporte que l'Envoyé de Dieua dit à ses Compagnons:

"Savez-vous quelle est auprès de Dieu la pire forme d'usure (al-riba) ? Ils ont dit: Dieu et Son Envoyé le savent mieux ! Il a dit: La pire forme d'usure pour Dieu c'est la violation de la réputation d'un individu musulman, puis l'Envoyé de Dieu récita ce verset : { Ceux qui offensent injustement les croyants et les croyantes se chargent d'une infamie et d'un péché notoire } [ Sourate 33 : verset 58 ] [ Rapporté par Abû Ya'la ].

Nul doute que sonder les défauts des gens et chercher à les en attribuer sciemment est signe de perversion et de bassesse. C'est pourquoi l'Islam a institué des punitions immédiates pour certains crimes de la calomnie. Mais, ce qui est réservé dans la Vie future comme châtiment aux différentes formes de calomnie, est plus terrible encore
L'Envoyé de Dieua dit:

"Celui qui évoque chez une personne un défaut qu'elle n'a pas, uniquement pour la dénigrer, Dieu le gardera dans le feu de l'Enfer jusqu'à ce que s'épuise ce qu'il a dit sur cette personne" [ Rapporté par At-Tabarânî ].

Dans une autre version:

"Pour tout homme qui répand sur un musulman un mot dont il est innocent, uniquement pour le discréditer dans la vie d'ici-bas, Dieu se doit au Jour de la Résurrection de le fondre dans le feu jusqu'à ce que s'épuise ce qu'il a dit sur ce musulman".

Comme ce qu'il a dit est une diffamation, comment peut-il prouver le contraire devant Dieu et comment peut-il se débarrasser de ses conséquences?

La bonne santé du coeur impose au croyant de souhaiter au moins le bien pour les gens, s'il est incapable de le leur apporter de sa main.

Quant à celui qui invente un mal pour l'imputer aux gens et leur attribuer par pur mensonge, c'est un impudent calomnieux. Allah a dit:

{ Ceux qui aiment que la turpitude se répande parmi les croyants subiront un châtiment douloureux en ce monde et dans la Vie future. Dieu sait, et vous, vous ne savez pas } [ Sourate 24 : verset 19].

Parmi les faveurs que Allah accorde à Ses serviteurs, c'est qu'Il aime que l'on dissimule les défauts des créatures, même lorsqu'ils sont attestés.

En effet, il n'est pas permis à un musulman de diffamer son frère, même en mentionnant des défauts qu'il possède effectivement. Car l'homme au coeur sain compatit devant la douleur des gens et leur souhaite d'en être bien préservé. Quant à la manie de se réjouir en rapportant les scandales d'autrui, de dévoiler les secrets protégés et de mettre les autres à nu, ceci n’est pas le comportement d un vrai musulman. Voilà pourquoi l'Islam interdit la médisance, car c'est un exécutoire pour une haine renfermée et pour un coeur dépourvu de miséricorde et de bonté.

La suite est ici : (je n'ai pas pu mettre tout le texte à cause de sa longueur) http://www.sajidine.com/rappels/ethique/coeur_sans_haine.htm

Wa `aleykoum salâm,

why_not a écrit:

La raison, telle une lampe, peut éclairer son chemin, mais elle n'est pas la boussole qui lui indique la direction.

Tres juste et tres beau!

Wa salâm.

As-salam alaykoum,

Merci beaucoup Yasmine pour ces passages extraits du livre de Cheikh Mohamed Al Ghazali, que Dieu lui fasse miséricorde et qu'Il soit satisfait de lui.

Cheikh Al Ghazali, Mohammed (et beaucoup plus tard Abu Hamid aussi) a vraiment marqué ma jeune enfance. Il avait une chronique hebdomadaire à la télévision algérienne, cela s'appelait "hadith al ithnayn" (causerie du lundi) et c'était un rendez-vous familial où tout le monde écoutait le vieux sage et les conseils qu'il prodiguait avec beaucoup d'humilitié et d'humour, et néanmoins beaucoup d'esprit critique et de fines analyses.

Il émanait de lui une telle lumière (nour) quand il parlait, que même ses contradicteurs les plus acharnés se trouvaient comme des agneaux devant sa douceur et sa finesse. J'ai lu et relu nombre de ses livres, déjà adolescente et hamdoulilah cela m'a beacoup aidée à comprendre non seulement ma religion, mais aussi le monde qui m'entoure dans sa globalité. J'aimais sa façon d'appeler à l'intelligence et à s'éloigner des superstitions et des compréhensions tronquées et imprégnées de traditions lointaines n'ayant trait à l'islam que dans les esprits confus de ceux qui les perpetuent. Que Dieu lui fasse miséricorde et le récompense pour le bien qu'il a fait à l'humanité de la meilleure récompense.

Il avait des positions pouvant paraître parfois peu orthodoxes, notamment sur les femmes (il était du bord des libérateurs, et il prenait peu en compte les traditions restrictives des droits des femmes, se basant sur le coran et la sounna et l'intelligence des situations et des défis actuels), sur les djinns, sur certains hadiths, etc.. Bref, si le prophète avait dit qu'à chaque cent ans Dieu envoie à la communauté musulmane celui ou ceux par lesquels la religion sera vivifiée, je ne doute pas un seul instant que Al Ghazali a fait partie de ceux-ci pour le vingtième siècle.

Malgré ses positions tranchées contre les dérives de certains savants d'Arabie Saoudite, et ses critiques répétées sur leur façon de comprendre les textes, malgré les critiques acerbes qu'il récolta lui-même de leur part à cause de ses positions... Dieu a voulu qu'il meurt à Médine et qu'il soit enterré au cimetière d'Al Baqii, où se trouvent les tombes des compagnons les plus éminents. Sa tombe se dresse là parmi les grands de cette oumma, modestement intercallée entre la tombe de l'imam Mâlek et celle d'Ibrahim le fils du prophète (et de Maria la Copte) décédé à un bas âge. Soubhana Allah.

Merci Trend pour ton passage aussi.

A très bientôt incha Allah
Wassalam

Salam why_not
Son livre est vraiment excellent, je le lis et je le relis, il se base sur le coran et la sunna, tout le temps il y a des références à des évènements vécus par notre prophète .. il met l’accent sur le comportement car il reflète nos pensées et nos moralités.
Nous sommes dans un monde difficile ou on exerce sur lindividu des pressions, je ne sais pas si je suis en train de me « pervertir » mais si je tourne vers la comm ou technique de négociations c’est qu’au boulot des fois on a affaire à des requins, il faut gérer des rapports de force et je suis en train de chercher des méthodes pour que je garde mon sang froid et face à certains , qui ne connaissent que le langage de l'argent, les délais etc au détriment d'autres choses, et leur taper sur le système si c'est possible avec sang froid pour les remettre à leur place ..je caricature mais des fois c'est important de décoder le comportement des gens.

heureusement qu’il y a la religion pour nous réveiller. la vie nous emporte avec ses préoccupations .. Bref !

Vous avez de la chance en algérie, nous sur la télé marocaine on avait une émission qui s’appelait roukn almoufti le coin des fatwas, et avec tous mes respects aux savants invités par l’émission qui répondait aux interrogations des gens, c’était un peu nul : on parlait souvent de l’héritage et comment le calculer ..on dirait que les marocains passent leur temps à hériter des et puis on s’est tourné vers d’autres chaînes, ma mère regardait Dr chahhata sur la chaîne égyptienne, c’est quelqu’un d’assez « libéral » et très tolérant ..du coup toutes les femmes l’écoutaient, le jour de sa mort ma mère était trop triste ..moi j’écoute Dr Qaradawi depuis quelques années sur aljazeera, pas tout le temps mais dès que je peux, cet homme est un puit de savoir.

A bientôt
salam!