Ibn al-Furat (m. 828)

Asad ibn al-Furat

Harran ou Tunis ? 145 [759] – Syracuse, 213 [828]

Juriste malékite. Elève de l'imam Malik à Médine, puis des juristes hanafites de Kufa.

Asad ibn al-Furat est connu pour être l'auteur d'al-Asadiyya, un ouvrage qui eut une grande influence dans l'histoire du fikh puisqu'il inaugura l'ère des masa'il (ou jurisprudences, c'est-à-dire les réponses toutes prêtes aux questions auxquelles devaient faire face les juristes).

Nommé kadi à Kairouan, il entra en conflit avec l'émir aghlabide dont il critiquait le style de vie dispendieux. Pour l'éloigner celui-ci crut souhaitable de le nommer à la tête d'une armée d'invasion destinée à conquérir la Sicile. Asad ibn al-Furat mourut pendant le siège de Syracuse au début de cette campagne, qui fut finalement victorieuse.

Bonsoir, Sur Asad Ibn al-Furât voir Encyclopédie Islam, et surtout la thèse éditée de l'historien tunisien Mohammed Talbi (L'émirat Aghlabide 800-909 / accessible à l'IMA), qui éclaire le contexte et la personnalité complexe de ce savant. Personnalité complexe parce qu'il a été l'élève de l'imam Malik, mais aussi de savants de renom hanbalites ouvert à la théologie spéculative (kalam, débat mu'tazilite). Ainsi, il est difficile, ds le contete ifriqiyen du IXe de le classer malikite. En effet, il a tenté de ménager les traditions juridiques malikites et hanbalites. Il s'est même opposer aux premiers sur les débats théologiques. Un de ses élèves les plus connu est Sahnûn (m. 854), qui sera qâdî de Kairouan en 849 (auteur de la Mudawanna), et avec qui l'école malikite s'impose définitivement comme école officielle des émirs aghlabides, début de ce que l'on appelé " l'école de Kairouan", (voir Tabaqât Ulamâ' Ifriqiyya d'Abu al-Arab).
Concenrant le contexte, il est double, politique et religieux.
Les émirs aghlabides sont sous allégeance abbasside, il doient donc suivre le califat en matière de doctrine. En 827, avec la proclamation du dogme mutazilite par al-Ma'mûn, et doivent suivre. Sur place, les émirs doivent faire face à l'opposition des tenants du malikisme qui refuse le mutazilisme (les hanbalite on une approche plus souple). Les émirs aghlabide depuis les année 800, date de leur prise de pouvoir, font face à des insurrections du gund arabe (déjà présentes depuis les années 765). Pourquoi ? A cause de problème de versement des soldes, des baisses de revenus en butin. Depuis la fin de la conquête et des insurrection kharidjite (661), plus d'espace de razzzias. Face à cette double tension, politique et religieuse (une grave insurrection à partir de 823), la conquête de la Sicile va servir d'espace d'exutoire au gund arabe, et à l'aristocratie arabe...Asad Ibn al-Furât est un légaliste, il soutien la dynastie légitimement investie par le calife. Il est aussi plus conciliant en matière de débat théologique..., là où les savants malikites sont plus réticents.
Par contre, concernant la psoture critique des savants malikites face au pouvoir, et à ses errance, elle est patente. Critique et aussi légaliste. Les Tabaqât mettent en avant leur probité...et leur lutte quotidienne contre la bid'a. Cette école de Kairouan s'illustrera aussi à partir de 909 par sa résistance à l'imposition du chiisme fatimide (renversement des Aghlabides). Une opposition si radicale qu'elle les amènera même à s'allier à des insurgés kharidjite (944-948)...qui ont été à deux doigts (en fait qlqs mètres) de faire tomber la dynastie fatimide.

Bonsoir.

Romuald a écrit:

Bonsoir, Personnalité complexe parce qu'il a été l'élève de l'imam Malik, mais aussi de savants de renom hanbalites ouvert à la théologie spéculative (kalam, débat mu'tazilite). Ainsi, il est difficile, ds le contete ifriqiyen du IXe de le classer malikite

Ne dis tu pas hanbalite au lieu de hanafite ?

Citation :

Les émirs aghlabides sont sous allégeance abbasside, il doient donc suivre le califat en matière de doctrine

Allégeance toute nominale ...

Citation :

Les émirs aghlabide depuis les année 800, date de leur prise de pouvoir, font face à des insurrections du gund arabe (déjà présentes depuis les années 765). Pourquoi ? A cause de problème de versement des soldes, des baisses de revenus en butin. Depuis la fin de la conquête et des insurrection kharidjite (661), plus d'espace de razzzias

Puisque l'Ifrikiyya a été pacifiée par Hassan ibn al-Numan en 698 cela fait près d'un siècle et demi que la situation en est là ! Les révoltes de 825 ne peuvent être liées à une situation qui existe depuis 698/705 ?!

Citation :

Face à cette double tension, politique et religieuse (une grave insurrection à partir de 823), la conquête de la Sicile va servir d'espace d'exutoire au gund arabe, et à l'aristocratie arabe...Asad Ibn al-Furât est un légaliste, il soutien la dynastie légitimement investie par le calife. Il est aussi plus conciliant en matière de débat théologique..., là où les savants malikites sont plus réticents

Justement, pourquoi envoyer un homme plus conciliant vers une mort presque certaine au lieu de le garder auprès de soi comme conseiller ?

L'Encyclopédie de l'Islam dit justement qu'il s'agissait de l'éloigner car il s'opposait à l'émir aghlabide ...

Wa Allah ou allem

Oui,
c'est une erreur de ma part et c'est bien sûr hanéfite.

Concernant la "pacification", je ne parle pas de la conquête mais des trois insurrecions kharidjites entre 740 et 761. Dans ce contexte, le gund a du être notamblement renforcé par l'envoie de nouveaux contingents. A plusieurs reprises, les gouverneurs arabes ont perdu toutalement la maîtrise du territoire. A partir de 761, la situation est définitivement stabilisée, les gouverneurs, et après eux les Aghlabides, ne gouvernent que l'Ifriqiya (Tunisie jusqu'à la limites que repréentes une ligne entre Kalylie, Aures, Zâb). Au delà, les espace sont sous domination acceptée des diverses dynasties kharidjites de Tahert, Sidjilmassa. Depuis, les contingents sont inactifs, en situation de garnison. Ces contingents sont rémunérés, mais aussi inscrit sur la liste de répartition du butin réalisé lors des opérations militaires. Le butin demeure un important mode de rétribution pour toutes les armées de l'époque. Il existe aussi des tensions internes au gund, entre les Arabes Qaysites et Yéménites, entre la composante arabe issue de la conquête, les contingents de convertis berbères et les contingents arrivés depuis le milieu du VIIIe pour lutter contre les kharidjites et qui proviennent de régions plus orientales (Khorasan, composé d'affranchis convertis - mawâlî). Dans un contexte de stabilisation de la situation et de mise en place d'une administration, il faut prendre des places...
Non, l'allégance n'est pas nominale, est répond pour les Aghlabides aux critères fixés, lettre investiture, baya au calife, échange de présents, utilisation du noir comme couleur, et ponctuellement intervention directe du califat pour des questions matétielle (tremblment de terre) ou pour régler un problème de succession. La chronologie montre aussi trés bien qu'il professe le mutazilisme quant le calife le proclame, et le rejette avec la fin de cette situation (calife al-Mutawakkil, 847)...et alors Sahnûn, juriste malikite fermement opposé à cette thélogie est nommé grand qâdî de Kairouan. Mais c'est vrai les émirs assure la gestion autonome de l'Ifriqiyya.
Pourquoi envoyer Asad Ibn al-Furât ? Pour son charisme, et surtout ce lien entre profil de savant et culture du gihâd ou du ribât est très fort en Ifriqiyya. Les dévots malikites se retirent régulièrement sur les côtes ds les ribâts édifiés par les émirs pour défendre les côtes. On retrouve aussi la même tradition en Orient sur les confins au contact de Bysance. Ensuite la mort n'est pas certaine...
Concernant le positionnement de Asad face aux Aghlabides, il faudrait néanmoins préciser à partir du travail de Talbi, une position critique de sa part n'est pas à exclure, mais c'est presquee une tradition au Maghreb (nasîhat, conseil de gouvernement critique). La situation d'insurerection de 823 combine révolte du gund et prise de position théologique des savants face au pouvoir, donc multiforme.
Bonsoir

Romuald a écrit:

Concernant la "pacification", je ne parle pas de la conquête mais des trois insurrecions kharidjites entre 740 et 761

Pense tu vraiment que les "butins" réalisés au 8e siècle dans les montagnes de l'Atlas central puissent être réellement de taille à mobiliser l'appêtit du djund alors même qu'ils sont stationnés dans les plus riches plaines d'Afrique du Nord ? Hormis quelques troupeaux de moutons et des ustensiles de bois que peut-on bien espérer trouver là-bas ? Il est peu probable que le commerce transaharien ait été très développé à l'époque puisqu'aucun Etat n'existait dans le Sahel qui aurait pu produire des produits de luxe ou acheminer des denrées précieuses (hormi les esclaves)

Citation :

Mais c'est vrai les émirs assure la gestion autonome de l'Ifriqiyya

Effectivement

Citation :

Pourquoi envoyer Asad Ibn al-Furât ? Pour son charisme, et surtout ce lien entre profil de savant et culture du gihâd ou du ribât est très fort en Ifriqiyya. Les dévots malikites se retirent régulièrement sur les côtes ds les ribâts édifiés par les émirs pour défendre les côtes. On retrouve aussi la même tradition en Orient sur les confins au contact de Byzance. Ensuite la mort n'est pas certaine...

Tout à fait d'accord, signalons que la dernière grande expédition d'envergure menée en Sicile remonte à l'attaque de Syracuse en 739, soit près d'un siècle plus tôt

Citation :

Concernant le positionnement de Asad face aux Aghlabides, il faudrait néanmoins préciser à partir du travail de Talbi, une position critique de sa part n'est pas à exclure, mais c'est presquee une tradition au Maghreb (nasîhat, conseil de gouvernement critique). La situation d'insurerection de 823 combine révolte du gund et prise de position théologique des savants face au pouvoir, donc multiforme.
Bonsoir

Exact

Oui sur l'importance du butin.
Les troupeaux, mais surtout les hommes, les femmes, les enfants. ..convertis ou pas. C'est d'ailleurs ce qui a en grande partie susciter l'adhésion au kharidjhisme, et la violence des insurrections, de l'arabophobie dans certains cas. Un des enjeu origineel est aussi lié au prélèvement de la djiziyya en "homme", pratique qui aurait perdurer jusqu'en 739. Cette question du partage des ressources avec le gund ou les armées tribales appelées est un enjeu récurrent. Par ailleurs, face aux insurgés du gund, c'est à des contingents berbères que les émirs ffont appel.
Et enfin, si le butin est une des causes, je pense la question des rivalités internes au sein du gund et entre les grandes familles esst aussi l'élément déstabilisateur. L'avènement des Aghlabides est déjà lié à ce contexte, la difficulté à stabiliser la province à cause de ces tensions.

Romuald a écrit:

Oui sur l'importance du butin.
Les troupeaux, mais surtout les hommes, les femmes, les enfants. ..convertis ou pas.

Un juriste du rang de Asad était bien placé pour savoir qu'il est strictement interdit d'asservir un prisonnier de guerre musulman, qui plus est un "civil" ... mais un kharidjite était-il considéré comme un croyant ?