Salam
Une excellente analyse des ressorts du "discours victimaire", sachant que ce qu'il y est dit des Juifs se prête à d'autres exemples
Cf http://parutions.com/index.php?pid=1&rid=4&srid=91&ida=8165
Début :
"Est-il sain pour soi, pour sa relation à autrui, de vivre dans une identité de victime ? Si le bonheur est le but, s’il se construit dans le présent et se porte vers des projets d’avenir, le désir de vivre implique-t-il nécessairement la trahison des malchanceux, l’oubli des souffrances du passé ? Une part d’oubli n’est-elle pas essentielle à la possibilité d’une attention au présent, aux vivants, aux enjeux actuels où se joue aussi notre responsabilité morale ? La victime ne doit-elle pas elle-même apprendre à surmonter l’échec, la douleur, la perte, pour échapper au poison du ressentiment ou à la rumination stérilisante d’un deuil éternel ? Ces questions sont aussi anciennes que la sagesse des nations : «laissez les morts enterrer les morts», disait un certain Jésus. Les rites du deuil, de la fête des morts, les sacrements de la pénitence, de la confession, furent inventés pour permettre au sujet durement éprouvé de s’autoriser à entrer dans une nouvelle époque de sa vie sans culpabilisation. Et la force de l’ordre divin servait à bousculer celle du droit à la tristesse."