Salam aleykum
Célibat et plaisir
Pour les raisons citées précédemment, la notion même de plaisir charnel a toujours été très mal acceptée dans le christianisme. Parce que l'humain est une créature qui tend tout entière à se spiritualiser, parce que telle est sa destinée, tout ce qui la ramène à son statut d'être mortel et à sa condition humaine est une souillure contre laquelle il lui faut lutter (Romains, VIII, 3-13 ; I. Corinthiens, VII). A l'exemple du modèle christique, l'homme se doit d'être entièrement, pleinement tourné vers Dieu. On peut d'ailleurs discuter de savoir si cet idéal est une invention chrétienne ou si, comme le pensait M. Foucault, il n'est pas déjà en germe dans la philosophie antique, en particulier dans le néo-platonisme. Mais pour celui qui parcourt, non seulement les Evangiles mais encore les textes des Pères de l'Eglise et toute la littérature ultérieure, il n'en demeure pas moins évident que cette vision de la culpabilité du plaisir est à l'arrière plan de toute la réflexion chrétienne. Jamais une culture humaine n'a mis autant l'accent sur l'importance cruciale de la virginité et de l'abstinence. Ce qui a été l'une des sources de la dévotion mariale. Partant, donc, les relations charnelles ou même la simple vision de la nudité (concupiscence) ont été considérées rien moins que comme les portes d'entrée de l'Enfer. Lorsque les mœurs se sont libérées, l'une des accusations les plus récurrentes faites à l'Eglise a été celle d'avoir brimer la sexualité et d'avoir nier les corps pendant des siècles et des siècles.
Dans l'Islam, dès lors que le plaisir se situe dans le cadre socialement licite du mariage il n'a jamais été condamné ni dévalorisé. Certains savants et certaines "saintes" ont certes refusé le mariage, mais ils l'ont fait de leur propre choix et sans engager les autres à les suivre dans cette voie toute personnelle.