Vous souhaitez réagir à ce message ? Créez un compte en quelques clics ou connectez-vous pour continuer.



 
AccueilAccueil  PortailPortail  RechercherRechercher  Dernières imagesDernières images  S'enregistrerS'enregistrer  ConnexionConnexion  
Le Deal du moment : -50%
-50% sur les sacs à dos pour ordinateur ...
Voir le deal
19.99 €

 

 L'Envoyé et le Réformateur

Aller en bas 
2 participants
AuteurMessage
Abd95
Confirmé
Abd95


Nombre de messages : 477
Date d'inscription : 28/10/2006

L'Envoyé et le Réformateur Empty
MessageSujet: L'Envoyé et le Réformateur   L'Envoyé et le Réformateur EmptyMar 17 Avr - 13:00

L'Envoyé et le Réformateur

Il est probable que tous ceux que se sont un jour penchés sur le sujet aient déjà observé les nombreux points de convergence existant entre la version calviniste du christianisme et l'islam. Or, il est probable que cette concordance doive beaucoup à la personnalité de leurs fondateurs respectifs. Bien sûr, et cela va sans dire, les différences sont nombreuses, et qui plus est essentielles, entre la figure de l'Envoyé (sws) et celle de Jean Calvin. L'un fut un prophète, l'autre un théologien. L'un était chrétien (en ce sens qu'il était convaincu par mission rédemptrice du Fils de Dieu), l'autre pas. En outre, même en redoublant d'efforts, on notera peu de traits communs entre l'Arabie du 7e siècle et la Genève du 16e. Enfin, le calvinisme s'inscrit dans un mouvement qu'il n'a pas impulsé (la réforme protestante) alors que l'avènement de l'islam apparaît plus subite.

Pour autant, les relations qui unissent les deux hommes sont très étroites. Et cela sur trois plans : leur parcours, leur principes, leurs méthodes.

Quant à leur parcours. Ils appartenaient tous les deux, si l'on peut dire, à une sorte de classe moyenne supérieure. Ils ont tous les deux perdus leur mère durant leur enfance, ce qui a sans aucun doute du avoir une influence déterminante sur leur personnalité. Bien que de tempérament mystique dès leur plus jeune âge, ils ne se destinaient pas à une carrière sacerdotale. Ils n'appartenaient donc pas aux structures religieuses de leur temps et ils ont tous les deux étaient en quelque sorte "happés" par les évènements, une révélation divine pour l'un, le contexte de la réforme et la nécessité de l'engagement pour l'autre. Ces évènements ont bouleversé leur existence et lui ont donné un tour inattendu, un tour face auquel ils ont d'abord eu tendance à exprimer des doutes, avant finalement de se donner corps et âme à leur mission. L'honnête marchand caravanier ainsi que le timide étudiant sont devenus en quelques années les chefs religieux et politiques de communautés comptant des dizaines (puis des centaines) de milliers de membres. En but à la vilénie d'une structure sociale et religieuse dont ils ont contesté avec virulence la légitimité, ils ont du tous les deux quitter leur pays, l'un pour Médine, l'autre pour Genève. Arrivés sur les lieux de leur retraite, une nouvelle période d'épreuves a débuté pour les deux proscrits. A plusieurs siècles de distance ils ont du affronter les mêmes défis, à savoir organiser l'accueil des réfugiés sans cesse plus nombreux qui les avaient suivis tout en affrontant les séditieux afin de sauvegarder une unité doctrinale toujours menacée. Durant des époques particulièrement difficiles, ils ont tenu bon face à des pouvoirs en apparence bien plus puissants qu'eux. Ainsi, un seul oasis est-il parvenu à résister à toute l'Arabie coalisée tandis que la petite cité genevoise a mis à mal le plus grand royaume d'Europe. Le "prophétat" de Muhammad (sws) dura vingt-deux ans, Calvin fut le premier magistrat de sa cité durant vingt-trois années. Deux décennies auront donc suffit à ces deux hommes pour bouleverser un ordre des choses plusieurs fois centenaires. Ce faisant ils sont devenus à la fois les personnalités les plus haïes et les plus aimées de leur époque. Encore aujourd'hui ils suscitent le débat, mais ils sont morts en sachant que leur action avait représenté une étape décisive de l'histoire de la pensée humaine. Plus prosaïquement on peut rappeler qu'ils ont quitté la vie sensiblement au même âge, que la femme de leur vie fut une veuve, qu'ils ont perdu tous les deux leurs enfants en bas âge et qu'ils ont eu pour successeur leur plus ancien et plus fidèle disciple (respectivement Abu Bakr [ra] et Théodore de Bèze). Avant que quitter ce monde ils ont mis en garde leurs héritiers sur le grave danger qu'il y avait à faire de faire de leur sépulture un lieu de pèlerinage. A cet égard ils ont insisté pour que leur tombe soit la plus dépouillée possible, en rappelant que l'homme se doit d'offrir ses dévotions à Dieu seul. Enfin, les traditions religieuses qu'ils ont fondées restent encore extraordinairement vivantes (même si Calvin n'occupe bien évidemment pas dans le calvinisme une place identique à celle de Muhammad sws dans l'islam). Le monde compte effectivement plus d'un milliard de musulmans tandis que le nombre de fidèles priant chaque jour dans des églises dont la filiation spirituelle remonte directement ou indirectement à la Genève calviniste approche presque ce chiffre.

Quant à leurs principes. Ils se sont tous les deux pensés comme des rénovateurs, et non comme des novateurs. Ils ont toujours fait montre d'un optimisme imperturbable et d'une absolue confiance en leur destinée. Ils étaient tous deux animés d'une ambition théorique et pratique extraordinairement élevée, puisqu'il ne s'agissait rien de moins, pour Muhammad, que de recréer la communauté des fidèles d'Abraham, et pour Jean Calvin, de reconstituer la communauté apostolique en sautant par-dessus quinze siècles de glose chrétienne. Ils ont eu la même vision d'un Dieu totalement souverain ("A Dieu seul la gloire" est toujours resté le mot d'ordre du calvinisme). Un Dieu avec lequel on ne transige pas, avec qui on ne monnaye pas, face auquel on ne triche pas. Un Dieu dont la Parole est toute entière contenue dans un Livre saint, qui offre un accès direct à Dieu, sans l'intermédiaire d'un clergé. Dans la droite ligne de cette vision, ils ont prôné le développement d'un culte simple, épuré, et furent de virulents iconoclastes. Ils ont toujours mis en avant le primat de la foi sur la Loi, mais tout en insistant sur leur complémentarité irréductible. Ils ont prêché pour que les croyants se rendent dignes de l'au-delà et maintiennent l'ici-bas, lieu des vanités humaines, à sa juste place. Eux-mêmes ont vécu dans l'humilité et la frugalité, mais ils ont réprouvé les excès d'ascétisme, blâmé le célibat et tenu à encourager l'esprit de commerce.

Quant à leurs méthodes. Ce furent avant tout des sermonneurs inlassables et des orateurs grandioses, presque toujours en chaire, au point qu'ils ont contribué à renouveler la langue dans laquelle ils s'adressaient à leurs coreligionnaires. Dans la vie privée ils étaient d'une douceur infinie mais en face de leurs responsabilités publiques ils se montrèrent inflexibles. Ils furent des organisateurs hors pairs, acharnés de travail et dotés d'une mémoire fabuleuse. Leur action extérieure était double et toute entière dédiée à la réalisation de leur apostolat. D'une part ils n'ont cessé d'envoyer des missionnaires à travers le monde (jusqu'en Ecosse pour Calvin), missionnaires dont ils ont surveillé avec attention les progrès (par ailleurs spectaculaires). Ils ont aussi entretenu d'immenses réseaux de relations. D'autre part, s'ils n'ont pas cherché l'affrontement avec l'ennemi, ils l'ont accepté avec fermeté lorsqu'il s'est imposé à eux, et ils ont fait lever (directement ou indirectement) de puissantes armées. Calvin (contrairement à Muhammad sws) n'a pas pris la tête de ses troupes mais il les a guidé par son magistère, et l'un de ses inspirateurs, U. Zwingli, n'aura pas hésiter quant à lui à se faire soldat. Quant à leur action intérieure, on peut la résumer en deux mots : dévotion et discipline. Ils ont avant tout souhaité mettre sur pied des communautés fondées sur la foi, des communautés égalitaires, dynamiques. Ils ont lutter de pied ferme contre les divisions à l'œuvre dans la société traditionnelle (ainsi en 1546, Calvin obtint une loi imposant les prénoms bibliques, créant ainsi une rupture lignagère). Ils ont crée des structures dont la solidité devait s'avérer remarquable. Ils ont également contribué à faire de leurs cités-états respectives de véritables villes écoles, toutes entières dédiées à l'étude des écritures saintes. Enfin, ils n'ont cessé de mettre l'accent sur l'importance de la charité (institution de l'aumône légale, création d'hospices) et ont mené d'intenses et incessantes campagnes de moralisation des mœurs.

Pour le chrétien, comme pour le musulman, il n'est pas question de mettre les deux hommes sur le même plan, ni de comparer leur foi, ou de les juger en fonction des mêmes critères. Mais en ces temps de division, il est peut-être tout simplement utile de mettre l'accent sur les points communs entre ces deux traditions religieuses tout en saluant la mémoire de deux personnalités d'exception plutôt que de se répandre en vaines invectives.
Revenir en haut Aller en bas
http://www.elirshad.com/
Talib
Confirmé
Talib


Nombre de messages : 111
Date d'inscription : 10/11/2006

L'Envoyé et le Réformateur Empty
MessageSujet: Re: L'Envoyé et le Réformateur   L'Envoyé et le Réformateur EmptyMar 17 Avr - 18:57

Essalem aleikom

Citation :
Bien que de tempérament mystique dès leur plus jeune âge, ils ne se destinaient pas à une carrière sacerdotale

Calvin devait normalement rejoindre les rangs de l'Eglise, sa destinée dès l'enfance était tracée. Ce n'est qu'étudiant qu'il a orienté sa vocation vers d'autres disciplines : la jurisprudence tout d'abord.

Citation :
Ils n'appartenaient donc pas aux structures religieuses

Calvin était d'abord catholique puis il a adhéré à la réforme prônée par Luther. Il a ensuite lui-même développé une théorie du culte.

Citation :
ils ont du tous les deux quitter leur pays, l'un pour Médine, l'autre pour Genève.

Calvin n'est pas directement arrivé à Genève, il a d'abord séjourné à Angoulême puis à Bâle et a produit des travaux religieux dans ces villes avant de rejoindre Genève. Les villes dans lesquelles il se réfugie sont protestantes, donc d'un culte auquel il appartient, il se range dans une structure qui ne lui est ni étrangère ni hostile. Lorsqu'il se rend à Bâle, sa doctrine prend forme, à travers ses ouvrages dont L'Institution Chrétienne. Calvin est très tôt en phase avec une théorie de la pragmatique contrairement à Muhammad qui n'a commencé à développer cette pragmatique que très tard de par la Révélation. Enfin bref, il n'a pas fui à Genève, il s'y est rendu librement après son séjour à Bâle.

Quand il arrive à Genève, il arrive dans une structure protestante déjà établie avec ses écoles, il est d'ailleurs lui-même professeur. Il dirige toute théorisation du culte mais il n'est pas lui-même le fondateur de l'Eglise réformée, il la récupère. Et Genève n'est pas une ville de refuge ni celle de la fondation de sa doctrine comme pour Muhammad avec Médine puisqu'il doit fuir à nouveau pour Strasbourg, sa théorie étant massivement rejetée.

Citation :
A plusieurs siècles de distance ils ont du affronter les mêmes défis, à savoir organiser l'accueil des réfugiés sans cesse plus nombreux qui les avaient suivis tout en affrontant les séditieux afin de sauvegarder une unité doctrinale toujours menacée.

Accueillir n'est pas le bon mot. Calvin est au contraire celui qui a instauré par la menace une doctrine toute personnelle de la foi. Il n'accueillait pas autant de réfugiés qu'il n'en chassait de la ville. C'est d'ailleurs tout son problème et en même temps ce qui a fait sa force.
Il y a encore une chose plus abstraite peut-être, c'est que Calvin n'extériorise pas la fondation de sa doctrine, il l'a fait bien sienne, ce sont ses idées, ses théories, ses lois qu'il impose au Conseil, sans l'apport extérieur d'une révélation, d'un texte, d'un homme, d'un prophète, d'une illumination... Il n'est pas animé par un désir de partage de choses qui s'imposent par elles-mêmes mais du partage de ses prérogatives.

Nous sommes d'accord sur l'absence de clergé véhiculée par les deux doctrines, musulmanes et calvinistes.
Revenir en haut Aller en bas
Abd95
Confirmé
Abd95


Nombre de messages : 477
Date d'inscription : 28/10/2006

L'Envoyé et le Réformateur Empty
MessageSujet: Re: L'Envoyé et le Réformateur   L'Envoyé et le Réformateur EmptyMer 18 Avr - 1:03

Talib a écrit:
Calvin devait normalement rejoindre les rangs de l'Eglise, sa destinée dès l'enfance était tracée. Ce n'est qu'étudiant qu'il a orienté sa vocation vers d'autres disciplines : la jurisprudence tout d'abord

Je le sais bien, il n'empêche qu'il a erré avant de choisir sa voie, et qu'il n'appartenait pas comme Luther au petit cénacle des théologiens réputés.

Citation :
Calvin était d'abord catholique puis il a adhéré à la réforme prônée par Luther. Il a ensuite lui-même développé une théorie du culte

Oui, mais il n'était pas cardinal, évêque ou professeur en Sorbonne, voilà pourquoi je dis qu'il n'appartennait pas aux structures religieuses de son temps. Bien évidemment, en tant que fidèle il était membre de la communauté au sens large.

Citation :
Calvin n'est pas directement arrivé à Genève, il a d'abord séjourné à Angoulême puis à Bâle et a produit des travaux religieux dans ces villes avant de rejoindre Genève

Je n'ai jamais dis qu'il avait fuit Genève, j'ai dis qu'il avait fuit la France, où il était menacé de finir sur le bucher.

Quant aux périgrinations de Calvin entre Genève, Bâle et Strasbourg, bien évidemment, on ne va pas faire de parallèle parfaitement exactes entre l'hégire et le départ vers la Suisse. L'important, c'est d'insister sur la notion "d'exil" au sens large.

Citation :
Accueillir n'est pas le bon mot. Calvin est au contraire celui qui a instauré par la menace une doctrine toute personnelle de la foi. Il n'accueillait pas autant de réfugiés qu'il n'en chassait de la ville

Parce que Genève ne pouvait pas accueillir tous les exilés français, et parce que selon lui leur tâche était en France. Il n'empêche que la population de la ville s'est multiplié en quelques décennies, preuve d'une arrivée massive.

Citation :
l'apport extérieur d'une révélation, d'un texte, d'un homme, d'un prophète, d'une illumination

J'ai bien précisé en exergue qu'il n'a jamais revendiqué un quelconque statut prophétique.

Citation :
Nous sommes d'accord sur l'absence de clergé véhiculée par les deux doctrines, musulmanes et calvinistes.

Il y a plus, la vision du Dieu souverain est également primordiale, sans compter d'autres éléments.
Revenir en haut Aller en bas
http://www.elirshad.com/
Talib
Confirmé
Talib


Nombre de messages : 111
Date d'inscription : 10/11/2006

L'Envoyé et le Réformateur Empty
MessageSujet: Re: L'Envoyé et le Réformateur   L'Envoyé et le Réformateur EmptyMer 18 Avr - 18:56

Citation :
Je le sais bien, il n'empêche qu'il a erré avant de choisir sa voie, et qu'il n'appartenait pas comme Luther au petit cénacle des théologiens réputés.

Erré ? Non, il n'a pas erré, il a été éduqué dans le catholicisme, s'est destiné dans un premier temps à l'Eglise puis il s'est tourné vers la Jurisprudence et s'est rapproché de Luther. Errer aurait signifié qu'il aurait vagabondé par-ci par-là sans connaître de chemin, sans avoir de volonté, mais ce n'est pas le cas de Calvin.
Quant à ses alliances, il en a eu auprès du cercle de Luther, des partisans de la Réforme qui lont fourni les clés de sa "conversion", Calvin n'était pas du tout isolé.

Citation :
Oui, mais il n'était pas cardinal, évêque ou professeur en Sorbonne, voilà pourquoi je dis qu'il n'appartennait pas aux structures religieuses de son temps. Bien évidemment, en tant que fidèle il était membre de la communauté au sens large.

Il y appartenait justement au titre de professeur de théologie à Genève. Il avait un statut dans la hiérarchie du domaine universitaire genevois. Et en tant que membre de la communauté avant sa qualification professorale, ce n'est pas au sens large qu'il l'a été mais au sens bien restreint de prêche continuel, de publication d'ouvrages, d'implication très concrète avec des missions prosélytes affirmées. Il était tel un missionnaire pour la Réforme.

Citation :
Je n'ai jamais dis qu'il avait fuit Genève, j'ai dis qu'il avait fuit la France, où il était menacé de finir sur le bucher.

Il a tout de même dû fuir Genève mais j'ai bien compris ton propos. Il faut juste le nuancer en précisant qu'il n'a pas fui la France pour Genève mais qu'il a fui la France pour Bâle et c'est à Bâle qu'il publie et traduit son ouvrage de référence, L'Institution chrétienne

Citation :
Quant aux périgrinations de Calvin entre Genève, Bâle et Strasbourg, bien évidemment, on ne va pas faire de parallèle parfaitement exactes entre l'hégire et le départ vers la Suisse. L'important, c'est d'insister sur la notion "d'exil" au sens large.

J'y compte bien car le raccourci est trop rapide. La première impression de lecture laissait supposer qu'il y avait matière à comparer le séjour de Calvin à Genève au séjour de Muhammad à Médine. Mais le contexte et les configurations de ces séjours sont très différents, il n'y a aucune possibilité de faire des comparaisons. Le rôle que Calvin a eu à Genève lui a valu de s'exiler à nouveau tandis que Muhammad a constitué une sorte d'"Etat" à Médine, ville d'ailleurs rebaptisée après son passage. N'étant qu'une petite bourgade sans importance et recueillant diverses formes de culte, il en a fait la première capitale du monde musulman, si l'on réduit le rôle de La Mecque et si l'on tient compte de l'histoire immédiate des premiers califes qui s'y sont installés.
Genève est certes le point culminant de la République calviniste mais on ne peut pas établir qu'il y ait une rupture radicale dans le dogme au même titre qu'à l'apparition de l'Islam qui rompait tout lien avec le polythéisme en faveur du monothéisme supérieur. Calvin a usé de son pouvoir pour imposer sa doctrine. Genève était à son retour préparé à la transition même si on peut déplorer la sévérité de Calvin et sa facilité à condamner à mort ou à l'exil ses opposants. En fait, à ce niveau, peut-être qu'une comparaison pourrait être faite avec le retour de Muhammad à La Mecque. Mais dans l'absolu, je ne suis pas comparatiste.

Citation :
Parce que Genève ne pouvait pas accueillir tous les exilés français, et parce que selon lui leur tâche était en France. Il n'empêche que la population de la ville s'est multiplié en quelques décennies, preuve d'une arrivée massive.

L'exil était une punition pour les Genevois, Calvin accueillait les réfugiés mais pas autant qu'il ne chassait de Genevois. Ce n'est pas une querelle de chiffres qui importe dans ce discours, c'est juste l'idée de montrer que l'accueil était soumis à des conditions très strictes liées à une vision personnelle de la foi et non universelle.

Citation :
J'ai bien précisé en exergue qu'il n'a jamais revendiqué un quelconque statut prophétique.

Oui, je ne disais cela que pour bien noter le contraste de personnalité entre Calvin et Muhammad. L'un est dans une reconsidération très personnelle de la Réforme, l'autre est inspiré de Dieu, les deux combats ne s'intègrent dans la même dynamique, c'est tout.

Citation :
Il y a plus, la vision du Dieu souverain est également primordiale, sans compter d'autres éléments.

En effet, il y a beaucoup de points communs entre les deux doctrines, je ne sais s'il y en a autant qu'il n'existe de points divergents. Fondamentalement, la filiation du Christ qui est le point le plus rejeté par la doctrine islamique n'est pas revisitée par Calvin. On peut se focaliser sur le combat contre la sorcellerie, contre les ordres ecclésiastiques, contre l'iconoclastie, toutes les dérives de ce que l'on appelle le catholicisme mais le Christianisme reste ce qu'il est, dans sa dimension première. C'est pourquoi j'ai toujours du mal à travailler sur des études comparatistes de personnages historiques, le contexte étant trop important et les fondamentaux étant trop souvent oubliés dans ce type d'études. Bien sûr, je ne te fais pas de procès, je sais que tu assumes très bien ce type de comparaison et que tu as noté en tout premier lieu que fondamentalement, il n'invitait à considérer les deux parcours comme identiques. Cependant, même avec une mise en garde, on invite quelque part le lecteur à adhérer à la vision comparatiste, dans un but noble, mais dont on connaît très peu l'impact positif scientifiquement parlant.
Revenir en haut Aller en bas
Abd95
Confirmé
Abd95


Nombre de messages : 477
Date d'inscription : 28/10/2006

L'Envoyé et le Réformateur Empty
MessageSujet: Re: L'Envoyé et le Réformateur   L'Envoyé et le Réformateur EmptyVen 20 Avr - 11:13

Salam

Je ne suis pas comparatiste au sens où j'annoncerai que l'histoire se répète, mais au sens où je fais remarquer que, mutatis mutandis, la vague de foi qui a submergé l'Orient au 7e siècle et celle qui a bouleversé l'Europe au 16e siècle présente des similitudes. Similitudes qui tiennent en partie à l'action et à la personnalité de ceux qui les ont mis en oeuvre. A partir de là, tout est différent ...

Ces remarques permettent de constater des permanences dans le rapport à Dieu, dans le rapport à la Parole de Dieu, dans le rapport aux institutions religieuses, etc. Autant de faits significatifs pour celui ou celle qui étudie l'anthropologie religieuse.

De plus, puisque les chrétiens évangéliques protestants et les musulmans seront de plus en plus nombreux à vivre ensemble dans les quartiers populaires de France et d'ailleurs, il est peut être interressant de jeter des ponts entre eux plutôt que de les opposer.
Revenir en haut Aller en bas
http://www.elirshad.com/
Abd95
Confirmé
Abd95


Nombre de messages : 477
Date d'inscription : 28/10/2006

L'Envoyé et le Réformateur Empty
MessageSujet: Re: L'Envoyé et le Réformateur   L'Envoyé et le Réformateur EmptyLun 1 Oct - 16:07

Salam

Je viens d'achever la lecture du Jean Calvin, de Denis Crouzet, chez Fayard. Or je persiste. Des passages entiers de cet excellent livre pourraient servir d'appui à une biographie contemporaine de l'Envoyé (sws) ...

Calvin s'est véritablement pensé comme le restaurateur de la religion vraie, comme le commentateur inspiré des Ecritures ...

Je ne vais pas entrer dans le détail du livre mais je le conseille à tous ... ce qui est dit de la prédestination, de l'iconoclasme, du rapport à la Loi, de l'éthique, du rapport à la culture profane, de la vision de la famille, de la société, de la foi en Dieu etc. pourrait s'appliquer à l'islam, au détail près parfois ...

Le soufisme c'est l'islam christianisé disait Asin-Palasios, et bien je crois que l'on peut ajouter que le calvinisme, c'est sans doute le christianisme islamisé ...
Revenir en haut Aller en bas
http://www.elirshad.com/
Contenu sponsorisé





L'Envoyé et le Réformateur Empty
MessageSujet: Re: L'Envoyé et le Réformateur   L'Envoyé et le Réformateur Empty

Revenir en haut Aller en bas
 
L'Envoyé et le Réformateur
Revenir en haut 
Page 1 sur 1
 Sujets similaires
-
» Muhammad Abduh ou le paradoxe du réformateur
» Portrait : l'intellectuel réformateur de l'islam
» Réformateur tunisien, Tahar Ben Ashur (m. 1974)

Permission de ce forum:Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
 :: L'Espace interreligieux :: D'une religion à une autre-
Sauter vers: