Abu Hamid al-Ghazali (m. 1111)

Abu Hamid Muhammad Al-Ghazali


(Tus, 450 [1058] – idem, 505 [1111])

Orphelin de père, il fut élevé avec son frère Ahmad par leur oncle, un pieux soufi. Elève d'al-Djuwayni à Naysabur (persan, Nishapur) entre 1080 et 1085, il rejoignit ensuite la cour du grand-vizir saldjukide Nizam al-Mulk qui le nomma en 1091 professeur à la madrasa nizamiyya de Baghdad. Après une crise mystique qui l'éloigna de l'enseignement (1095), il se retira pour se consacrer à l'écriture. Il visita la Syrie, la Palestine et les cités saintes du Hidjaz avant de revenir dans sa région natale. Il enseigna encore quelques temps à la Nizamiyya de Naysabur avant se retirer dans un khankah (couvent) qu'il avait fondé près de Tus avec quelques disciples afin d'y mener une vie de piété.

Abu Hamid reste l'un des plus grands savants de l'histoire islamique, son savoir s'est exercé dans tous les domaines et il nous reste de lui près de soixante dix ouvrages, dont il conviendrait de citer : des commentaires kur'aniques (Djawahir al-Kur'an "Joyaux du Kur'an" ; Mishkat al-anwar consacré à la sourate al-Nur), plusieurs traités de théologie dogmatique, parfois à connotation politique (al-Ikhtisad fi l-i'tikad "la voie moyenne en religion") ou polémique (Ildjam al-awwam an 'ilm al-kalam "avertissement sur le danger des sciences théologiques" ; Faysal al-tafrika bayn al-islam wa l-zandaka), un traité sur les noms divins (al-Maksad al-asma), une œuvre de réfutation de l'ismaélisme (Mustazhiri), un traité de philosophie morale (Munkidh min al-adhal "La délivrance de l'erreur" où il décrit son cheminement spirituel), un traité d'eschatologie (al-Durra al-fakhira "la Perle précieuse"), des traités de droit shafi'ite (al-Mustasfa ; al-Wasit ; al-Basit ; al-Djahiz ; al-Mankhul), des ouvrages d'initiation et d'exposé du soufisme (Minhadj al-abidin ; al-Kimiya al-sa'ada "Alchimie du bonheur" écrit en persan), un traité de morale (Ayyuha' l-walad "Holà ! l'Enfant"), un traité d'éthique (Mizan al-'aman "Le critère de l'action"), un ouvrage d'exposé de la pensée grecque (Makassid al-falasifa) et un autre de critique de cette même pensée (al-Tafahut al-falasifa "le Collapse de la Philosophie"), des traités de logique (Mi'yar al-'ilm "le critère du savoir" ; Mihakk al-nazar)

... et enfin et surtout une énorme somme sur la morale et la mystique musulmane (Ihya 'ulum al-dîn "Rénovation des sciences de la religion" en quatre parties et quarante chapitres). Il a lui-même résumé cette dernière œuvre dans le Kitab al-arba'in fi usul al-dîn.

Son principal mérite consiste à avoir su réconcilier le soufisme et l'orthodoxie tout en séparant la foi de la raison pure. Ses opinions sont rapidement devenues les références de l'orthodoxie islamique dans bien des domaines.

Les Occidentaux l'ont traduit très tôt sous le nom d'Algazel, même s'ils ne l'ont en général guère compris. Les savants juifs médiévaux (en particulier Moïse Maïmonide) ont également puisé dans son œuvre une partie de leurs réflexions.