Yusuf al-Karadawi

Yusuf al-Karadawi

(Saft al-Turab, 1345 [1926])

Issu d'une famille paysanne très pieuse, il est élevé par son oncle suite au décès prématuré de son père. Il mémorise le Kur'an à l'âge de dix ans et poursuit des études religieuses à Tanta, puis à l'Université d'al-Azhar du Caire, d'où il est sort diplômé en 1953. Il obtient ensuite un poste d'enseignant dans la prestigieuse insitution tout en poursuivant ses études doctorales (1960). Mais son affiliation au mouvement des Frères musulmans lui vaut de multiples intimidations et, en 1962, il finit par obtenir son détachement au Katar, dans un établissement d'enseignement secondaire. Ayant acquit dans ce pays une plus grande liberté de parole il décide de s'y installer à demeure.

En 1977, Yusuf al-Karadawi fonde la "Faculté de Droit musulman de Doha" et le "Sira and Sunna Research Center". Dès lors il enchaîne les conférences à travers les mondes musulmans et non-musulmans dans le but d'exposer et de défendre les principes de l'islam authentique. Il anime également la création de plusieurs associations islamiques de bienfaisance et préside à la mise en place du "Conseil Européen de la Fatwa". En parallèle il intervient régulièrement dans les médias, que cela soit dans la presse, sur les ondes radiophoniques ou à la télévision, d'abord sur la chaîne nationale du Katar puis dans son émission al-Shariah wal-hayat ("La shariah et la Vie") diffusée par la chaîne satellitaire arabophone al-Jazeera. Il a également été l'un des premiers savants à comprendre l'intérêt d'internet dans le domaine de la Da'wa (cf. islamonline.net). Toutes ces initiatives, et bien d'autres, ont contribué à faire de lui l'une des figures les plus connues et les plus populaires du monde musulman. Il a ainsi été gratifié de très nombreux prix et récompenses académiques.

Ses larges attributions et responsabilités institutionnelles et universitaires ne l'ont pas toutefois par détourné de l'écriture. En quarante ans, il aura publié en tout plus d'une centaine d'ouvrages (courts opuscules ou grands traités) ainsi que des milliers d'articles. Toujours rédigés dans un style clair et marqués par un esprit constant de modération, ils forment une bonne synthèse du réformisme islamique contemporain. Il a abordé de très nombreux thèmes ; économie, droit, histoire, éthique, politique, science du Kur'an, science du hadith, pédagogie, etc. Parmi ses œuvres principales citons : Fiqh Az-Zakâh ("Jurisprudence de l’Aumône légale" 1969, qui reste son magnus opus), al-Khasa'is al-`Ama li al-Islam ("Les caractéristiques générales de l'islam", 1977), Al-Halâl wal-Harâm fil-Islâm ("Le licite et l’illicite en Islam"), Fikh Al-Aqaliyyât ("La jurisprudence des minorités"). Il a également composé des poésies (Nahafat wa lafahat).

Rappelons toutefois que le shaykh a focalisé sur lui de très nombreuses critiques, trop modéré pour les uns, il jugé paradoxalement trop conservateur pour les autres.