Salam aleikoum
Voici un article des plus intéressants:
Marx et le colonialisme
mercredi 10 mars 2004, par Abdellali Hajjat
« L’Angleterre a une double mission à remplir en Inde : l’une destructrice, l’autre régénératrice - l’annihilation de la vieille société asiatique et la pose des fondements matériels de la société occidentale en Asie » Karl Marx (1853).
Ce texte vise à rendre compte de manière impartiale la relation entre Marx et le colonialisme, en posant la question suivante : quelles ont été ses prises de position lors de la conquête des Indes par les Britanniques ?
INTRODUCTION
Toutes les librairies qui se veulent alternatives ont dans leurs rayons ces petits livres, peu onéreux, qui véhiculent une critique plus ou moins construite de notre société capitaliste et sécuritaire. Les maisons d’édition se sont spécialisées sur ce créneau (L’esprit frappeur, Mille et une Nuits, etc.) et, même si l’une d’entre elles (Mille et une nuits) au moins appartient à une transnationale de l’édition (Lagardère). En tout cas, ces ouvrages plus ou moins courts jouent un rôle de transmission des mémoires et des analyses pour les luttes non négligeable dans notre paysage médiatique dépourvu d’intérêt.
C’est sur l’un d’entre eux que je voudrais attirer l’attention : Du colonialisme en Asie. Inde, Perse, Afghanistan [1], qui réunit une sélection d’articles de Karl Marx et de Friedrich Engels provenant de Textes sur le colonialisme [2].
La quatrième de couverture présente cette sélection de la manière suivante : « Rares sont les auteurs, et plus encore les philosophes, qui ont consacré quelques pages de réflexion et d’analyse à l’Asie centrale au XIXème siècle. Rédigées dans les années 1850, les articles ˝anticolonialistes˝ de Friedrich Engels et de Karl Marx exposent les manœuvres britanniques pour s’imposer en Inde, les luttes d’influence entre la Russie, la Perse (l’Iran), les Français et les Anglais, et rapportent la guerre britannique de 1838-1842 en Afghanistan. Alors, toute lecture marxiste est-elle dépassée ? Non, la force de leurs analyses géostratégiques, où se dessine déjà le marxisme sous le propos journalistique, reste, hélas, d’une exceptionnelle actualité ».
Ces articles sont d’une exceptionnelle « actualité », mais sûrement pas de la manière où l’entend Gérard Filoche, qui a établi cette édition. En effet, dans sa postface, celui-ci considère que « Chaque article, présenté à juste titre comme ˝anticolonialistes˝, consacré par les deux auteurs à la Compagnie des Indes (la ˝World Company˝ du XIXème siècle), aux manœuvres britanniques pour s’imposer en Inde […] résonne à nos oreilles comme les prémisses de ce que nous voyons sur les écrans de télévision du monde entier en ce début de XXIème siècle ». On verra que l’« anticolonialisme » de Marx reste à prouver.
Ce texte vise à rendre compte de manière impartiale la relation entre Marx et le colonialisme, en posant la question suivante : quelles ont été ses prises de position lors de la conquête des Indes par les Britanniques ? Dans un premier temps, on montrera que force est de constater qu’il a légitimé, au nom de l’« Histoire universelle », la colonisation britannique. Dans un second, on tentera d’expliquer le pourquoi de ses opinions. Enfin, on nuancera en soulignant l’évolution de Marx sur cette question, notamment vers la fin de sa vie.
Pour pouvoir consulter la suite
http://icietlabas.lautre.net/spip.php?article77