Salam
Personnellement, j'ai toujours été agacé par ces commentaires qui voudraient voir dans la religion musulmane la seule qui puisse être instrumentalisée politiquement. Bien évidemment, en raison de certaines de ses particularités, l'instrumentalisation de l'Islam est à la fois plus courante, plus voyante et parfois plus destructrice que celles d'autres traditions religieuses.
Toutefois, l'étude des faits nous apprend qu'aucune tradition religieuse n'échappe à cet écueil ...
En Inde, l'hindouisme est entré de longue date dans le jeux politique, et pas toujours pour défendre des valeurs de compassion, bien au contraire.
En Israël, le défis posé par les ultra-orthodoxe sera le grand défi de l'avenir pour l'Etat hébreux, car leurs espérances (et leurs exigences) sont grandes ...
Au Japon durant la Seconde guerre, le boudhisme Zen a été instrumentalisé, notamment par l'armée, comme un outil de mise au pas de la société. Aujourd'hui encore au Sri Lanka, les plus farouches militants du nationalisme singhalais sont les moines. Idem au Myanmar.
En Pologne, le catholicisme militant est une composante essentielle de la vie politique, notamment à l'extrême droite. On pourrait dire la même chose de l'Eglise orthodoxe dans les Balkans.
... etc.
A ce propos d'ailleurs, cet article fait le point sur la querelle actuellement en cours en Thaïlande, où le projet de nouvelle constitution échauffe certains esprits qui voudraient voir reconnu le boudhisme comme religion officielle (http://english.aljazeera.net/NR/exeres/F915F658-0C20-4030-A4D4-266EFA32A146.htm)
Par instrumentalisation, je n'entend pas le fait, pour des gens ayant des convictions, de s'engager dans la politique au nom de leurs convictions. Mais le fait, par une puissance publique, de se servir officiellement de la religion (ou plus exactement, d'une interprétation de la religion) comme d'une arme politique.