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 "Un commandeur, ses fidèles" ?

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Agone
Junior



Nombre de messages : 35
Date d'inscription : 17/11/2006

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MessageSujet: "Un commandeur, ses fidèles" ?   "Un commandeur, ses fidèles" ? EmptyLun 19 Fév - 12:01

Salam aleykoum,

Citation :
Un commandeur, ses fidèles


LE MONDE DES LIVRES | 01.02.07 | 12h02 • Mis à jour le 01.02.07 | 12h02


C'est l'un des attributs les plus mystérieux du pouvoir, politique, religieux ou encore intellectuel : avant tout discours, en deçà de toute argumentation, sa capacité à provoquer le respect, voire la soumission ; son aptitude à créer, autour de lui, l'élan individuel comme l'effervescence collective. En période de campagne électorale, quels que soient les gaffes des unes, les faux pas des autres, un tel phénomène se manifeste bien sûr avec une intensité toute particulière.



Certes, au sein de nos démocraties modernes, et sous l'oeil des caméras, ce qu'on nomme "charisme" est une chose plutôt fragile : "Ce sont aujourd'hui l'effacement des distances et la banalisation qui menacent les pouvoirs. Trop proche, trop visible ! Le charisme, ça ne se reçoit plus, ça se travaille. Les anciennes recettes n'y suffisent plus...", note Yves Pourcher dans un bref essai intitulé Politique parade. Pouvoir, charisme et séduction (Seuil, 240 p., 17 €).

L'ethnologue y décrit les artifices de plusieurs têtes couronnées (Mohammed VI, entre autres) et les astuces de quelques présidents (Reagan, Mitterrand, Chirac) : "Qu'ont-ils de rare, d'unique peut-être, ces "faiseurs de sympathie" ? Dans toutes les langues, les mots abondent : aura, rayonnement, présence inégalée, grâce, baraka, chaleur, talent et, pour finir, sésame du pouvoir, toujours là, le charisme. Enigme des lieux et des personnalités ? Certains sont allés voir..."

Oui, ils sont quelques-uns, ethnologues et sociologues, mais aussi historiens et philosophes, à explorer non seulement les territoires de l'enthousiasme politique, mais aussi les limites de toute croyance vécue. C'est à leurs travaux respectifs que ce dossier est consacré.

A commencer par l'enquête de Nicolas Mariot sur les "récits de liesse" qui entourent d'ordinaire les déplacements présidentiels à travers la France : "Je ne me laverai pas les mains de trois jours !", s'exclamait par exemple une femme qui venait tout juste de serrer la main du général de Gaulle, en avril 1963, dans l'Aube.

Pour autant, cet enthousiasme vaut-il engagement politique ? Rien n'est moins sûr, affirme Nicolas Mariot dans Bains de foule. Les voyages présidentiels en province, 1888-2002 (Belin, "Socio-histoires", 352 p., 24 €). Interrogeant le sens des acclamations, hourras et autres chapeaux jetés en l'air, le jeune sociologue montre qu'il y a souvent loin du "faire" au "croire", et que, contrairement à une idée reçue, applaudir ne signifie pas forcément adhérer.



Jean Birnbaum
Article paru dans l'édition du 02.02.07
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Agone
Junior



Nombre de messages : 35
Date d'inscription : 17/11/2006

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MessageSujet: Re: "Un commandeur, ses fidèles" ?   "Un commandeur, ses fidèles" ? EmptyLun 19 Fév - 12:02

Citation :
Nicolas Mariot, sociologue


"Pas de propagande. Juste une bonne préparation"


LE MONDE DES LIVRES | 01.02.07 | 12h02 • Mis à jour le 01.02.07 | 12h02


Comment en êtes-vous venu à travailler sur les "promenades présidentielles" et sur "l'esprit de liesse" qui les entoure ?

Ma première rencontre avec la politique remonte à 1986. J'avais 16 ans, j'étais élève à Besançon, je participais (doucement) au mouvement contre la réforme Devaquet. J'ai eu le sentiment que la manifestation était une sorte de figure obligée de l'adolescence. Plus tard, j'ai étudié l'histoire à Sciences Po. Là-bas, de Michel Winock à Jean-Pierre Rioux, chacun entonnait le même couplet sur les fêtes qui "intègrent", les grands moments d'effervescence collective qui jouent un rôle fondamental dans la "construction" de l'identité nationale. Je me suis dit : allons vérifier ! Et j'ai choisi de travailler sur les voyages présidentiels.




Quelle a été votre méthode ?

Il s'agissait de comprendre ce mystère : pourquoi le voyage en province semble ne jamais connaître l'échec, au sens où le président reçoit systématiquement, dit-on, son quota de vivats et d'acclamations ? Cet immanquable succès repose en fait sur une formule simple qui consiste à dire : si les gens applaudissent, c'est qu'ils y croient. Tous les commentateurs, soutiens ou opposants au président, restent dans le cadre de ce schéma déductif : de la description des comportements, ils infèrent ce que les gens croient. Pourtant, chacun s'est déjà retrouvé à applaudir un spectacle qu'il a trouvé "moyen", par politesse ou mimétisme. On peut donc expliquer le succès des visites sans le faire reposer sur le charisme présumé du président, ou le civisme supposé des spectateurs. Le rôle des préparatifs est essentiel : ils plantent le décor et mettent les citoyens en situation de spectateurs. D'ailleurs, pendant longtemps, on organise des fêtes (spectacles militaires, feux d'artifice...) qui rendent la présence présidentielle presque marginale. Même de Gaulle se laisse tromper par ce décor : en 1959, il stoppe dans un village où il n'est pas censé marquer l'arrêt, parce qu'il croit reconnaître les signes habituels de l'accueil. Le quiproquo est entier, car si le maire a passé l'écharpe tricolore, c'est pour célébrer une foire porcine, pas l'auguste voyageur...


Votre enquête s'appuie essentiellement sur des archives écrites. Pourquoi ne pas être allé à la rencontre de celles et ceux qui se sont rassemblés afin de voir le président ? Pourquoi ne pas leur avoir demandé : "Que faites-vous là ?"

Au début, j'y suis allé. J'ai passé des questionnaires dans le public d'une visite de François Mitterrand à Lille, mais je pourrais résumer l'enquête en disant qu'elle a consisté à prendre lentement conscience que cette question n'a pas de sens. Pourquoi ? Evidemment savoir que les gens sont là par hasard ou, à l'inverse, parce qu'ils sont "sympathisants" n'est pas sans intérêt. Mais cela empêche de voir l'essentiel, c'est-à-dire le fait que les acclamations sont des comportements qui ont pour caractéristique d'être dépersonnalisés. Qu'est-ce que cela veut dire ? Que ce sont des attitudes qui peuvent se passer de sentiments ou de croyances, des gestes que tous les participants peuvent faire sans avoir à les justifier. Voilà ce qui fait leur force.


Pour vous, il n'y a aucune nécessité à aller chercher "ce que les gens ont dans la tête". Peut-on bâtir une sociologie du politique sans prendre au sérieux l'intime conviction ?

Oui. Les convictions, dans ce travail, je m'en moque complètement ! Tout l'objectif du livre est d'expliquer comment la liesse et l'effervescence sont des institutions comme les autres : elles préexistent à leur réalisation parce qu'elles ont été apprises, notamment dans le cadre familial ou à l'école. C'est pourquoi les élus locaux comme les policiers des RG ne se trompent guère en prévoyant non seulement l'affluence, mais même l'enthousiasme. Il n'y a là ni dressage ni propagande bien menée, juste une bonne préparation. Vous remarquerez d'ailleurs que cela est tout à fait admis pour le "Téléthon" par exemple. Dans un contexte politique, en revanche, on dénonce une "claque", on voit dans l'organisation la preuve d'une manipulation, comme si l'applaudissement devait être spontané pour être "vrai".


Vous-mêmes, vous ne croyez à rien ?


Si. Je crois à la sociologie ! Il n'y a guère de surprise en la matière. J'ai évidemment des convictions personnelles, mais je possède surtout la plupart des déterminants qui permettent d'expliquer un fort intérêt pour la politique : capital scolaire élevé, socialisation à la politique... Or toutes les études électorales le constatent : la majorité des gens sont peu politisés, la plupart ne reconnaissent même pas les hommes politiques sur une photo. Et pourtant ils votent ! Et ça n'a rien de grave. Je crois qu'en général on accorde beaucoup trop de place aux effets de croyance. Or, en temps ordinaire, la vie d'un régime repose plus sur les routines et le conformisme que sur l'engagement citoyen, sans qu'il faille y voir un drame. La vie en commun suppose le partage d'idées qui ne sont souvent rien d'autre que des présupposés auxquels nous donnons un assentiment sans y penser, parce que nous n'y avons simplement jamais réfléchi.



Propos recueillis par Jean Birnbaum
Article paru dans l'édition du 02.02.07
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