DC : les images

Salam aleykum

On n'aborde pas une religion sans en connaître l'histoire. Or, chaque tradition religieuse possède son histoire. Celle du christianisme n'est pas celle de l'islam. C'est pourquoi la terminologie et les approches qui ont été forgées pour régler le cas chrétien sont inopérantes dès qu'il s'agit d'appréhender d'autres religions.

Afin d'illustrer cette affirmation, on rappelera brièvement quelques unes des grandes dialectiques qui ont animé le christianisme depuis ses origines et ont contribué à lui donné la forme qu'il possède à présent.


La querelle des images


Le judaïsme respectait strictement l'interdit de la représentation humaine, qu'il considérait comme menant à l'idolâtrie et/ou à l'anthropomorphisme. Le christianisme primitif semble avoir fait de même, et ce n'est que sous la pression des nouveaux convertis d'origine païenne que Jésus a été pour la première fois représenté à partir du 2e siècle, notamment sous les traits de figures bien connues du monde gréco-romain tel Orphée ou Apollon. Au 6e siècle, les représentations classiques de la descente de croix et de la sainte face ont pris les formes qu'elles ont conservées par la suite. Mais cela n'a pas été sans amener des réticences, Jean Damascène notamment a dut défendre le culte des images. L'iconoclasme, ou refus des images, a engendré deux crises graves au sein de la Chrétienté, une première fois en Orient aux 8-9e siècles, une seconde fois en Europe occidentale, au 16e siècle, lors de la Réforme. La question était de savoir s'il était acceptable d'utiliser des images des prophètes ou des saints dans les Eglises au risque de les voir se transformer pour les fidèles en idoles disposant d'un pouvoir propre. Très souvent, les iconoclastes opposés au culte des images (ou des reliques) pénétrèrent en force dans les lieux de culte afin de détruire reliquaires et icônes par dizaines de milliers. En France même, peu d'églises ont réchappé à la fureur des Réformés. Cette querelle a laissé des traces durables, voir des Chrétiens entrer et profaner des églises par milliers, fut-ce au nom du Christ, a du bien évidemment entraîné un choc psychologique majeur pour les populations de l'époque, et ainsi entamer durablement le prestige de l'Eglise.

Chez les musulmans, durant la plus grande partie du Moyen-Âge, le consensus fut assez large pour prohiber la représentation humaine en générale et pour l'interdire complètement dans les lieux de culte. Au cours, des guerres, jamais ou presque les lieux de culte ne sont donc devenues des objets de controverse.