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 La démocratie au peigne fin

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Haz
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Haz


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MessageSujet: La démocratie au peigne fin   La démocratie au peigne fin EmptyLun 13 Nov - 18:07

Salam alikoum

Définir la démocratie ne peut plus suffire pour en délimiter les aspects positifs et négatifs. Sur ce fil, je vous propose une étude linguistique de ce terme et de ces dérivés afin d'en comprendre la substance. Je vous la ferai parvenir demain Inch'Allah mais d'emblée si vous avez des remarques ou des idées sur la question de l'usage de ce terme, n'hésitez pas à les communiquer ici. La question substantielle est bien sûr la suivante :

"Quel sens doit-on attribuer au mot DEMOCRATIE" ?

Merci pour la qualité de vos réponses.
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MessageSujet: Re: La démocratie au peigne fin   La démocratie au peigne fin EmptyLun 13 Nov - 23:41

Salam alikoum

Introduction

Denys Cuche écrit : « Les mots apparaissent pour répondre à certaines interrogations, à certains problèmes qui se posent dans des périodes historiques déterminées et dans des contextes sociaux et politiques spécifiques. Nommer, c’est à la fois poser le problème et déjà le résoudre » . En ce sens, l’étymologie seule ne suffit pas à délimiter les usages d’un mot ni même ses représentations. « Tout le monde » sait ce qu’est la démocratie et « tout le monde » voudrait croire que la façon dont chacun utilise ce terme est commune à l’ensemble des hommes. Les guerres actuelles menées au nom de la démocratie montrent bien que tel n’est pas le cas et que, telle la « Liberté », le terme « Démocratie » sait parfaitement se laisser chausser par des hommes aux valeurs pourtant bien différentes.

Quelle est donc l’étymologie de ce mot ? Quels en sont les usages, les dérivés ? Dans quels champs intervient-il ? Autant de questions pour lesquelles seul un corpus peut apporter une introduction à l’analyse.


Etymologie du mot

Le terme « démocratie » trouve son origine dans l’association de deux termes grecs : « demos », qui signifie « le peuple » et « cratos », qui signifie « le pouvoir », ce qui permet de considérer que « démocratie » se traduit par « le pouvoir du peuple ».

C’est en Grèce, dans l’Antiquité, que le terme apparaît. Les manuels d’histoire actuels ne se contentent pas d’évoquer la démocratie, ils la qualifient presque systématiquement « d’athénienne ». Cette appellation repose sur l’idée que la démocratie est née dans l’ecclésia d’Athènes du fait d’une organisation législative hautement basée sur les discours des citoyens et non sur des décisions prises solennellement par les oligarques.

C’est donc en tant qu’assemblée ouverte à tous que la démocratie est arrivée jusqu’à nous à travers les rapports établis par les différentes écoles historiographiques. Très tôt, elle a été confondue avec la notion de « liberté » dont chacun se dit le défenseur. De ce fait, son utilisation a dépassé le simple cadre structurel athénien pour devenir à la fois un régime, une idéologie, un idéal. Cela à tel point que sa défense ne préoccupe pas seulement les philosophes politiques ou les politologues mais aussi les politiciens, républicains ou monarques, les économistes, les écrivains et les artistes, et tous ceux qui s’intéressent à la gestion de l’espace public en quelque domaine que ce soit.

Par conséquent, le terme évolue au gré de ceux qui l’emploient et se transforme au gré des besoins de chacun. Nous allons voir dans ce corpus les termes tirés de la racine et les pratiques transformatrices qui résultent de son appropriation par tout un chacun.


NB : Le corpus étant trop lourd je ne lerecopierai pas ici mais prendrai uniquement quelques occurrences qu'il a permis de mettre en valeur :

- Démocratie
- Démocratie culturelle
- Démocratie participative
- Démocratie représentative
- Démocratie libérale
- Antidémocratique
- Antidémocratisation
- Union démocratique
- Scrutin démocratique
- Démocratisation


A suivre
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Haz
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MessageSujet: Re: La démocratie au peigne fin   La démocratie au peigne fin EmptyJeu 16 Nov - 23:38

Suite

Analyse

Le terme « démocratie » est utilisé à partir de quatre modalités morphologiques : tel quel, préfixé ou suffixé, qualifié, qualifiable. Cela révèle un usage actif, c’est-à-dire que la culture ou la société dans lequel il apparaît sous ses quatre formes lui accorde une très forte valeur de sens. Il ne peut être actif sans une motivation préalable de la société. Comme l’écrivent Véronique de Colombel et Nicole Tersis dans Lexique et Motivation, « le maintien d’une formation motivée est souvent déterminé par l’adéquation plus ou moins grande du terme avec la logique ou les faits culturels sous-jacents dans la société ».

D’autre part, la présence de ces modalités permet de mettre en lumière le phénomène de dérivation morphologique du terme « démocratie ». Nous allons par conséquent étudier succinctement chacune de ces modalités et tenter de comprendre ce qui explique ces dérivations :


a) Le substantif « démocratie »


Lorsqu’il est employé seul, le terme « démocratie » est défini comme « un système de protection contre la dictature » (Cf corpus). Il est donc considéré comme le meilleur moyen de symboliser la « Liberté » et, par voie de conséquence, la liberté d’opinion, d’expression, d’action et le respect des uns et des autres dans l’espace public. « Nous sommes en démocratie » est une clameur qui pourrait très bien en remplacer une autre : « Nous avons le droit de nous exprimer ici » ou alors « personne n’a le droit de monopoliser la parole » et donc « d’imposer la sienne ».

En tant que synonyme de ces notions, le terme « démocratie » a une valeur positive largement mise en avant par les expressions dans lesquelles il est employé. Il est question « d’émergence de la démocratie », opposée en valeur à l’expression « tomber dans la dictature ». La connotation sémantique est bien celle d’une ascension opposée à une chute, rappelant l’image religieuse de la montée au Paradis et de la descente en Enfer.


b) La qualification du substantif

Le terme « démocratie » est qualifié par des adjectifs. Certains ont pour fonction de le préciser pour une meilleure compréhension et donc une communication plus rigoureuse (« démocratie représentative », « démocratie participative »). Cela révèle l’aspect trop général et vague de la notion utilisée seule.

D’autres adjecyifs constituent un moyen de l’associer à d’autres valeurs, généralement politiques. Ces associations entre le substantif et ce type d'adjectifs sont souvent mises en œuvre dans l’appellation attribuée à des partis politiques (« Démocratie Libérale », « démocratie chrétienne »). Elles peuvent aussi couvrir d’autres champs d’application. Il est par exemple question de « démocratie culturelle ».



A suivre...
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MessageSujet: Re: La démocratie au peigne fin   La démocratie au peigne fin EmptySam 25 Nov - 20:03

Salam alikoum

La suite

c) La qualification par le substantif

Nous incluons dans cette modalité les occurrences « démocrate » et « démocratique ». En effet celles-ci apparaissent souvent dans le cadre d’une qualification d’un autre substantif : « parti démocrate », « scrutin démocratique »… Outre les utilisations strictement liées à l’appellation de partis politiques, une telle qualification permet là encore d’associer les valeurs véhiculées par la notion initiale à un type d’actions réalisées dans l’espace public : un vote, une représentation symbolique, politique…

Notons que le terme « démocrate » est aussi un substantif contrairement à « démocratique ». L’intérêt de ces occurrences réside en ce qu’il revèle les possibilités de transformations morphologiques de l’occurrence initiale. Non seulement, la terminaison du substantif est modifiée mais la prononciation aussi. Le [t] retrouve sa prononciation originale au détriment du son [s]. D’autres langues comme l’Arabe ne pose pas ce problème de prononciation.
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MessageSujet: Re: La démocratie au peigne fin   La démocratie au peigne fin EmptySam 25 Nov - 20:10

d) Le substantif préfixé, suffixé

La préfixation et la suffixation sont limitées dans le champ lexical du terme « démocratie ». La préfixation est représentée par les éléments « pro- » et « anti- » et la suffixation par l’élément « -sation » qui peut se décliner en forme verbale « -ser ». L’utilisation de ces préfixes et suffixes est elle aussi limitée. Les préfixes sont généralement utilisés respectivement avec les termes « démocrate » et « démocratique ». Les suffixes déforment la morphologie du terme initial en « démocrati- » et peuvent être complémentaires des préfixes.

Dans la mesure où l’ensemble de ces éléments est caractéristique de la morphologie dérivationnelle -mise en lumière notamment par Denis Apothéloz dans l’introduction de son ouvrage La construction du lexique français-, il mérite une attention particulière.

Les préfixes « pro- » et « anti- » se rapportent à la notion de partisianisme. Une dichotomie s’opère donc engageant la notion de démocratie au cœur d’une vision du monde qui en ferait un idéal. Notons à cet effet que les termes aux valeurs opposées à celles de la démocratie ne portent pas ces marques partisanes. Par exemple, il n’existe pas de « protyran » comme il existe le terme « prodémocrate ».

La suffixation présente ce même aspect promotionnel en faveur de la démocratie. Le terme « démocratisation » met en relation le substantif « démocrati- » et le suffixe « -sation » qui sous-tend l’idée d’un processus de transformation. La « démocratisation » est ce qui permet à un pays soumis à d’autres régimes (dictature, théocratie, oligarchie…) de passer au régime démocratique. L’emploi de ce terme ne se limite pas au champ politique. On parlera volontiers de « démocratisation des outils P2P » (Cf Corpus). Ici, le terme se rapporte au processus de mise à disposition d’une chose pour des personnes qui n’en bénéficiaient pas.

Si le contexte d’emploi diffère, la fonction symbolique du mot est bien la même. Dans l’un ou l’autre cas, il est associé à l’idée de bénéfice, d’acquisition d’une chose bénéfique. Notons que les autres régimes ne disposent pas de cette suffixation. On ne dit pas par exemple « dictatorisation », « oligarchisation », « théocratisation » . La démocratisation est donc un emploi dérivé qui confirme l’aspect positif du terme « démocratie ».

La connotation du bien dont ce dérivé est imprégné est tel qu’il sous-tend un attachement affectif de la part des sociétés où la motivation liée à son usage est la plus forte. Ainsi, les journaux français n’emploient jamais de formules qui viseraient à disqualifier la démocratie. on n'y trouvera donc jamais « antidémocratiser », « antidémocratisation ».

Notons que le terme « antidémocratique » est répertorié dans le corpus et qu’il révèle la différence qui s’opère dans la langue entre ce qui relève d’un processus (impliqué par le verbe « antidémocratiser ») et ce qui relève d’un état (impliqué par la suffixation en « -ique »).

Ainsi, les principes, régimes, Etats, faits antidémocratiques qualifient un constat qu’il importe de faire basculer grâce au principe du processus qui ne peut aller que dans le sens du progrès.

Si les journaux français n’emploient jamais un dérivé tel que « antidémocratisation », cela n’est nullement le cas dans d’autres pays qui se placent politiquement dans un rapport dominants / dominés. Ainsi, les journaux togolais emploient à de nombreuses reprises le terme « antidémocratisation », ce qui révèle la portée des mots sur la weltanschaaung africaine.

A suivre...
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MessageSujet: Re: La démocratie au peigne fin   La démocratie au peigne fin EmptySam 13 Jan - 1:09

Salam

Haz tu t'es arrêté, il faut que tu poursuives, cette étude est bien faite, il faut que tu la termines pour qu'on puisse lancer le débat sur les implications politiques d'une étude linguistique comme celle-ci.
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MessageSujet: Re: La démocratie au peigne fin   La démocratie au peigne fin EmptyJeu 1 Fév - 19:14

Salam alikoum

vi vi vi, je n'ai pas les documents en main pour le moment, raison pour laquelle je me suis arretée, mais je vais reprendre sans souci. Toi, tu dois aller faire un tour du côté du thread sur Al-Zuhri, je l'ai fait remonter !
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MessageSujet: Re: La démocratie au peigne fin   La démocratie au peigne fin EmptyLun 5 Fév - 1:27

Suite

Réflexion annexe





Les dérivations du mot « démocratie » proviennent de ce qu’une société donnée, intérieurement motivée à utiliser le champ sémantique que couvre le terme, se donnent la possibilité de spécifier sa définition, soit parce qu’il est trop général, soit parce que sa contextualisation et la puissance de sa valeur historique et politique impose sa mise à profit. Cela explique qu’il ne couvre pas le seul champ politique, au sens premier du terme, mais aussi le champ symbolique. Un démocrate américain n’est jamais confondu avec un démocrate-chrétien. La « démocratie selon G.W. Bush » n’est pas à mettre au même niveau que « l’Union pour la démocratie française » du groupe Démocratie Libérale. On pourrait multiplier les exemples qui montrent que l’utilisateur du terme ou de ses dérivés ne confond pas intuitivement les différentes valeurs qui lui sont attribuées. Toutefois, cela ne signifie pas qu’il en connaisse les sens. Un Communiste peut avoir du mal à comprendre le lien entre « démocrate » et « chrétien » ou « démocrate » et « libéral ». Un philosophe peut ne pas distinguer la nuance entre « démocratie » et « démocratie participative ». Enfin, un non-religieux peut critiquer un religieux qui parlerait de « défendre la démocratie » et vice versa.

.
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MessageSujet: Re: La démocratie au peigne fin   La démocratie au peigne fin EmptyVen 16 Fév - 20:49

Salam

Merci Haz d'avoir conclu, on y reviendra bientôt.
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MessageSujet: Re: La démocratie au peigne fin   La démocratie au peigne fin EmptySam 3 Mar - 15:55

Salam,

Dans cette étude que tu nous proposes sur l'usage et les déformations morphologiques du terme démocratie, tu soulignes exactement qu'elles permettent de suivre le dynamisme d'un terme dans la société où il est utilisé. Et le terme "démocratie" est en effet très dynamisé en France et dans le monde occidental. Il symbolise ce qu'il y a de meilleur, on retient l'image de l'ascension au paradis associée à ce terme tandis que l'on TOMBE en dictature ou en tyrannie.

Cela montre que les termes ne sont pas universels et dépendent du contexte langagier. Comment le termre "démocratie" est-il utilisé dans des pays non soumis à ce régime ? est-il dynamisé de la même façon par la multiplication des déformations morphologiques ? Et si ce n'est pas le cas pourquoi ?

Est-ce que je peux te demander une faveur ? Serait-il possible de produire le même type d'étude ethnolinguistique sur le terme "SHARI'A" ? en rance et en pays musulmans ? Nous pourrions pet-être voir les différences d'usage et aller plus loin dans les conclusions.
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