Après avoir passé quatre mois en prison entre novembre 2005 et avril 2006 pour son rôle dans l'affaire BALCO, Victor Conte, l'homme par qui le scandale est arrivé, se livre dans les colonnes de L'Equipe ce mercredi. L'homme d'affaires américain donne son point de vue sur l'étroite relation qui s'est développée au fil des années entre l'athlétisme et le dopage et dévoile quelques vérités cachées.
Conte reconnaît froidement son implication dans le dopage et le monde de l'athlétisme mais souligne le fait qu'il était loin d'être le seul à avoir fourni des produits dopants aux athlètes : « Selon moi, à Sydney, pour les JO de 2000, la moitié des 10000 sportifs présents se dopaient ou utilisaient des méthodes dopantes. On a prouvé que quinze d'entre eux étaient liés chez moi. Chez qui se fournissaient les 4985 autres ? ».
Le patron de SNAC (Scientific Nutrition for Advanced Conditionning) revient également sur les motivations qui poussent les athlètes à franchir la limite et, s'il ne les défend pas, il les comprend tout du moins : « Je ne dis pas que c'est bien, mais je ne les blâme pas car je crois qu'ils n'ont simplement pas le choix s'ils veulent gagner. La mentalité est devenue celle du ''use or lose'', utilise (des produits) ou perds. » Conte va même jusqu'à affirmer que la plupart des records sont établis par des sportifs dopés.
Alors quel futur nous réserve le sport si ses plus grandes vedettes prennent des substances dopantes ? Pour l'ancien président de BALCO, l'avenir reste très flou et Conte est pessimiste quant à une amélioration prochaine de la situation : « Je ne vois pas les choses changer à court terme. Il n'y a pas la volonté nécessaire de tout le monde pour avouer sa part de responsabilité et travailler ensemble. On est encore dans le déni».
"A chaque fois que vous voyez que l'homme et la femme les plus rapides au monde viennent du même club, qu'il soit à Los Angeles, en Caroline du Nord ou en Jamaïque, vous pouvez vous interroger". Conte y est allé également de son petit commentaire sur Asafa Powell, le recordman du monde du 100m (9"77) : "Les contrôleurs vont-ils en Jamaïque hors-saison ? Que je sache, les sprinteurs les plus rapides l'an passé étaient jamaïcains. Tout cela manque de transparence".