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 Chalmers Johnson : Empire du mal

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Chalmers Johnson : Empire du mal Empty
MessageSujet: Chalmers Johnson : Empire du mal   Chalmers Johnson : Empire du mal EmptyJeu 31 Mai - 16:17

Salâm `aleykoum

(en français je précise)
Wa salâm.

http://contreinfo.info/article.php3?id_article=1028

Citation :
Chalmers Johnson : Empire du mal (I/II)

26 mai 2007

Chalmers Johnson, historien et universitaire, dresse le constat de la faillite politique et sociale qu’ont connu les USA depuis le 11 septembre. Ni la classe politique, ni la presse, ni l’armée, n’ont su ou voulu opposer de résistance à la politique de mensonges, d’abus de pouvoirs et d’aventures militaires meurtrières qui sont la marque du nouvel Empire sous le règne de George Bush.

Chalmers Johnson : Empire du mal Arton1028

La liquidation de l’Empire est-elle possible pour l’Amérique ?

Par Chalmers Johnson, Tom Dispatch, 15 mai 2007


En politique, comme en médecine, un traitement qui repose sur un faux diagnostic est presque toujours inutile, aggravant souvent la maladie qu’il est censé guérir. Les Etats-Unis, aujourd’hui, souffrent d’une pléthore de maux publics. La plupart peuvent être rapportés au militarisme et à l’impérialisme qui ont conduit au quasi-effondrement de notre système Constitutionnel de contrôles et d’équilibre des pouvoirs. Malheureusement, aucun des remèdes proposés jusqu’ici par les politiciens américains ou les analystes ne prend en compte les racines du mal.

Selon un sondage [1], publié le 26 Avril 2007, environ 78% des Américains croient que leur pays est mené dans une mauvaise direction. Ils sont seulement 22% à penser que les politiques de l’administration Bush sont judicieuses, le pourcentage le plus bas observé depuis Octobre 1992, à l’époque où George H. W. Bush postulait pour un second mandat - et connaissait un échec. Mais les américains ne s’accordent pas sur les raisons de leurs doutes et, surtout, sur le remède - ou les remèdes — adéquats.

La gamme des avis sur ce problème est immense. Quoiqu’un grand nombre d’électeurs suspectent vaguement que les ratés du système politique lui-même aient mené le pays à la crise actuelle, la plupart s’attendent évidemment à ce que le système se corrige plus ou moins par lui même. Comme Adam Nagourney du New York Times l’a rapporté, vers la fin du mois de mars 2007, au moins 280.000 citoyens américains avaient déjà contribué à hauteur de $113.6 millions aux campagnes présidentielles de Hillary Rodham Clinton, Barack Obama, John Edwards, Mitt Romney, Rudolph Giuliani, ou John McCain.

Si ces personnes croient réellement qu’une élection présidentielle qui aura lieu dans un an et demi changera de manière significative le cours suivi par le pays, elles ont presque sûrement gaspillé leur argent. Comme l’écrit Andrew Bacevich, l’auteur du Nouveau Militarisme Américain : « Parmi les démocrates luttant pour remplacer le Président Bush aucun ne le fait en promettant de rétablir le système du contrôle et de l’équilibre des pouvoirs [2].... Le but de l’opposition n’est pas de réduire le pouvoir de la présidence mais de s’en saisir, il n’est pas de réduire les prérogatives de l’exécutif mais de les reprendre. »

George W. Bush a bien sûr violé de manière flagrante son serment présidentiel, qui exige de lui « de protéger et défendre la constitution, » et l’opposition s’est montrée remarquablement peu disposée à l’en tenir pour responsable. Parmi « les hauts crimes et les méfaits » [3] qui, dans d’autres circonstances politiques, constitueraient sûrement des raisons constitutionnelles pour une destitution il y a celle-ci : le président et ses plus hauts fonctionnaires ont fait pression sur la Central Intelligence Agency (CIA) afin qu’elle etablisse une Estimation Nationale de Renseignements (National Intelligence Estimate- NIE) sur les armes nucléaires de l’Irak, que l’administration comme l’agence savaient pertinemment être fallacieuse. Ils ont alors employé cette estimation faussée pour justifier une guerre d’agression américaine. Après le lancement d’une invasion de l’Irak, l’administration a unilatéralement réinterprété les lois internationales et nationales pour autoriser la torture de prisonniers qui a été utilisée à la prison d’Abu Ghraib à Bagdad, dans la Baie de Guantánamo, à Cuba, et dans d’autres lieux tenus secrets de part le monde.

Rien dans la constitution, et encore moins la clause constitutionnelle lui attribuant la fonction de commandant en chef des armées, ne permet au président de commettre des forfaitures. Néanmoins, dans les jours qui ont suivi les attaques du 11 septembre, le Président Bush a signé un ordre exécutif secret autorisant une nouvelle politique « de pouvoirs exceptionnels » [4] par laquelle la CIA est autorisée a enlever des suspects de terrorisme n’importe où sur terre et de les transférer dans les prisons de pays comme l’Egypte, la Syrie, ou l’Ouzbekistan, où la torture est une pratique normale, ou dans les prisons secrètes de la CIA en dehors des Etats-Unis où les fonctionnaires de l’agence eux-mêmes pratiquent la torture.

Sur le front intérieur , en dépit de l’autorisation accordée après le 11 septembre par le Congrès de nouveaux pouvoirs de surveillance à l’administration, ses fonctionnaires ont choisi d’ignorer ces derniers et, de leur propre chef, ont entrepris une surveillance étendue des citoyens américains sans avoir obtenu les garanties juridiques nécessaires et sans rendre compte devant le Congrès de ce programme. Ces actions constituent des violations prima-facie [5] du Foreign Intelligence Surveillance Act de 1978 (et des révisions ayant eu lieu par la suite) et de l’Amendement IV de la constitution.

Ces seuls faits constituent des raisons plus que suffisantes pour entamer une procédure de destitution, alors qu’elles n’ont été à peine envisagées. Mais, la veille des élections nationales de novembre 2006, celle qui était alors la dirigeante de l’opposition parlementaire et qui est maintenant devenue la présidente de l’assemblée, Nancy Pelosi [6] , s’est engagée au cours de l’émission « 60 minutes » sur CBS en affirmant que « la procédure de destitution n’est pas envisageable, » et l’a qualifiée « de perte de temps. » Et six mois après que le parti démocratique ait pris le contrôle des deux Chambres du Congrès, la prison de Guantánamo Bay est toujours ouverte et les prisonniers y sont toujours jugés par des cours martiales expéditives. La CIA emploie toujours « des techniques d’interrogation renforcées » sur les prisonniers détenus à l’étranger, les intrusions illégales dans l’intimité des citoyens américains se sont poursuivies de manière ininterrompues ; et, plus de cinquante ans après que la CIA a été fondée, elle continue à agir, avec dans le meilleur des cas une supervision on peut plus négligente du Congrès.

Les mensonges contre la démocratie

Sans aucun doute, le coté catastrophique de la guerre de l’administration en Irak est l’élément fondamental qui a convaincu une grande majorité d’Américains que le pays prend « la mauvaise direction. » Mais la guerre elle-même est le résultat d’une présidence impériale et de la faillite révoltante du congrès à exercer son devoir constitutionnel de surveillance. Si le gouvernement avait fonctionné comme les auteurs de la constitution l’ont prévu, la guerre n’aurait pu se produire. Même maintenant, la majorité Démocrate demeure peu disposée à employer son pouvoir afin de couper les fonds nécessaires à la guerre, pour mettre fin à l’occupation américaine de l’Irak et limiter le pouvoir toujours croissant du complexe militaro-industriel.

L’un des problèmes majeurs du système politique et social américain est l’échec des médias, particulièrement des journaux-télévisés, à informer le public sur la véritable ampleur des activités anticonstitutionnelles du pouvoir exécutif. Comme l’ont écrit Frederick A. O. Schwarz et Aziz Z. Huq, les auteurs de Unchecked and Unbalanced : Presidential Power in a Time of Terror, « pour que l’opinion publique puisse exercer son rôle de contrôle sur le résultat des élections, les citoyens doivent connaître ce que fait le gouvernement en leurs noms. »

Au lieu de révéler les mensonges et les manipulations de l’administration, les médias les ont activement favorisés. Le premier amendement de la constitution protège pourtant la presse, précisément pour qu’elle puisse briser le secret, qui représente l’arme la plus puissante de la bureaucratie. En raison de cet échec, la supervision démocratique du gouvernement par une citoyenneté activement engagée n’a pu — et ne pourrait — se produire. Les citoyens des Etats-Unis sont devenus de simples spectateurs du détournement du gouvernement effectué par une assemblée d’idéologues extrémistes, de personne intéressées, d’agents étrangers — y compris des néoconservateurs locaux, Ahmed Chalabi et ses exilés Irakiens, le lobby israélien, les industries du pétrole et de l’automobile, les va-t-en guerre et les profiteurs alliés au complexe militaro-industriel, et les intérêts incontournables de l’armée de métier.

Quelques journalistes professionnels respectés ne voient pas ces échecs comme étant simplement le résultat de turpitudes personnelles mais plutôt comme des problèmes profondément structurels et culturels dans le système américain tel qu’il existe aujourd’hui. Dans une interview avec Matt Taibbi, Seymour Hersh, un des principaux journalistes d’investigation Américain, présente les choses de cette manière :

« Toutes les institutions que nous pensions être protectrices — en particulier la presse, mais également l’armée, la bureaucratie, le congrès — ont échoué... De telle manière que toutes les choses sur lesquelles nous comptions se sont avérées non fiables. Le plus grand échec, dirai-je, est celui de la presse, parce c’est le plus éclatant .... Que peut-on faire pour redresser la situation ? [longue pause] Vous devriez virer ou exécuter quatre-vingt-dix pour cent des rédacteurs en chefs et des dirigeants. »


Un analyste chevronné de la presse (et ancien porte-parole de la présidence), Bill Moyers, commentant un cas d’école de la faillite des médias, concluait: « La réaction honteuse de la presse après l’intervention de Colin Powell aux Nations Unies [le 5 février 2003] semble sortir droit d’un film de Monty Python. L’un des principaux rapports, d’origine britannique, cité par Powell n’étant rien d’autre qu’une thèse d’étudiant, téléchargée sur le Web — l’étudiant ayant menacé par la suite de poursuivre les fonctionnaires des États-Unis pour « plagiat. » « En raison de ces multiples échecs (qui se poursuivent), le pouvoir exécutif a pu aisément abuser le peuple américain.


Dernière édition par le Jeu 31 Mai - 16:19, édité 2 fois
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MessageSujet: Re: Chalmers Johnson : Empire du mal   Chalmers Johnson : Empire du mal EmptyJeu 31 Mai - 16:18

(suite...)

Citation :
Une catastrophe humaine Made-in-America

Parmi les échecs mentionnés par Hersh, celui des militaires est particulièrement frappant, en ce qu’il rappelle ceux de l’époque du Vietnam, plus de trente ans plus tôt. On pouvait penser que le haut commandement militaire avait retenu quelques leçons de la défaite de 1975. Au lieu de cela, ils sont allés de nouveau en guerre, enthousiasmés par notre propre propagande - et tout particulièrement en partageant le consensus voulant que les Etats-Unis représentent « la nation indispensable, » la « seule superpuissance, » et le « vainqueur » de la guerre froide ; et qu’il s’agit d’une nouvelle Rome telle que le monde n’en avait jamais vu, possédant — des cieux au point le plus reculé de la planète - une « supériorité dans tous les domaines [7]. » L’idée que les États-Unis étaient l’indiscutable colosse militaire du monde, auquel aucun peuple ni aucun pouvoir ne pouvaient efficacement s’opposer, était un non-sens démesuré qui ne pouvait qu’entraîner le pays dans de graves problèmes - comme cela s’est produit — et mener l’armée américaine jusqu’à un point d’effondrement, comme cela s’est produit au Vietnam et pourrait bien se produire encore une fois en Irak (et en Afghanistan).

Au lieu de se comporter d’une façon professionnelle, nos militaires ont envahi l’Irak avec une force bien trop petite ; n’ont pas réagi de manière appropriée quand une partie de l’armée irakienne (et du parti baasiste) est entrée dans la clandestinité ; ont toléré une orgie de pillage et d’anarchie dans tout le pays ; ont désobéi aux ordres et ignoré les lois internationales (y compris l’obligation faite a une puissance d’occupation de protéger les équipements et les trésors du pays occupé — en particulier, dans ce cas-ci, le Musée National de Bagdad et d’autres sites archéologiques d’une valeur historique inestimable) ; et ont, de manière incompétente, attisé les feux del’insurrection contre notre occupation, en commettant de nombreuses atrocités contre les civils irakiens sans armes.

Selon Andrew Bacevich, « On ne peut pratiquement plus rien faire pour sauver l’Irak. Le résultat de ces événements n’est plus déterminé par les Etats-Unis. » Notre ancien ambassadeur en Arabie Saoudite, Chas W. Freeman., dit a propos de la récente stratégie du « surge » (renfort) du Président Bush dans les provinces de Bagdad et d’Al-Anbar : « Le renforcement d’un échec est un bien piètre substitut à sa réparation. »

Symboliquement, un signe avant-coureur certain du désastre à venir en Irak est arrivé via une lettre datée du 26 avril, sur l’indispensable blog Baghdad Burning, tenu par une courageuse mais anonyme sunnite depuis août 2003. Sa famille, a-t-elle écrit, a fini par abandonner et choisit l’exil — rejoignant ainsi près de deux millions de ses compatriotes qui ont quitté le pays. Dans son dernier billet, elle écrit :

« Il y a des moments où l’injustice de devoir partir de votre pays, simplement parce qu’il est entré dans la tête d’un imbécile de l’envahir, est accablante. Il est injuste qu’afin de survivre et vivre normalement, nous devions quitter notre patrie et ce qui reste de la famille et des amis.... Et vers quoi ? »

Le Général à la retraite Barry McCaffrey, commandant de la 24ème Division de l’infanterie dans la première guerre d’Irak et un partisan inconditionnel des stratégies de Bush dans la seconde, a récemment radicalement changé d’opinion. Il déclare aujourd’hui, « aucun fonctionnaire du gouvernement irakien, soldat de la coalition, diplomate, journaliste, O.N.G. étrangère, ni entrepreneur, ne peut marcher dans les rues de Bagdad, ni de Mossoul, ni de Kirkuk, ni de Bassora, ni de Tikrit, ni de Nadjaf, ni de Ramadi, sans protection fortement armée. » Lors d’une autre intervention, il concluait : « L’armée américaine se délite rapidement. »

L’échec militaire en Irak est encore présenté au sein à travers une toile sans fin de mensonges et de distorsions des faits par la Maison Blanche, le Pentagone, les experts militaires, et les reportages devenus routiniers de propagandistes déguisés en journalistes. A titre d’exemple, dans les premiers mois de 2007, l’augmentation du nombre d’attentats à la voiture piégée à Bagdad ridiculisait les prétentions de l’administration Bush et du Pentagone disant que l’augmentation du nombre des troupes américaines dans la capitale avait provoqué « une baisse radicale de la violence confessionnelle. » La réponse officielle à ce problème : le Pentagone a simplement arrêté de comptabiliser les décès dus aux attentats à la voiture piégée dans son décompte des victimes. (Il n’a jamais tenté de comptabiliser les victimes civiles de manière publique ou fiable.) Depuis le mois d’août 2003, il y a eu plus de 1.050 attentats à la voiture piégée en Irak. Une étude estime que jusqu’à juin 2006 le bilan des tués pour ces seuls attentats s’élève au chiffre sidérant de 78.000.

La guerre et l’occupation que George W. Bush a déclenché en Irak se sont révélés incroyablement meurtriers pour les civils sans armes, mais faire état des vrais chiffre de la mortalité en Irak, ou la nature du rôle américain direct quand a cette mortalité a été durant longtemps pratiquement tabou dans les médias américains. Ce n’est qu’en octobre 2006, que la revue de l’association médicale britannique, The Lancet, a publié une étude entreprise par des chercheurs de l’université Johns Hopkins à Baltimore et de l’université d’Al-Mustansiriya à Bagdad estimant que, depuis mars 2003, il y avait eu environ 601.027 décès irakiens supplémentaires du fait de la violence par rapport aux estimations prévues en l’absence de guerre. Les gouvernements britanniques et américains ont au début écarté ces résultats, prétendant que l’étude avait employé des méthodes statistiques défectueuses — et les médias américains l’ont ignorée, ont minimisé son importance, ou discrédité ses conclusions.

Le 27 mars 2007, cependant, on a appris que Roy Anderson, le conseiller scientifique en chef au ministère britannique de la défense, avait fourni une réponse plus sincère. Les méthodes employées dans l’étude étaient, a-t-il écrit, « proches des meilleures pratiques. » Un autre fonctionnaire britannique les a décrites comme une « manière éprouvée et vérifiée de mesure de la mortalité dans les zones de conflit. » Plus de 600.000 décès violents dans une population estimée en 2006 à 26.8 millions — c’est-à-dire, un individu sur 45 — cela donne une catastrophe humaine made-in-America.

Un sujet que le gouvernement, les militaires, et les médias essayent d’éviter comme la peste, c’est celui des comportements racistes et meurtriers des soldats américains quand ils agissent à l’étranger. En partie en raison du racisme de fond qui est inclus dans le schéma mental de nombreux américains et de la propagande sur l’impérialisme américain qui est inculquée aux recrues pendant leur formation militaire, ils ne voient pas les attaques contre les « enturbannés » ou les « hajis » sans armes comme des meurtres. Le culte du silence à ce sujet n’a commencé à être brisé en partie qu’en mai 2007 quand un rapport préparé par l’Army’s Mental Health Advisory Team a fait l’objet de fuites au San Diego Union-Tribune. Basé sur des enquêtes anonymes et des groupes cibles comportant 1.320 soldats et 447 marines, l’étude a indiqué que seulement 56% des soldats signaleraient qu’un membre de leur unité avait blessé ou tué un non-combattant innocent, et seulement 40% des marine. Certains répondront sans doute qu’une telle inhumanité par rapport aux gens sans défense est toujours inculquée au soldat correctement entraîné. Si c’est ainsi, alors la réponse à ce problème est de s’assurer que, à l’avenir, il y ait beaucoup moins de guerres impérialistes commanditées par les Etats-Unis.

Chalmers Johnson est historien, professeur émérite à l’université de Californie de San Diego. Spécialiste de l’orient, il est le co-fondateur du Japan Policy Research Institute, et est l’auteur de nombreux ouvrages, dont récemment Blowback, The Sorrows of Empire, et Nemesis : The Last Days of the American Republic.


Publication originale Tom Dispatch


[1] NBC News/Wall Street Journal poll->http://www.msnbc.msn.com/id/18312789/

[2] Cheks and Balance

[3] « les hauts crimes et les méfaits » : High crimes and misdemeanors est l’expression utilisée par la Constitution Américaine dans l’article II, Section 4 qui définit les circonstances pouvant conduire à la destitution du président : "Le President, Vice President et tous les fonctionnaires civils des Etats-Unis doivent être démis de leur fonctions par [un acte ] d’ impeachment pour, et lorsqu’ils sont convaincus de trahison, corruption, ou autres hauts crimes et méfaits."

[4] Extraordinay rendition Acte autorisant les transferts « extrajudiciaires » de prisonniers vers des centres de détention situés hors des USA.

[5] prima-facie : patente

[6] Nancy Pelosi est une élue Démocrate de Californie

[7] full spectrum dominance
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MessageSujet: Re: Chalmers Johnson : Empire du mal   Chalmers Johnson : Empire du mal EmptyJeu 31 Mai - 16:32

Citation :
Chalmers Johnson : Empire du mal (II/II)
29 mai 2007

L’historien Chalmers Johnson instruit le procès de l’« empire ». Dans ce deuxième volet, il dénonce l’emprise croissante du complexe militaro-industriel - qui engloutit 40% des dépenses publiques - sur les USA, puis dessine ce que pourrait être un programme de réforme et de déconstruction de l’empire américain. Faute de quoi, dit Johnson, il connaitra le sort funeste de ses prédéceseurs historiques.

Chalmers Johnson : Empire du mal Arton1033

Le Complexe Militaro-Industrialo-Parlementaire.

Par Chalmers Johnson, Tom Dispatch, 15 mai 2007


Bien d’autres aspects de l’impérialisme et du militarisme minent le système constitutionnel de l’Amérique. À ce jour, par exemple, la privatisation des opérations militaire et du renseignement est effectuée totalement en dehors du contrôle et du respect de la loi, et échappe à toute forme de surveillance de la part du Congrès. Elle est également incroyablement lucrative pour les propriétaires et les opérateurs de ce que l’on appelle les compagnies militaires privées — et l’argent servant à payer leurs activités vient finalement des contribuables par des contrats de gouvernement. La comptabilisation de ces fonds, en grande partie distribuée à ces compagnies selon le principe du copinage grâce à leurs relations avec les fonctionnaires de l’administration, est pour le moins problèmatique. Jeremy Scahill, auteur de Blackwater : The Rise of the World’s Most Powerful Mercenary Army, estime qu’il y a 126.000 contractuels militaires privés en Irak, plus qu’assez pour poursuivre la guerre, même si la majeure partie de l’armée des États-Unis se retirait. « Dès le commencement, » écrit Scahill, « ces contractuels ont représenté une importante dimension occultée de cette guerre, pratiquement ignorée par les médias de référence, mais pourtant absolument déterminante quant au maintien de l’occupation américaine de l’Irak. »

L’importance des budgets « militaires », toujours en augmentation, commence à menacer les États-Unis de faillite, étant donné que ses déficits commercial et fiscal en font déjà de loin la plus grande nation débitrice au monde. Les dépenses de l’établissement militaire - parfois nommés à tort « budget de défense » - ont atteint le niveau le plus élevé depuis la deuxième guerre mondiale, excédant celles des guerres de Corée et du Vietnam, et celles du Président Ronald Reagan dans les années 1980. Selon les calculs du National Priorities Project, un organisme de recherche sans but lucratif, qui examine l’impact local des politiques de dépense fédérales, 40% du produit de l’impôt est consacré aux dépenses militaires.

Tout aussi alarmant, il est pratiquement impossible pour un membre du Congrès ou un citoyen ordinaire d’avoir ne serait-ce qu’une petite idée des montants réels des dépenses militaires ou de leur impact sur la structure et le fonctionnement de notre système économique. Environ 30 milliards de dollars dans les budgets officiels du département de la défense (DoD) de l’année fiscale en cours sont « noirs », ce qui signifie qu’il sont prétendument dévolus a des projets classés très secrets. Le budget déclaré du DoD n’est d’ailleurs examiné que superficiellement, parce que les membres du Congrès, à la recherche de contrats lucratifs pour leurs circonscriptions dans le domaine des dépenses de défense, entretiennent des relations mutuellement bénéfiques avec les entrepreneurs travaillant avec la défense et le Pentagone. Le Président Dwight D. Eisenhower avait nommé ce phénomène, dans le premier jet de son discours d’adieu, le « complexe militaro-industrialo-parlementaire. » 46 ans plus tard, le budget de la défense échappe à une supervision ou à un contrôle sérieux de la part du Congrès, à un point que même Eisenhower n’aurait probablement pu imaginer.

Le DoD essaye toujours de minimiser l’importance de son budget en le présentant comme étant en baisse par relativement au produit national brut. Mais ce qu’il n’indique jamais, c’est que le total des dépenses militaires est en réalité bien plus élevé que les seuls fonds officiellement alloués au Département de la Défense. Lors de l’exercice budgétaire 2006, Robert Higgs de l’Independent Institute a calculé que les dépenses de sécurité nationale s’élevaient à presque un trillion ( mille milliards ) de dollars — 934.9 milliards pour être exact — décomposées comme suit (en milliards de dollars) :

- Département de la Défense : 499.4
- Département de l’ Energie (armes atomiques) : 16.6
- Département d’Etat (Affaires étrangères, au titre de l’aide aux armées étrangères) : 25.3
- Département des Anciens Combattants (au titre des soins apportés aux soldats blessés) : 69.8
- Département de la Sécurité Intérieure (au titre de mesures concernant la défense) : 69.1
- Département de la Justice (1/3 destinés au FBI) : 1.9
- Département du Trésor (au titre des pensions militaires) : 38.5
- NASA (lancements de satellite) : 7.6
- Intérêts sur les dettes de guerre de 1916 jusqu’à aujourd’hui : 206.7

Au total, ces sommes sont supérieures à celles dépensées consacrées par l’ensemble des autres nations à leur défense nationale.

Ces dépenses aident à soutenir l’économie de la nation et constituent une ressource considérable, génératrice d’emplois. Cependant, elles commencent à avoir un impact sur l’économie, entraînant la stagnation des niveaux de revenu. Elles contribuent également à la perte d’emplois industriels par des délocalisations vers l’étranger. Le 1er mai 2007, le Center for Economic and Policy Research a publié une série d’évaluations sur « l’impact économique de la guerre d’Irak et de l’augmentation des dépenses militaire. » Ses chiffres montrent, entre autres, qu’une fois passée une phase de stimulation de la demande, le résultat d’un accroissement significatif des dépenses militaires (comme celui auquel nous avons assisté ces dernières années) devient négatif autour de la sixième année.

Tôt ou tard, des dépenses militaires plus élevées entraînent une augmentation des taux d’intérêt et de l’inflation réduisant la demande dans les secteurs sensibles de l’économie, notamment dans les ventes de voitures et de camions, et conduisent à des suppressions d’emploi. Les secteurs du bâtiment et de l’industrie - hors contrats militaires - subissent la plus grande partie de ces pertes. Ce rapport conclut, « la plupart des modèles prouvent que les dépenses militaires détournent les ressources d’une utilisation productive, telle que la consommation et l’investissement, ralentissent finalement la croissance économique et réduisent l’emploi. »
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MessageSujet: Re: Chalmers Johnson : Empire du mal   Chalmers Johnson : Empire du mal EmptyJeu 31 Mai - 16:33

Citation :
Liquidation Impériale ?

L’impérialisme et le militarisme ont ainsi commencé à mettre en péril le bien-être financier et social de notre république. Ce dont le pays a désespérément besoin, c’est d’un mouvement citoyen qui reconstruise le système constitutionnel et soumette à nouveau le gouvernement à la discipline des contrôles et des équilibres de pouvoirs. Ni le remplacement d’un parti politique par l’autre, ni les politiques économiques protectionnistes visant à sauver ce qui reste de notre secteur industriel ne redresseront ce qui a mal tourné. Car ces deux solutions ne se confrontent pas aux causes de notre déclin national.

Je crois qu’il n’y a q’une seule solution à la crise à laquelle nous faisons face. Les américains doivent prendre la décision de démanteler l’empire qui a été créé en leur nom, ainsi que l’énorme establishment militaire (continuant de croître) qui le sous-tend. C’est une tâche au moins comparable à celle entreprise par le gouvernement britannique quand après la deuxième guerre mondiale, il a liquidé son empire. En accomplissant cela, la Grande-Bretagne a su éviter le destin de la République romaine - devenir une tyrannie et dire adieu à sa démocratie - ce qu’elle aurait du faire si elle avait continué à essayer de dominer une grande partie du monde par la force.

Pour les États-Unis, la décision d’organiser une telle campagne de liquidation de l’empire pourrait bien s’avérer déjà trop tardive, étant donné les intérêts gigantesques et profondément enracinés du complexe militaro-industriel. Pour réussir, un tel effort exigerait pratiquement une mobilisation révolutionnaire de l’ensemble des citoyens américains, au moins comparable au mouvement des droits civiques des années 1960.

Pour parvenir à l’ébauche d’un schéma de retrait de l’empire — si inconcevable pour nos experts et éditorialistes de la presse écrite qu’il n’a jamais été ne serait-ce qu’envisagé — nous devons indiquer aussi clairement que possible ce que les dirigeants élus et les citoyens des Etats-Unis ont à faire. Deux décisions majeures devraient être prises. D’abord, en Irak, nous devrions lancer un calendrier de retrait contraignant de toutes nos forces militaires et transférer aux Irakiens les bases militaires permanentes que nous avons établies. En second lieu, sur le plan interne, nous devrions renverser les priorités budgétaires fédérales.

Comme le dit Noam Chomsky , ce vénérable critique de l’impérialisme américain : « La où les dépenses augmentent, comme celles concernant les factures militaires supplémentaires pour la conduire des guerres d’Irak et d’Afghanistan, elles devraient nettement diminuer. Là où les dépenses stagnent ou diminuent (santé, éducation, formation au travail, promotion des économies d’énergie et des sources d’énergie renouvelables, droits des vétérans, fonds pour l’ONU et des opérations de maintien de la paix de l’ONU, et ainsi de suite), elles devraient nettement augmenter. Les réductions d’impôts de Bush pour les revenus de plus de $200.000 par année seraient immédiatement annulées. »

De telles réformes commenceraient immédiatement à réduire l’influence délétère du complexe militaro-industriel, mais bien d’autres secteurs devraient également faire l’objet de notre attention. Dans ce processus de démilitarisation de la planète et de liquidation de notre empire, nous devrions initier un processus contrôlé de fermeture d’au moins 700 des 737 bases militaires que nous maintenons (selon le compte officiel du Pentagone) dans plus de 130 pays sur chaque continent excepté l’Antarctique. Nous devrions finalement viser la fermeture de toutes nos enclaves impérialistes, mais afin d’éviter l’isolationnisme et maintenir une capacité d’aider les Nations Unies dans des opérations globales de maintien de la paix, nous devrons probablement maintenir pour l’instant, quelques 37 d’entre elles, la plupart navales et aériennes.

Tout aussi important, nous devrions réécrire tous nos accords régissant le Statut de nos Forces militaires [1] - en particulier ceux que nous avons imposé et qui exemptent nos troupes basées dans les pays étrangers des lois locales qu’elles soient pénales, sur les impôts, le contrôle de l’immigration, la législation contre la pollution, et tout ce que les militaires américains ont pu imaginer. Nous devons adopter pour principe en matière de loi que les forces américaines basées en dehors des États-Unis agiront dans les pays d’accueil sur une base d’égalité, et non de privilège extraterritorial.

L’approche américaine des relations diplomatiques avec le reste du monde exigerait également une révision fondamentale. Nous devrions en finir avec notre unilatéralisme belligérant envers d’autres pays aussi bien qu’avec notre comportement désinvolte vis-à-vis du droit international. Notre objectif devrait être de renforcer les Nations Unies, y compris dans le respect de la majorité, en travaillant pour mettre fin au système de veto au sein du Conseil de sécurité (et par l’arrêt de l’utilisation de notre droit actuel de veto). Les Etats-Unis doivent cesser d’être le plus grand fournisseur d’armes et de munitions du monde — un commerce meurtrier dont la gestion devrait être placée sous la surveillance de l’ONU. Nous devrions encourager l’ONU à chercher à proscrire des armes comme les mines terrestres, les bombes à sous munitions, et les munitions appauvries en uranium qui font des ravages à long terme au sein des populations civiles. Dans le cadre d’un effort de redressement de l’équilibre diplomatique, nous devrions prendre certaines mesures évidentes, comme reconnaître Cuba et en finir avec notre blocus de cette île et, au Moyen-Orient, travailler pour équilibrer l’aide entre Israël et la Palestine, tout en essayant de jouer les bons offices afin d’apporter une solution véritable à cette situation désastreuse. Notre but devrait être un retour à l’influence par l’exemplarité — et par le recours aux arguments sains — plutôt que par le recours continuel à l’utilisation unilatérale de la force armée et aux interventions militaires étrangères répétées.

Pour ce qui concerne l’organisation du pouvoir exécutif, nous devons réécrire la Loi de Sécurité Nationale [National Security Act] de 1947, en éloignant de la CIA toutes les missions qui impliquent le sabotage, la torture, la subversion, la manipulation des élections dans les pays étrangers, et les autres formes d’activité clandestine. Le président devrait être privé de son pouvoir de commander ce type d’opérations, excepté avec l’avis et le consentement explicites du Sénat. La CIA devrait fondamentalement se consacrer au recueil et à l’analyse des renseignements concernant l’étranger. Nous devrions éliminer autant de domaines préservés par le secret que possible, de sorte que ni la CIA, ni toute autre organisation comparable, ne devienne plus l’armée privée du président.

Afin de stopper notre déclin économique et de diminuer notre dépendance à l’égard de nos partenaires commerciaux, les américains doivent couvrir leurs déficits commerciaux par l’utilisation parfaitement légale des tarifs selon les règles de l’Organisation Mondiale du Commerce, et ils doivent commencer à diriger leur marché intérieur par une politique industrielle nationale, de la même manière que les principales économies du monde (en particulier celles des japonais et des Chinois) le font de manière habituelle. Bien que cela puisse impliquer d’empiéter sur les intérêts acquis des départements de sciences économiques des universités américaines, il n’existe aucune excuse pour continuer à faire confiance à une doctrine périmée du « libre échange. »

En temps normal, une proposition de liste de réformes comme celle-ci serait tout simplement rejetée et qualifiée d’utopique. Je comprends cette réaction. Je veux cependant attirer l’attention sur le fait que ne pas entreprendre de telles réformes signifierait condamner les Etats-Unis au destin de la République romaine et de tous les autres empires depuis lors. Et c’est pourquoi j’ai donné à mon livre Nemesis le sous-titre « les derniers jours de la République américaine. »

Quand Ronald Reagan a inventé l’expression « empire du mal, » il se référait à l’Union Soviétique, et j’étais fondamentalement d’accord avec lui sur le fait que l’URSS devait être contenue et mise en échec. Mais aujourd’hui ce sont les États-Unis qui sont largement perçus comme un empire du mal et les forces sur la scène internationale se rassemblent pour nous arrêter. L’administration Bush insiste sur le fait que si nous quittons l’Irak nos ennemis « vaincront » ou - de manière encore plus improbable — « nous poursuivront jusqu’à chez nous. » Je crois que, si nous abandonnions l’Irak et nos autres enclaves impériales, nous pourrions regagner la haute terre de la morale et refuser la nécessité d’une politique étrangère basée sur la guerre préventive. Je crois également qu’à moins que nous suivions ce chemin, nous perdrons notre démocratie et qu’alors ce que nous pourrions perdre encore importera peu. Pour reprendre les mots immortels de Pogo, « nous avons rencontré l’ennemi et c’est nous [2]. »

Chalmers Johnson est historien, professeur émérite à l’université de Californie de San Diego. Spécialiste de l’orient, il est le co-fondateur du Japan Policy Research Institute, et est l’auteur de nombreux ouvrages, dont récemment Blowback, The Sorrows of Empire, et Nemesis : The Last Days of the American Republic.

Publication originale Tom Dispatch, traduction Karim Loubnani pour Contre Info.

[1] Status of Forces Agreements

[2] Pogo est un personnage de BD américaine. La citation provient d’un dessin de 1971, publié à l’occasion de la Journée de la Terre, ou l’un des deux personnages prononce cette phrase devant le spectacle de la nature menacée par nos détritus. voir Wikipedia
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