As salamu alaykum
D'abord, revenons sur la description classique de la condition de la femme dans les pays de culture islamique.
Sa naissance ne peut être qu'une malédiction de Dieu, puisqu'elle est une bouche supplémentaire à nourrir qui ne rapporte rien. Sa venue au monde suscite donc une immense déceptions toute la famille. Le père est d'ailleurs souvent enclin à se débarrasser du petit corps. Si elle réchappe à ce sort, la fillette grandit sans recevoir d'éducation si ce n'est celle des tâches ménagères. Elle n'apprendra jamais à lire, à écrire et à compter. Encore toute jeune elle sera brutalement excisée afin de lui enlever toute idée de plaisir. Puis son père l'offrira en cadeau à l'un de ses proches sans, bien sûr, lui demander jamais son contentement. Jetée en pâture dans les bras d'un homme âgé, elle deviendra sa servante sur les plans domestiques et sexuels. Toute sa vie elle sera maintenue en réclusion, enfermée dans les quelques pièces qui forment les appartements des femmes. Ses rares sorties se feront sous la protection d'un voile intégral. Ses premières années de mariage seront consacrées à produire des héritiers à la chaîne. Si elle survit à ces grossesses à répétition, elle se fanera néanmoins et se verra remplacée bientôt dans le foyer par d'autres co-épouses, plus jeûnes et plus fraîches qu'elle. Devenu infertile, elle retrouvera son statut de simple servante. Si elle fait preuve d'entêtement ou de résistance, elle serra systématiquement battue, parfois à mort. Personne, nulle autorité, nul voisin ne viendra jamais s'interposer entre elle et son époux, simple affaire privée. Si elle tente de fuir, elle encourt le pire. Si on l'accuse d'adultère, elle sera lapidée par les siens. Un seul soupçon suffirait même à lui coûter la vie, ses frères s'unissant pour la tuer et venger leur "honneur". Sans aucun statut social ou juridique, elle ne travaille pas, elle ne peut témoigner, elle ne gère aucun argent et se trouve sous l'entière dépendance de son mari. En fait, elle n'existe tout simplement pas. D'ailleurs, elle ne porte pas de nom, elle est la "fille d'untel" ou la "mère d'untel". Si son mari décède, elle se retrouve dans la misère. Lorsqu'elle même meurt, souvent précocement, exténuée par cette existence obscure, elle disparaît de la scène sans un bruit. Ce ne sont pas les femmes qui font l'histoire.
Maintenant, à cette vision cauchemardesque, qui fut hélas la réalité de tant de femmes et continue à être celle de certaines d'entre elles s'oppose la réalité de ce que l'islam a voulu instituer.
La naissance d'un enfant, quelque soit son sexe, est un don de Dieu, une occasion de réjouissance pour tous. Dieu interdit formellement de se débarrasser des petites filles sous prétexte qu'elles ne sont que des bouches supplémentaires à nourrir. Les premiers musulmans accordaient en outre une grande importance à l'éducation de leurs filles, les récits de leurs vies regorgent de traditions les montrant très sourcilleux sur ce point (comme l'illustre l'exemple d'Umm ad-Darda). L'excision, pratique anté-islamique de nombreuses tribus arabes et africaine, n'est pas une obligation religieuse. Toutes les écoles de droit s'accordent à reconnaître que la volonté de la femme doit entrer en compte dans la décision de l'union. La Sunna précise bien que le Prophète (sws) n'a jamais frappé aucune de ses épouses, et que telle est donc l'attitude du bon musulman, qui en toute chose, doit chercher à imiter le Prophète. De même il participait aux tâches ménagères. La polygamie est autorisée mais encadrée par des conditions strictes tandis que la monogamie reste privilégiée. De surcroît, les codes de la vertu islamique (adab) placent l'affection et la solidarité entre les époux comme des valeurs essentielles et absolues. Au point de vue du droit, une liberté financière est garantie à l'épouse par toutes les écoles juridiques de l'islam (douaire = mahr). L'adultère est sanctionné comme dans toutes les sociétés afin de préserver l'unité de la cellule familiale mais la sanction n'intervient que si quatre témoins l'attestent, ce qui la rend pratiquement impossible. Le voile a été institué pour protéger les épouses des assauts des pervers, non pour l'enfermer. Elle a la liberté de travailler si elle le désire et si cela n'empiète pas sur sa vie familiale. Elle peut demander le divorce si son mari s'avère incapable de répondre à ces obligations d'époux ou de père. Enfin les femmes font l'histoire tout comme les hommes, ainsi le Kur'an cite les pieux exemples de Maryam mère de Jésus, de la reine de Saba ou de la femme de Pharaon. Quant au hadith, il fait une large place à l'œuvre remarquable de Khadidja, A'isha, Fatima Zahra, Sumayya, etc. Mais surtout, le Paradis est promis "aux Croyants et aux Croyantes". La promesse de Dieu est faite à l'Humanité au sens large, sans distinction de sexe. Ainsi les femmes sont-elles soumises aux mêmes règles d'adoration (ibadat) que les hommes. Elles doivent jeûner, prier, donner l'aumône, aller en pélerinage, etc. Les différences juridiques qui existent entre elles et les hommes ont un caractère formel et non essentialiste. Leur but est avant tout de sauvegarder l'harmonie de la société. D'ailleurs, au plus proche de Dieu, à Makkah, alors que tous les croyants sont en état de sainteté (ihram), elles sont abolies, et les femmes, qui n'ont plus à appréhender les hommes, doivent alors enlever leur voile.
Wa Allah 'alam