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 "Faute d'arguments, on injurie": l'effet -isme

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LYDIA
Sun-Tzu
Qantara
Agone
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Agone
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MessageSujet: "Faute d'arguments, on injurie": l'effet -isme   "Faute d'arguments, on injurie": l'effet -isme EmptyVen 16 Fév - 11:50

Salam aleykoum,

Manifestement, la "politesse de l'esprit" qu'appelait de ses voeux Robert MUSIL est bien loin de structurer le débat intellectuel national en France.
Avec cette nouvelle attaque et la réplique de MILNER à la pétition qui suit, on est plus près de ce que Karl KRAUS décrivait à propos de l'Allemagne sur le point d'être conquise par les nazis : le faux-semblant généralisé, « faire passer la bêtise, qui a remplacé la raison, pour de la raison, (...) transformer l’impair en effet, bref dans ce que l’on appelait autrefois : abrutir »:

Citation :

Après Bourdieu, à qui le tour ?


Par Jacques BOUVERESSE, Jean-Pierre CHANGEUX, Christophe CHARLE, Roger CHARTIER

Premiers signataires : Jacques Bouveresse (Collège de France), Jean-Pierre Changeux (Collège de France), Christophe Charle (Paris-I, IUF), Roger Chartier (Collège de France, EHESS), Gérard Fussman (Collège de France), Jacques Glowinski (Collège de France), François Héritier (Collège de France), Jacques Lagroye (Paris-I), Danièle Lochak (Paris-X) Daniel Roche (Collège de France), Fanette Roche-Pézard (Paris-I)...


Le 13 janvier 2007, dans l'émission de France Culture animée par Alain Finkielkraut, Jean-Claude Milner déclarait : «J'ai ma thèse sur ce que veut dire "les héritiers" chez Bourdieu : "les héritiers", c'est les Juifs [...]. Je crois que c'est un livre antisémite.»

Ces propos ne mériteraient pas qu'on les relève tant ils sont absurdes et ridicules. Reste qu'il faut quand même prendre le temps d'y répondre. Tout d'abord parce qu'il en va de la mémoire d'un homme. Ensuite parce qu'il en va du sort des sciences sociales en France, et plus généralement de celui du débat intellectuel.

Ce n'est pas un hasard si ces propos visent un sociologue, et, qui plus est, un sociologue critique. Il serait piquant ­ si le sujet prêtait à rire ­ de rappeler que la sociologie dès ses origines, parce que son père fondateur, Durkheim, était fils de rabbin, fut traitée de «science juive». Sociologue antisémite, science juive, ces anathèmes ne révèlent qu'une chose : les sciences sociales, dès lors qu'elles dévoilent la réalité des mécanismes sociaux, sont dérangeantes.

Au-delà, l'usage de cette injure, qui atteint également la personne de Jean-Claude Passeron, coauteur des Héritiers, est le symptôme de la vacuité du débat intellectuel et politique. Faute d'arguments, on injurie. Mais, à force de manier l'injure n'importe comment, ce sont les actes et les paroles réellement antisémites ou racistes que l'on banalise.


La citation de Karl KRAUS est tirée de cet article : http://www.monde-diplomatique.fr/2005/08/ACCARDO/12409

Quant à la "politesse de l'esprit", Jacques BOUVERESSE évoque Robert MUSIL, notamment, dans "La puissance du faux et la valeur du vrai", premier chapitre de son dernier livre paru au début de cette année, aux éditions Agone : Peut-on ne pas croire ?
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Qantara
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MessageSujet: Re: "Faute d'arguments, on injurie": l'effet -isme   "Faute d'arguments, on injurie": l'effet -isme EmptyVen 16 Fév - 13:42

Salamou alaykoum

Milner, ce pauvre fou de linguiste qui prétend résoudre la question du problème du nom juif dans l'espace "modernité de l'Europe" et qui ne réalise pas combien il colle des modèles sur des non-modèles ! Imaginez le topo, c'est très simple. Vous avez un mot : "JUIF". Et vous concevez par vos observations des évolutions de la langue que ce mot pose un problème. Vous êtes un scientifique, un linguiste. Et vous vous dites, voilà, la question doit se poser : "POURQUOI LE MOT JUIF SUIT-IL LA LOGIQUE DE LA PEJORATION ?" Question tout à fait légitime d'un objet lui aussi tout à fait légitime.

Milner la pose cette question. Il a raison de la pose et il la pose dans la relation du mot à son environnement : LA MODERNITE EUROPEENNE ! Jusqu'ici tout va bien. Mais après, ça ne va plus. Son objet de recherche qui est donc un problème à part entière dans lasphère de la recherche en linguistique se transforme en un problème plus personne du chercheur à son objet de recherche. C'est simple. Milner hait ce qu'il étudie. Il ne veut pas apporter de réponse au problème, il veut créer un problème nouveau sur un problème ancien.

Le voilà donc qui soutient corps et âme que l'ouvrage de Bourdieu / Passeron est un ouvrage antisémite où les héritiers en question désignent en sous-jacence les JUIFS. De quel espace se sert-il pour diffuser pareille aberration : de l'espace de Finkielkraut ! Rien n'est laissé au hasard ! Qu'il vienne donc soutenir les mêmes théories chez Durand si ça l'amuse tant !

Mais pourquoi, pourquoi une telle aberration ? Pourquoi Milner voit-il les juifs dans les héritiers, outre l'élan radical-marxiste de Bourdieu qu'il déteste autant que son objet de recherche ? Parce que Milner jongle sur les lieux communs de la juiverie : les petits bourgeois des héritiers qui figurent les classes moyennes avides de culture et d'acquérir un patrimoine à fournir en héritage aux gamins qui vont reproduire le schéma social générationnel, c'est l'image du Juif tel que l'étudie Milner. Plutôt que de détruire le lieu commun comme tout bon linguiste, il s'empêtre dedans.

Il fait comme pas mal de professeurs soit dit en passant qui, sur leurs objets de recherche, généraux et tournés dans tous les sens par les nombreuses analyses antérieures, cherchent à les pénétrer par le petit bout de la lorgnette, inutile et sans fondement épistémologique !
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Agone
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MessageSujet: Re: "Faute d'arguments, on injurie": l'effet -isme   "Faute d'arguments, on injurie": l'effet -isme EmptyVen 16 Fév - 15:13

Salam aleykoum,


Les faits de cette sombre histoire, rappelés par un article paru dans l'Humanité:


Citation :
L’insulte faite à Pierre Bourdieu

Le sociologue mort il y a quatre ans a été accusé à plusieurs reprises d’antisémitisme par le linguiste Jean-Claude Milner.

Bourdieu antisémite ! C’est l’incroyable accusation qu’on a pu entendre prononcer au cours de l’émission Répliques d’Alain Finkielkraut le 13 janvier dernier sur France Culture. « J’ai ma thèse sur ce que veut dire "héritiers" chez Bourdieu : les héritiers c’est les juifs ! » assenait le linguiste Jean-Claude Milner, en vouant ainsi à la pire des indignités le livre écrit par le sociologue avec Jean-Claude Passeron en 1964 et qui constitue sans doute (avec la Reproduction, également signé avec Passeron) l’analyse sociologique majeure du système scolaire dans ces cinquante dernières années. L’ouvrage, à l’appui des statistiques qui mesurent l’inégalité des chances d’accès à l’enseignement supérieur, décrypte les règles non écrites du jeu universitaire et met en évidence le rôle que joue, dans la réussite scolaire, l’héritage culturel, soit, le « capital » de savoir, de savoir faire et de savoir dire des enfants des classes favorisées. Il n’est évidemment aucunement question de catégories religieuses, idéologiques ou prétendûment ethniques dans ce travail, mais de loi des grands nombres.

Les propos calomniateurs de Jean-Claude Milner n’ont suscité aucune désapprobation de la part de l’animateur de l’émission. Faut-il s’en étonner de la part d’un journaliste idéologue qui osa il y a quelques années le néologisme « Bourdieudonné » (sur le mode du répugnant « Durafourcrématoire ») pour déconsidérer la gauche antiraciste ? Samedi dernier, dans son émission , il s’est néanmoins démarqué de Milner. Trois jours plus tôt, de grandes figures intellectuelles telles que Jacques Bouveresse, Jean-Pierre Changeux, Roger Chartier ou Françoise Héritier avaient dit leur indignation dans un texte collectif publié dans le journal Libération. Mais, loin de faire amende honorable Jean-Claude Milner réitère ses accusations, relayées successivement dans Libération et le Monde (8 et 9 février). « Comme d’autres, Bourdieu a entretenu l’illusion d’un rapport particulier des juifs avec le savoir élitiste. Ce qui est antisémite, c’est la critique de ce savoir comme une voie d’accès dans la société française », prétend-il (dans Libération), tandis que, sans rien regretter, il qualifie (dans le Monde) ses propos de « provocation qui vise à faire penser ».

Les travaux de linguistique et de philosophie de Milner nous avaient habitués à plus de rigueur intellectuelle que ces errements. Mais peut-être le point de vue développé dans l’un de ses derniers livres (les Penchants criminels de l’Europe démocratique, Verdier 2003) éclaire-t-il les dérapages actuels sur l’antisémitisme.

Voici ce qu’en écrivait Jean-Marie Vincent dans l’Humanité (12 décembre 2003) : « Pour lui, critiquer le gouvernement israélien c’est tout simplement tomber dans l’antijudaisme et s’aligner sur ceux qui veulent rayer de la carte l’État d’Israël. Il en découle que les antisémites les plus dangereux à présent, ce ne sont pas ceux de l’extrême droite, les négationnistes, mais bien les progressistes, ceux qui veulent que le régime d’occupation cesse en Palestine. »

Lucien Degoy



...et un entretien avec le philosophe Jacques BOUVERESSE:

Citation :
« Une escalade préoccupante du vocabulaire »


Le philosophe Jacques Bouveresse (*), montre comment les accusations portées contre Pierre Bourdieu s’inscrivent dans une stratégie d’intimidation générale de la critique sociale.

Comment avez-vous reçu les accusations de Jean-Claude Milner ?

Jacques Bouveresse. J’ai exprimé, avec d’autres, mon indignation. Milner explique maintenant qu’il a dit tout ça pour obliger à penser. C’est ahurissant ! Imaginez le tollé si quelqu’un disait : « je tiens des propos antisémites sur tel ou tel pour obliger à penser »...

Bourdieu aurait cherché à déconsidérer les grands concours universitaires ?

Jacques Bouveresse. Ou bien Milner n’a pas lu les Héritiers ou il ne l’a pas relu depuis longtemps. Il n’est pas question dans ce livre de dévaluer ni de supprimer les concours « méritocratiques » comme il dit, mais de remarquer que dans le meilleur des cas ces examens assurent une forme de statu quo social dans la sélection des élites. Ils sont un moindre mal mais ils participent de la reproduction sociale.

Bourdieu serait aussi xénophobe...

Jacques Bouveresse. Là, Milner aggrave son cas : il impute au sociologue une idée de l’Action française et de l’extrême droite qui contestaient les concours sous prétexte qu’ils permettent, par exemple, à un Bloch d’arriver premier à l’agrégation. Le rapprochement entre Bourdieu et les représentants de cette idéologie, est tout simplement indécent.

Pourquoi parler d’antisémitisme ?

Jacques Bouveresse. Je note une escalade du vocabulaire à la fois dérisoire et très préoccupante pour l’avenir. En effet, si aujourd’hui on accuse Bourdieu d’antisémitisme pour avoir analysé et critiqué le système scolaire et universitaire, demain n’importe qui peut être accusé du même péché pour peu que sa critique déplaise. C’est d’ailleurs le cas : si vous critiquez la politique de l’État d’Israël, selon certains vous êtes antisémite, si vous critiquez la politique internationale des États-Unis, vous êtes antisémite, si vous contestez et trouvez abusifs des privilèges, par exemple dans l’accès à la culture, vous ne visez pas les privilégiés mais les juifs ! C’est exactement le propos de Milner. Comme Bourdieu et Passeron décrivent l’hégémonie culturelle dont profitent les « héritiers », et puisqu’il y a parmi ces privilégiés de la culture des juifs, ce sont ces juifs qui sont en réalité visés. Le raisonnement est plus que spécieux.

Du coup, l’idée même d’analyse ou de critique sociales est menacée ?

Jacques Bouveresse. C’est ce que je crains. Si comme le dit Milner « les héritiers, pour Bourdieu, c’est les juifs », alors on ne peut plus faire la sociologie des héritiers. Toute sociologie critique est condamnée d’avance, avec tous ceux qui dénoncent les injustices et les inégalités de la société en place. C’est pourquoi le titre de notre protestation « Après Bourdieu à qui le tour ? », me paraît tout à fait pertinent. Quiconque critiquera, par exemple, le pouvoir démesuré de l’argent, risque d’être accusé d’antisémitisme. C’est d’ailleurs à peu près ce que dit Bernard Henri Lévy : si vous « diabolisez » (comprenez : critiquez radicalement) l’argent, vous êtes potentiellement antisémite et pronazi. Je pense qu’il se trouvera bientôt des gens pour dire qu’il est raciste de critiquer le pouvoir de l’argent.

(*) Titulaire de la chaire de philosophie du langage et de la connaissance au Collège de France.

Entretien réalisé par L. D.
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Agone
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MessageSujet: Re: "Faute d'arguments, on injurie": l'effet -isme   "Faute d'arguments, on injurie": l'effet -isme EmptyVen 16 Fév - 15:24

Qantara a écrit:
Salamou alaykoum

Milner, ce pauvre fou de linguiste qui prétend résoudre la question du problème du nom juif dans l'espace "modernité de l'Europe" et qui ne réalise pas combien il colle des modèles sur des non-modèles ! Imaginez le topo, c'est très simple. Vous avez un mot : "JUIF". Et vous concevez par vos observations des évolutions de la langue que ce mot pose un problème. Vous êtes un scientifique, un linguiste. Et vous vous dites, voilà, la question doit se poser : "POURQUOI LE MOT JUIF SUIT-IL LA LOGIQUE DE LA PEJORATION ?" Question tout à fait légitime d'un objet lui aussi tout à fait légitime.

Milner la pose cette question. Il a raison de la pose et il la pose dans la relation du mot à son environnement : LA MODERNITE EUROPEENNE ! Jusqu'ici tout va bien. Mais après, ça ne va plus. Son objet de recherche qui est donc un problème à part entière dans la sphère de la recherche en linguistique se transforme en un problème plus personne du chercheur à son objet de recherche. C'est simple. Milner hait ce qu'il étudie. Il ne veut pas apporter de réponse au problème, il veut créer un problème nouveau sur un problème ancien.

Le voilà donc qui soutient corps et âme que l'ouvrage de Bourdieu / Passeron est un ouvrage antisémite où les héritiers en question désignent en sous-jacence les JUIFS. De quel espace se sert-il pour diffuser pareille aberration : de l'espace de Finkielkraut ! Rien n'est laissé au hasard ! Qu'il vienne donc soutenir les mêmes théories chez Durand si ça l'amuse tant !

Mais pourquoi, pourquoi une telle aberration ? Pourquoi Milner voit-il les juifs dans les héritiers, outre l'élan radical-marxiste de Bourdieu qu'il déteste autant que son objet de recherche ? Parce que Milner jongle sur les lieux communs de la juiverie : les petits bourgeois des héritiers qui figurent les classes moyennes avides de culture et d'acquérir un patrimoine à fournir en héritage aux gamins qui vont reproduire le schéma social générationnel, c'est l'image du Juif tel que l'étudie Milner. Plutôt que de détruire le lieu commun comme tout bon linguiste, il s'empêtre dedans.

Il fait comme pas mal de professeurs soit dit en passant qui, sur leurs objets de recherche, généraux et tournés dans tous les sens par les nombreuses analyses antérieures, cherchent à les pénétrer par le petit bout de la lorgnette, inutile et sans fondement épistémologique !

Wa'aleykoum salam

J'ai le sentiment que tu n'apprécies pas beaucoup le travail de M. MILNER Qantara, n'est-ce pas ? Smile

Pourrais-tu préciser ce que tu entends par "inutile" et "sans fondement épistémologique" ?

Pour revenir à ce que tu disais, il me semble qu'il faudrait revenir un peu en arrière - faire l'histoire du sionisme, qui est aussi une réaction à l'assimilation, ratée, des Juifs - pour comprendre pourquoi, outre les intérêts politiques les plus immédiats et les plus cyniques (i.e. : dénoncer pour disqualifier gravement l'adversaire) les intellectuels juifs sont à ce point portés à assimiler critique sociale et antisémitisme. Il faudrait voir combien les intellectuels juifs de cette génération sont hostiles, méprisants vis-à-vis des générations qui les ont précédées, produits de l'atmosphère spéciale - dont a bien témoigné Gershom SCHOLEM - qui portait à "s'assimiler" naturellement, à vouloir se fondre dans les nations allemande et française.
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Qantara
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MessageSujet: Re: "Faute d'arguments, on injurie": l'effet -isme   "Faute d'arguments, on injurie": l'effet -isme EmptyVen 16 Fév - 18:31

Aimer ? Je n'aime personne, c'est ma marque de fabrique haha !

Tu sais qu'hier, j'ai passé deux heures dans une salle du quay Branly à assister à une branlette intellectuelle entre trois pseudos spécialistes de l'antropomorphisme artistique ? Inutile d'en parler, ça me fait mal à la tête ! Le problème, c'est ça, les intellectuels qui s'enferment dans des considérations misérablement minuscules sans aucun apport ni pour notre monde, ni pour notre société. Ces gens-là qu'on subventionne pour violer la conscience des peuples, quelle horreur !

Mais bref ! Milner appartient au mauvais cercle, celui de ceux qui pensent par le bout de la lorgnette, qui déplace les oeuvres de leur contexte pour les dynamiser dans la basse polémique du bistrot de Finkelkraut. C'est tout un ensemble tu sais : Shaul Tsedaka, Marc Haviv, Maurice Dantec, Françoise Thomm et lui bien sûr, tous ces pseudos-penseurs ont laissé tomber l'intellectualisme ouvert pour s'empêtrer dans les considérations lewisiennes du monde, c'est terrible pour l'élitisme français tu sais.

Quant au problème de l'objet de recherche en lui-même, je l'ai dit, c'est un objet légitime, une question qui se pose scientifiquement, historiquement tout comme linguistiquement et bien sûr politiquement. L'intellectuel juif rencontre les mêmes problèmes que l'intellectuel musulman, partagé entre sa "-philie" et sa "-logie". Cela conduit à la médiocrité de la recherche, le mélange des genres. Le ton accusateur n'est légitime que lorsqu'il s'accompagne d'une étude sérieuse de l'objet. Milner ne fournit pad se preuve de ce qu'il avance contre Bourdieu et Passeron, et surtout Bourdieu, que de la présomption sournoise, jouant sur les lieux communs plus que sur le rapport intellectuel du chercheur à son objet polémique. En fait, sa démarche ne se commente même pas, c'est de la pure malhonnêteté intellectuelle et l'histoire des hommes, l'histoire sociale, l'histoire des mots ne saurait couvrir, protéger, alimenter, répéter le schéma idiot et provocateur de ces quelques frustrés qu'ils soient juifs ou pas juifs.
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Sun-Tzu
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MessageSujet: Re: "Faute d'arguments, on injurie": l'effet -isme   "Faute d'arguments, on injurie": l'effet -isme EmptyVen 16 Fév - 19:57

[quote="Agone"]Salam aleykoum,

Manifestement, la "politesse de l'esprit" qu'appelait de ses voeux Robert MUSIL est bien loin de structurer le débat intellectuel national en France.
Avec cette nouvelle attaque et la réplique de MILNER à la pétition qui suit, on est plus près de ce que Karl KRAUS décrivait à propos de l'Allemagne sur le point d'être conquise par les nazis : le faux-semblant généralisé, « faire passer la bêtise, qui a remplacé la raison, pour de la raison, (...) transformer l’impair en effet, bref dans ce que l’on appelait autrefois : abrutir »:

Bonjours

Et que pensez vous de ces non-musulmans qui cherchent à tous prix à ce faire passer pour musulmans ?

Ne serait-on pas dans ce retournement des valeurs qu’évoquait Nietzsche et que reprend Karl Kraus ?
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LYDIA
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MessageSujet: Re: "Faute d'arguments, on injurie": l'effet -isme   "Faute d'arguments, on injurie": l'effet -isme EmptyVen 16 Fév - 20:36

Salam

Citation :
L'intellectuel juif rencontre les mêmes problèmes que l'intellectuel musulman, partagé entre sa "-philie" et sa "-logie". Cela conduit à la médiocrité de la recherche, le mélange des genres.

Indéniablement. Mais la critique est aussi un mauvais goût. Et tout le monde ne comprend pas non plus. Qui est Milner ? Un linguiste brillant qu'on ne peut suivre et commenter qu'en lisant son ouvrage Le Juif de savoir, paru chez Grasset en 2006. Avant cette étude, on connaît un Millner dévolu aux sciences d'une linguistique processorielle. Dans cet ouvrage, il analyse le processus transformationnel du rapport des noms "juif" et "savoir". Qu'est-ce qui les rapproche ? Qu'est-ce qui les a éloigné ? Dans son introduction, il écrit :

Quelque chose dans le savoir est sollicité de manière singulière par les porteurs du nom juif ; quelque chose du nom juif est affecté de manière singulière par le savoir. Je n'interroge pas le savoir en général, mais le savoir dans sa relation au nom juif. Je n'interroge pas le nom juif en général, mais ce qui, dans le nom juif, s'ébranle à l'appel du savoir. Des deux noms pris ensemble, je ne retiens que l'intersection. J'appelle celle-ci le Juif de savoir.

Sa question est : quel est ce quelque chose ? En cherchant à y répondre, il bascule dans un travers dont sa pensée ne se relèvera plus. Le judaïsme, dans sa relation au savoir, assure seul la représentation de l'universel. Rien ni personne ne peut égaler cette capacité. En réduisant le concept de savoir à sa seule relation au nom "juif", Millner enferme la théorie au lieu de l'ouvrir, étouffe le concept au lieu de l'aérer. Ce travers culturel l'empêche de concevoir la relation du savoir au juif dans une dimension contingente, lui la place dans une dimension structurelle et c'est là tout le problème.
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Agone
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MessageSujet: Re: "Faute d'arguments, on injurie": l'effet -isme   "Faute d'arguments, on injurie": l'effet -isme EmptySam 17 Fév - 2:48

Qantara a écrit:
Aimer ? Je n'aime personne, c'est ma marque de fabrique haha !

Tu sais qu'hier, j'ai passé deux heures dans une salle du quay Branly à assister à une branlette intellectuelle entre trois pseudos spécialistes de l'antropomorphisme artistique ? Inutile d'en parler, ça me fait mal à la tête ! Le problème, c'est ça, les intellectuels qui s'enferment dans des considérations misérablement minuscules sans aucun apport ni pour notre monde, ni pour notre société. Ces gens-là qu'on subventionne pour violer la conscience des peuples, quelle horreur !

Mais bref ! Milner appartient au mauvais cercle, celui de ceux qui pensent par le bout de la lorgnette, qui déplace les oeuvres de leur contexte pour les dynamiser dans la basse polémique du bistrot de Finkelkraut. C'est tout un ensemble tu sais : Shaul Tsedaka, Marc Haviv, Maurice Dantec, Françoise Thomm et lui bien sûr, tous ces pseudos-penseurs ont laissé tomber l'intellectualisme ouvert pour s'empêtrer dans les considérations lewisiennes du monde, c'est terrible pour l'élitisme français tu sais.

Quant au problème de l'objet de recherche en lui-même, je l'ai dit, c'est un objet légitime, une question qui se pose scientifiquement, historiquement tout comme linguistiquement et bien sûr politiquement. L'intellectuel juif rencontre les mêmes problèmes que l'intellectuel musulman, partagé entre sa "-philie" et sa "-logie". Cela conduit à la médiocrité de la recherche, le mélange des genres. Le ton accusateur n'est légitime que lorsqu'il s'accompagne d'une étude sérieuse de l'objet. Milner ne fournit pad se preuve de ce qu'il avance contre Bourdieu et Passeron, et surtout Bourdieu, que de la présomption sournoise, jouant sur les lieux communs plus que sur le rapport intellectuel du chercheur à son objet polémique. En fait, sa démarche ne se commente même pas, c'est de la pure malhonnêteté intellectuelle et l'histoire des hommes, l'histoire sociale, l'histoire des mots ne saurait couvrir, protéger, alimenter, répéter le schéma idiot et provocateur de ces quelques frustrés qu'ils soient juifs ou pas juifs.

Ta petite mésaventure m'a rappellé celle que j'avais vécu il y a quelques mois : dans une faculté de sociologie, étaient invités plusieurs "chercheurs" pour parler des émeutes de novembre 2005, autour du livre de l'invité principal, Yann MOULIER-BOUTANG, La révolte des banlieues.

Je me dis que cela pourrait être intéressant d'aller discuter ses thèses, ainsi que celles des autres invités (un seul viendra finalement...), sur un thème que je connais un peu. J'achète le livre, et n'arrive pas à le terminer : d'emblée, il nous explique que ses sources pour comprendre les vraies raisons de ces émeutes sont...des nouvelles qu'on lui donnait par téléphone (en direct d'un bel appartement dans un quartier bo-bo sans doute...) et le net : il était alors aux Etats-Unis. Le contenu du bouquin...mieux vaut ne pas en parler !

J'y vais donc avec encore plus de plaisir : il y aura quelques sociologues, et il se fera démonter pour ce genre d'essai sans le moindre fondement empirique. Et...non ! Ceux qui auraient pu le critiquer ont préféré ne pas venir et n'étaient présents que quelques profs de philo et de socio incapables et tous contents d'avoir devant eux un "intellectuel", qui publie, édite, intervient et...joue au philosophe (il faudrait ici pouvoir décrire les postures corporelles, les poses, les usages de la voix).

Son exposé fut interminable. Situé juste en face de lui, je me souviens n'avoir pas arrêté de souffler et de signifier, corporellement, le caractère aberrant de son propos. Pendant une heure, il n'évoquera pas les émeutiers, qu'il ne connaît pas, sauf par des problématiques qui, parce qu'elles sont mondaines, lui permet de se faire "intellectuel critique de la France" : les deux tiers de l'exposé sont consacrés à la révocation de l'édit de Nantes (!!) et le reste à la question de la couleur dans les sciences sociales. Est évoqué l'Afrique du Sud aussi parfois.

Tu te dis sans doute : "il raconte très mal", "il ne rend pas justice à la démonstration de YMB" ? Non, c'était tout simplement "inutile et sans fondements", tant empiriquement que théoriquement : aussi quand on parle pour parler, on n'a pas besoin de cohérence : la posture faussement radicale suffit à convaincre un public "gauchisé", soit du côté des enseignants par leurs positions dominées dans l'espace des disciplines et des universités (les facs de socio sont souvent des poubelles d'enseignants, avant d'être des poubelles d'élèves...), soit du côté des élèves par leurs positions dominées dans l'espace social, l'espace des étudiants et l'espace des avenirs professionnels possibles (il faudrait évidemment compliquer le schéma, mais ce n'est pas l'objet ici).

Bref, pas possible de répondre à ce genre d'exposé : c'est irréfutable, parce qu'il n'y a aucune prise, ni théorique ni empirique, pour le réfuter. (Donc, je me suis tû, me contentant d'une petite observation ethnographique...)

Le plus triste, c'est le succès d'évidence de ses thèses : je me souviens d'une soeur, remarquable dans l'audience par son beau jilbâb noir, d'origine très populaire, qui était toute enthousiaste à la fin de l'exposé et s'en est allée demander un autographe et l'adresse électronique de l'invité du jour. Enthousiaste d'avoir entendu un discours, même, ici, simpliste et donc en grande partie faux, qui, reprenant les catégories mondaines et ses problématiques évidentes ("le problème des minorités", "le problème des discriminations", "le problème des banlieues"...), celles-là même des intellectuels médiatiques (et de la demande bureaucratique de réponses aux "problèmes sociaux"), ne fait qu'en donner une vision populiste ou misérabiliste qui requalifient, au moins, les populations traditionnellement stigmatisées. Sans s'interroger jamais sur la question de savoir si, finalement, ce n'est pas le problème qui est mal posé, parce qu'il est imposé, et ainsi reconnu, même quand les réponses habituelles sont dénoncées (pour illustrer brutalement: "les jeunes ne sont pas des voyous ou des islamistes qui n'aiment pas la France et la culture: ils se révoltent politiquement et/ou sont victimes de racisme").

Bref, tout cela pour dire quoi ? Il est facile de flatter les humeurs critiques, en se donnant des airs philosophes ou savants ou en étant explicitement militants, et c'est toute la force des insultes en -ismes : la dénonciation ("antisémite", "colonialiste", "raciste"...) affecte immédiatement l'insulté, et surtout le spectateur de l'insulte, i.e. lui parle au corps en lui rappelant, consciemment mais surtout non consciemment, des expériences d'injustice dont il a été victime ou témoin. Expériences d'injustice dont la nature, la signification et l'importance (la manière dont elles marquent) varient en fonction, en dernière instance, de l'état des débats politiques et intellectuels : les expériences dont sont victimes les enfants d'immigrants d'aujourd'hui ou les groupes sociaux minoritaires (comme les groupes religieux) ont été vécues aux époques précédentes, plutôt plus que moins d'ailleurs (malgré ce que l'inflation des discours et des concepts militants mobilisés), par les groupes "dominés" (pour des raisons très différentes).

Simplement, elles n'avaient pas toujours l'opportunité de se transformer en "identité" et en "politique", d'être valorisées socialement, de donner lieu à débat et à "mémoire" (bref, d'être significatives, de mériter d'y réagir) : par exemple, la haine de l'assimilation des Juifs avec l'émergence du sionisme, ou celle des "beurs" avec l'émergence de mouvements associatifs "immigrés de deuxième génération" ou musulmans (là encore, je dessine à gros traits, parce que cette histoire est plus complexe). Dans les deux cas, moins qu'un retour à une authenticité fantasmée ou, à tout le moins, sélective, c'est surtout la force politique et sociale de l'"antisémitisme" et du "racisme" anti-maghrébin (il faudrait bannir ces concepts politiques, d'où les guillemets) et anti-islam, dans des contextes de "crise" qui rend nécessaire et possible, chez certaines fractions des populations concernées, souvent celles qui ont quelque capital scolaire à faire valoir et qu'elles n'ont pu ou sentent ne pas pouvoir "rentabiliser" (et qui mobilisent leurs qualités intellectuelles ou leur petite notabilité locale pour se faire porte-parole de leur groupe particulier, à défaut de pouvoir l'être de la société en général), l'identification au stigmate et impossible, ou presque, la connaissance savante. (On pourra voir une belle illustration a contrario de cette thèse dans le cas, malheureux, de reflux de signification et d'importance des souffrances privées et publiques vécues dans les mondes du travail: celles-ci ne sont plus audibles politiquement depuis les années 1980, depuis qu'il faut "s'adapter", alors que, quelques années plus tôt, elles étaient prises en charge, exposées par les syndicats, partis politiques et groupes militants de gauche. Aussi, aujourd'hui, face à l'injustice professionnelle, le silence, et l'oubli, sont de rigueur.)

En effet, puisque nous sommes dans le forum des sciences sociales, c'est à cela que je reviens : si d'un point de vue éthique, le cas de MILNER, ici - parce qu'il n'est pas le premier à utiliser un -isme pour disqualifier un adversaire intellectuel -, pose le problème de l'insuffisante autonomie des sciences sociales vis-à-vis des enjeux actuels (donc des conflits, par ex entre camps politiques et militants, et des relations de solidarité, par ex entre demande d'expertise bureaucratique et groupes militants) et de la place que peut encore tenir les insultes profanes dans le champ scientifique ; d'un point de vue savant, il pose le problème des conditions de possibilité de connaissance d'un objet, dont les "sujets" sont objets de déchirement.
D'un point de vue politique, enfin, on ne peut que se féliciter des résistances à certaines formes de domination que font naître ou qu'ont fait naître les luttes militantes depuis le XIXe siècle, parce qu'elles peuvent garantir l'acquisition de nouvelles formes de politesse dans les relations quotidiennes ou publiques (par ex, les journalistes ont assimilé depuis la fin de la guerre l'impossibilité de parler de certaines manières des Juifs, tandis qu'ils ne l'ont pas encore assimilé à propos des musulmans: dans un cas, les humiliations privées, qu'elles soient liées à des situations en public ou à celle de spectateur du journal télévisé, sont réduites, dans l'autre elles sont maximales) à condition évidemment que cela ne se transforme pas en nouveau mode de domination, par la tentative d'imposer une nouvelle légitimité à (se faire) obéir : qu'il s'agisse, comme autrefois, de la "chimère socialiste"; plus actuellement de la "politique sioniste", ou, depuis quelques années de l'"identité communautaire".
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MessageSujet: Re: "Faute d'arguments, on injurie": l'effet -isme   "Faute d'arguments, on injurie": l'effet -isme EmptySam 17 Fév - 3:25

[quote="Sun-Tzu"]
Agone a écrit:
Salam aleykoum,

Manifestement, la "politesse de l'esprit" qu'appelait de ses voeux Robert MUSIL est bien loin de structurer le débat intellectuel national en France.
Avec cette nouvelle attaque et la réplique de MILNER à la pétition qui suit, on est plus près de ce que Karl KRAUS décrivait à propos de l'Allemagne sur le point d'être conquise par les nazis : le faux-semblant généralisé, « faire passer la bêtise, qui a remplacé la raison, pour de la raison, (...) transformer l’impair en effet, bref dans ce que l’on appelait autrefois : abrutir »:

Bonjours

Et que pensez vous de ces non-musulmans qui cherchent à tous prix à ce faire passer pour musulmans ?

Ne serait-on pas dans ce retournement des valeurs qu’évoquait Nietzsche et que reprend Karl Kraus ?


Salam aleikoum

Je crois voir à qui vous faites allusion, cela me rappele d'ailleurs les propos de l'intellectuel Rachid Benaïssa évoquant les services de Germaine Tillon dans les Aurès, ou un peu plus loin en amont dans l'histoire, à René Caillé et que vous avez magnifiquement décrit dans cette typologie de l'ethnocrate occidental et occidentaliste qui se retranche derrière le concept de neutralité axioligique, avec en plus de cela un corpus si mal maîtrisé:

- Le pseudo-converti. Voici sûrement la plus perfide des trois figures de l’ethnocrate caucasien. Ce vile personnage n’hésite pas à mentir sur sont identité religieuse afin d’arriver à ses fins. Comme le « progressiste « ami » », il cherche a contrôler la communauté musulmane et à la rallier à son idéologie. Comme le « progressiste « ami » », il adoptera alors, vis-à-vis de la communauté musulmane, la posture du maître enseignant à ses élèves ce qu’ils doivent penser ; comment ils doivent réfléchir ; et comment ils doivent agir. Mais à la différence du « progressiste « ami » », sa façade pseudo-islamique lui permet d’avoir la confiance de la grande majorité de la communauté musulmane qui en toute innocence lui ouvre ses portes comme à un frère qu’il n’est pas. Il est sans aucun doute le plus dangereux des trois figures de l’ethnocrate caucasien car seule une minorité de musulman idéologiquement compétent parviendra à le détecter et à la combattre. De plus, il représente un grand danger pour nos sœurs car il profitera de sa pseudo-islamité pour les dévoiler et satisfaire ses instincts lubriques (cela a déjà été développé dans notre poste sur « l’ethnocrate caucasien et la « beurette » »).


Dernière édition par le Sam 17 Fév - 6:41, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: "Faute d'arguments, on injurie": l'effet -isme   "Faute d'arguments, on injurie": l'effet -isme EmptySam 17 Fév - 6:19

Agone a écrit:
Qantara a écrit:
Aimer ? Je n'aime personne, c'est ma marque de fabrique haha !

Tu sais qu'hier, j'ai passé deux heures dans une salle du quay Branly à assister à une branlette intellectuelle entre trois pseudos spécialistes de l'antropomorphisme artistique ? Inutile d'en parler, ça me fait mal à la tête ! Le problème, c'est ça, les intellectuels qui s'enferment dans des considérations misérablement minuscules sans aucun apport ni pour notre monde, ni pour notre société. Ces gens-là qu'on subventionne pour violer la conscience des peuples, quelle horreur !

Mais bref ! Milner appartient au mauvais cercle, celui de ceux qui pensent par le bout de la lorgnette, qui déplace les oeuvres de leur contexte pour les dynamiser dans la basse polémique du bistrot de Finkelkraut. C'est tout un ensemble tu sais : Shaul Tsedaka, Marc Haviv, Maurice Dantec, Françoise Thomm et lui bien sûr, tous ces pseudos-penseurs ont laissé tomber l'intellectualisme ouvert pour s'empêtrer dans les considérations lewisiennes du monde, c'est terrible pour l'élitisme français tu sais.

Quant au problème de l'objet de recherche en lui-même, je l'ai dit, c'est un objet légitime, une question qui se pose scientifiquement, historiquement tout comme linguistiquement et bien sûr politiquement. L'intellectuel juif rencontre les mêmes problèmes que l'intellectuel musulman, partagé entre sa "-philie" et sa "-logie". Cela conduit à la médiocrité de la recherche, le mélange des genres. Le ton accusateur n'est légitime que lorsqu'il s'accompagne d'une étude sérieuse de l'objet. Milner ne fournit pad se preuve de ce qu'il avance contre Bourdieu et Passeron, et surtout Bourdieu, que de la présomption sournoise, jouant sur les lieux communs plus que sur le rapport intellectuel du chercheur à son objet polémique. En fait, sa démarche ne se commente même pas, c'est de la pure malhonnêteté intellectuelle et l'histoire des hommes, l'histoire sociale, l'histoire des mots ne saurait couvrir, protéger, alimenter, répéter le schéma idiot et provocateur de ces quelques frustrés qu'ils soient juifs ou pas juifs.

Ta petite mésaventure m'a rappellé celle que j'avais vécu il y a quelques mois : dans une faculté de sociologie, étaient invités plusieurs "chercheurs" pour parler des émeutes de novembre 2005, autour du livre de l'invité principal, Yann MOULIER-BOUTANG, La révolte des banlieues.

Je me dis que cela pourrait être intéressant d'aller discuter ses thèses, ainsi que celles des autres invités (un seul viendra finalement...), sur un thème que je connais un peu. J'achète le livre, et n'arrive pas à le terminer : d'emblée, il nous explique que ses sources pour comprendre les vraies raisons de ces émeutes sont...des nouvelles qu'on lui donnait par téléphone (en direct d'un bel appartement dans un quartier bo-bo sans doute...) et le net : il était alors aux Etats-Unis. Le contenu du bouquin...mieux vaut ne pas en parler !

J'y vais donc avec encore plus de plaisir : il y aura quelques sociologues, et il se fera démonter pour ce genre d'essai sans le moindre fondement empirique. Et...non ! Ceux qui auraient pu le critiquer ont préféré ne pas venir et n'étaient présents que quelques profs de philo et de socio incapables et tous contents d'avoir devant eux un "intellectuel", qui publie, édite, intervient et...joue au philosophe (il faudrait ici pouvoir décrire les postures corporelles, les poses, les usages de la voix).

Son exposé fut interminable. Situé juste en face de lui, je me souviens n'avoir pas arrêté de souffler et de signifier, corporellement, le caractère aberrant de son propos. Pendant une heure, il n'évoquera pas les émeutiers, qu'il ne connaît pas, sauf par des problématiques qui, parce qu'elles sont mondaines, lui permet de se faire "intellectuel critique de la France" : les deux tiers de l'exposé sont consacrés à la révocation de l'édit de Nantes (!!) et le reste à la question de la couleur dans les sciences sociales. Est évoqué l'Afrique du Sud aussi parfois.

Tu te dis sans doute : "il raconte très mal", "il ne rend pas justice à la démonstration de YMB" ? Non, c'était tout simplement "inutile et sans fondements", tant empiriquement que théoriquement : aussi quand on parle pour parler, on n'a pas besoin de cohérence : la posture faussement radicale suffit à convaincre un public "gauchisé", soit du côté des enseignants par leurs positions dominées dans l'espace des disciplines et des universités (les facs de socio sont souvent des poubelles d'enseignants, avant d'être des poubelles d'élèves...), soit du côté des élèves par leurs positions dominées dans l'espace social, l'espace des étudiants et l'espace des avenirs professionnels possibles (il faudrait évidemment compliquer le schéma, mais ce n'est pas l'objet ici).

Bref, pas possible de répondre à ce genre d'exposé : c'est irréfutable, parce qu'il n'y a aucune prise, ni théorique ni empirique, pour le réfuter. (Donc, je me suis tû, me contentant d'une petite observation ethnographique...)

Le plus triste, c'est le succès d'évidence de ses thèses : je me souviens d'une soeur, remarquable dans l'audience par son beau jilbâb noir, d'origine très populaire, qui était toute enthousiaste à la fin de l'exposé et s'en est allée demander un autographe et l'adresse électronique de l'invité du jour. Enthousiaste d'avoir entendu un discours, même, ici, simpliste et donc en grande partie faux, qui, reprenant les catégories mondaines et ses problématiques évidentes ("le problème des minorités", "le problème des discriminations", "le problème des banlieues"...), celles-là même des intellectuels médiatiques (et de la demande bureaucratique de réponses aux "problèmes sociaux"), ne fait qu'en donner une vision populiste ou misérabiliste qui requalifient, au moins, les populations traditionnellement stigmatisées. Sans s'interroger jamais sur la question de savoir si, finalement, ce n'est pas le problème qui est mal posé, parce qu'il est imposé, et ainsi reconnu, même quand les réponses habituelles sont dénoncées (pour illustrer brutalement: "les jeunes ne sont pas des voyous ou des islamistes qui n'aiment pas la France et la culture: ils se révoltent politiquement et/ou sont victimes de racisme").

Bref, tout cela pour dire quoi ? Il est facile de flatter les humeurs critiques, en se donnant des airs philosophes ou savants ou en étant explicitement militants, et c'est toute la force des insultes en -ismes : la dénonciation ("antisémite", "colonialiste", "raciste"...) affecte immédiatement l'insulté, et surtout le spectateur de l'insulte, i.e. lui parle au corps en lui rappelant, consciemment mais surtout non consciemment, des expériences d'injustice dont il a été victime ou témoin. Expériences d'injustice dont la nature, la signification et l'importance (la manière dont elles marquent) varient en fonction, en dernière instance, de l'état des débats politiques et intellectuels : les expériences dont sont victimes les enfants d'immigrants d'aujourd'hui ou les groupes sociaux minoritaires (comme les groupes religieux) ont été vécues aux époques précédentes, plutôt plus que moins d'ailleurs (malgré ce que l'inflation des discours et des concepts militants mobilisés), par les groupes "dominés" (pour des raisons très différentes).

Simplement, elles n'avaient pas toujours l'opportunité de se transformer en "identité" et en "politique", d'être valorisées socialement, de donner lieu à débat et à "mémoire" (bref, d'être significatives, de mériter d'y réagir) : par exemple, la haine de l'assimilation des Juifs avec l'émergence du sionisme, ou celle des "beurs" avec l'émergence de mouvements associatifs "immigrés de deuxième génération" ou musulmans (là encore, je dessine à gros traits, parce que cette histoire est plus complexe). Dans les deux cas, moins qu'un retour à une authenticité fantasmée ou, à tout le moins, sélective, c'est surtout la force politique et sociale de l'"antisémitisme" et du "racisme" anti-maghrébin (il faudrait bannir ces concepts politiques, d'où les guillemets) et anti-islam, dans des contextes de "crise" qui rend nécessaire et possible, chez certaines fractions des populations concernées, souvent celles qui ont quelque capital scolaire à faire valoir et qu'elles n'ont pu ou sentent ne pas pouvoir "rentabiliser" (et qui mobilisent leurs qualités intellectuelles ou leur petite notabilité locale pour se faire porte-parole de leur groupe particulier, à défaut de pouvoir l'être de la société en général), l'identification au stigmate et impossible, ou presque, la connaissance savante. (On pourra voir une belle illustration a contrario de cette thèse dans le cas, malheureux, de reflux de signification et d'importance des souffrances privées et publiques vécues dans les mondes du travail: celles-ci ne sont plus audibles politiquement depuis les années 1980, depuis qu'il faut "s'adapter", alors que, quelques années plus tôt, elles étaient prises en charge, exposées par les syndicats, partis politiques et groupes militants de gauche. Aussi, aujourd'hui, face à l'injustice professionnelle, le silence, et l'oubli, sont de rigueur.)

En effet, puisque nous sommes dans le forum des sciences sociales, c'est à cela que je reviens : si d'un point de vue éthique, le cas de MILNER, ici - parce qu'il n'est pas le premier à utiliser un -isme pour disqualifier un adversaire intellectuel -, pose le problème de l'insuffisante autonomie des sciences sociales vis-à-vis des enjeux actuels (donc des conflits, par ex entre camps politiques et militants, et des relations de solidarité, par ex entre demande d'expertise bureaucratique et groupes militants) et de la place que peut encore tenir les insultes profanes dans le champ scientifique ; d'un point de vue savant, il pose le problème des conditions de possibilité de connaissance d'un objet, dont les "sujets" sont objets de déchirement.
D'un point de vue politique, enfin, on ne peut que se féliciter des résistances à certaines formes de domination que font naître ou qu'ont fait naître les luttes militantes depuis le XIXe siècle, parce qu'elles peuvent garantir l'acquisition de nouvelles formes de politesse dans les relations quotidiennes ou publiques (par ex, les journalistes ont assimilé depuis la fin de la guerre l'impossibilité de parler de certaines manières des Juifs, tandis qu'ils ne l'ont pas encore assimilé à propos des musulmans: dans un cas, les humiliations privées, qu'elles soient liées à des situations en public ou à celle de spectateur du journal télévisé, sont réduites, dans l'autre elles sont maximales) à condition évidemment que cela ne se transforme pas en nouveau mode de domination, par la tentative d'imposer une nouvelle légitimité à (se faire) obéir : qu'il s'agisse, comme autrefois, de la "chimère socialiste"; plus actuellement de la "politique sioniste", ou, depuis quelques années de l'"identité communautaire".

Bonsoir

A vous lire, je me rends compte aujourd'hui plus que jamais, que la comparaison avec les théoriciens du nationalisme organique ne fut pas fortuite. Quoique ce serait insulter l'idole de Léon Blum, que de vous comparer à l'auteur des « Déracinés », qui pour paraphraser un historien dont je ne suis point admiratif, Alain Gérard Slama, aurait renoué avec le républicanisme en forgeant ce concept des différentes familles spirituelles de la France et qui fut, sans aucun doute, le plus grand intellectuel de son temps. En effet il n y a rien de comparable, car bien que leurs idées fussent détestables, ils ne se sont jamais, contrairement à vous, cachés derrière l’image d’une religion qu’ils honnissaient, ils n’ont, par ailleurs, jamais essayé de jouer les tuteurs du groupe social ou ethnique consacré dans leur vocabulaire politique comme le parti de l’Anti-France.

passage effacé


Il est tout de même ironique de constater la linéarité de l’argument des occidentalo-gauchistes, pour ce qui est des populations qui ont toujours voulu s’émanciper de leur tutelle idéologique. Auparavant, ils étaient accusés d’être des apôtres du fascisme (cas des militants nationalistes algériens) les voila décris comme des identitaires, mais cela n’a rien de nouveau. A cet argument fallacieux, on pourrait aisément invoquer l’ancien militant des Blacks Panthers, Dhoruba Bin Wahad (véritablement converti à l’Islam) qui a sa sortie de prison, s’exclamait, que toute sa vie, il s’était battu pour sa dignité d’homme, alors qu’il suffisait pour les membres des WASP trippant sur la cause afro-américaine, de se couper les cheveux pour rentrer dans le rang et se complaire dans le conformisme de l’idéologie dominante.

Passage effacé

Rappel de modération : Merci de respecter les règles du forum : pas de procès à l'encontre d'un intervenant. merci de votre compréhension


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Agone
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MessageSujet: Re: "Faute d'arguments, on injurie": l'effet -isme   "Faute d'arguments, on injurie": l'effet -isme EmptyLun 19 Fév - 0:33

LYDIA a écrit:
Salam

Citation :
L'intellectuel juif rencontre les mêmes problèmes que l'intellectuel musulman, partagé entre sa "-philie" et sa "-logie". Cela conduit à la médiocrité de la recherche, le mélange des genres.

Indéniablement. Mais la critique est aussi un mauvais goût. Et tout le monde ne comprend pas non plus. Qui est Milner ? Un linguiste brillant qu'on ne peut suivre et commenter qu'en lisant son ouvrage Le Juif de savoir, paru chez Grasset en 2006. Avant cette étude, on connaît un Millner dévolu aux sciences d'une linguistique processorielle. Dans cet ouvrage, il analyse le processus transformationnel du rapport des noms "juif" et "savoir". Qu'est-ce qui les rapproche ? Qu'est-ce qui les a éloigné ? Dans son introduction, il écrit :

Quelque chose dans le savoir est sollicité de manière singulière par les porteurs du nom juif ; quelque chose du nom juif est affecté de manière singulière par le savoir. Je n'interroge pas le savoir en général, mais le savoir dans sa relation au nom juif. Je n'interroge pas le nom juif en général, mais ce qui, dans le nom juif, s'ébranle à l'appel du savoir. Des deux noms pris ensemble, je ne retiens que l'intersection. J'appelle celle-ci le Juif de savoir.

Sa question est : quel est ce quelque chose ? En cherchant à y répondre, il bascule dans un travers dont sa pensée ne se relèvera plus. Le judaïsme, dans sa relation au savoir, assure seul la représentation de l'universel. Rien ni personne ne peut égaler cette capacité. En réduisant le concept de savoir à sa seule relation au nom "juif", Millner enferme la théorie au lieu de l'ouvrir, étouffe le concept au lieu de l'aérer. Ce travers culturel l'empêche de concevoir la relation du savoir au juif dans une dimension contingente, lui la place dans une dimension structurelle et c'est là tout le problème.

Salam

Pourrais-tu me dire s'il "explique" ce qui selon lui justifie un tel rapport au savoir et à l'universel ?
On sait, en effet, que ce sont des raisons toutes structurelles qui ont joué ici : à l'époque médiévale et moderne, les grandes familles juives occupaient des postes "dangereux" (comme prêteurs, fermiers généraux et ministre des finances, ils étaient souvent sous le coup de la disgrâce de leur protecteur, le prince, qui garantissait leur fortune) et se devaient de réinvestir leur capital économique en capital culturel pour faire perdurer leur bonne situation sociale (la culture est une richesse plus stable) ; de même, les persécutions - de toutes sortes - dont ils souffert, leur situation minoritaire les ont, sans doute, poussé à rechercher l'universel, des lois générales (cf., par ex, le passage où DURKHEIM explique la relation des Juifs européens à l'éducation dans Le suicide).
Dès lors, plutôt que de qualifier de "structurelles" les relations qu'il constitue entre "judaïsme" et "savoir" et "universel", ne faudrait-il pas dire : "essentielles" (ou, à tout le moins, déshistoricisées et insuffisamment relatives - en ce sens, qu'oubliant la genèse, et donc le caractère arbitraire de dispositions, il - mais il n'est pas le seul: il reprend une thèse classique - oublie tout autant que d'autres groupes ou individus peuvent se retrouver dans des conditions homologues ou aboutissant à des résultats semblables) ?
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Shahruk
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MessageSujet: Re: "Faute d'arguments, on injurie": l'effet -isme   "Faute d'arguments, on injurie": l'effet -isme EmptyLun 19 Fév - 5:37

Agone a écrit:
LYDIA a écrit:
Salam

Citation :
L'intellectuel juif rencontre les mêmes problèmes que l'intellectuel musulman, partagé entre sa "-philie" et sa "-logie". Cela conduit à la médiocrité de la recherche, le mélange des genres.

Indéniablement. Mais la critique est aussi un mauvais goût. Et tout le monde ne comprend pas non plus. Qui est Milner ? Un linguiste brillant qu'on ne peut suivre et commenter qu'en lisant son ouvrage Le Juif de savoir, paru chez Grasset en 2006. Avant cette étude, on connaît un Millner dévolu aux sciences d'une linguistique processorielle. Dans cet ouvrage, il analyse le processus transformationnel du rapport des noms "juif" et "savoir". Qu'est-ce qui les rapproche ? Qu'est-ce qui les a éloigné ? Dans son introduction, il écrit :

Quelque chose dans le savoir est sollicité de manière singulière par les porteurs du nom juif ; quelque chose du nom juif est affecté de manière singulière par le savoir. Je n'interroge pas le savoir en général, mais le savoir dans sa relation au nom juif. Je n'interroge pas le nom juif en général, mais ce qui, dans le nom juif, s'ébranle à l'appel du savoir. Des deux noms pris ensemble, je ne retiens que l'intersection. J'appelle celle-ci le Juif de savoir.

Sa question est : quel est ce quelque chose ? En cherchant à y répondre, il bascule dans un travers dont sa pensée ne se relèvera plus. Le judaïsme, dans sa relation au savoir, assure seul la représentation de l'universel. Rien ni personne ne peut égaler cette capacité. En réduisant le concept de savoir à sa seule relation au nom "juif", Millner enferme la théorie au lieu de l'ouvrir, étouffe le concept au lieu de l'aérer. Ce travers culturel l'empêche de concevoir la relation du savoir au juif dans une dimension contingente, lui la place dans une dimension structurelle et c'est là tout le problème.

Salam

Pourrais-tu me dire s'il "explique" ce qui selon lui justifie un tel rapport au savoir et à l'universel ?
On sait, en effet, que ce sont des raisons toutes structurelles qui ont joué ici : à l'époque médiévale et moderne, les grandes familles juives occupaient des postes "dangereux" (comme prêteurs, fermiers généraux et ministre des finances, ils étaient souvent sous le coup de la disgrâce de leur protecteur, le prince, qui garantissait leur fortune) et se devaient de réinvestir leur capital économique en capital culturel pour faire perdurer leur bonne situation sociale (la culture est une richesse plus stable) ; de même, les persécutions - de toutes sortes - dont ils souffert, leur situation minoritaire les ont, sans doute, poussé à rechercher l'universel, des lois générales (cf., par ex, le passage où DURKHEIM explique la relation des Juifs européens à l'éducation dans Le suicide).
Dès lors, plutôt que de qualifier de "structurelles" les relations qu'il constitue entre "judaïsme" et "savoir" et "universel", ne faudrait-il pas dire : "essentielles" (ou, à tout le moins, déshistoricisées et insuffisamment relatives - en ce sens, qu'oubliant la genèse, et donc le caractère arbitraire de dispositions, il - mais il n'est pas le seul: il reprend une thèse classique - oublie tout autant que d'autres groupes ou individus peuvent se retrouver dans des conditions homologues ou aboutissant à des résultats semblables) ?

Bonsoir

"Superbe" diversion, après que le "masque" de l'occidentaliste exotique soit tombé. Il est vrai que vous nous avez habitué pendant une longue période, sur un autre forum, à une rhétorique trotsko-socialiste, et ici même je vous découvre dans la lignée de la clique hystérique des éradicateurs de France Culture, en reprenant à votre compte les thèse de l'auteur de "La défaite de la pensée".

Auriez vous troqué vos reliques sociologiques, dont le corpus se limitait à trois auteurs (Werber, Bourdieu, Noiriel) contre celles de penseurs obnubilés par le fantasme d'une "guerre des races"? Guerre qui aurait pour cadre les banlieues françaises écumées par des bandes d'identitaires arabo-africains, procédant à un nettoyage ethnique en digne successeurs des tchetniks serbes. Oublié la Capital de karl Marx, à cette allure, le mythe du XXème siècle ne va pas tarder à devenir votre livre de chevet.
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Shandramukhi
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MessageSujet: Re: "Faute d'arguments, on injurie": l'effet -isme   "Faute d'arguments, on injurie": l'effet -isme EmptyMar 20 Fév - 1:24

Agone a écrit:
Le plus triste, c'est le succès d'évidence de ses thèses : je me souviens d'une soeur, remarquable dans l'audience par son beau jilbâb noir, d'origine très populaire, qui était toute enthousiaste à la fin de l'exposé et s'en est allée demander un autographe et l'adresse électronique de l'invité du jour. Enthousiaste d'avoir entendu un discours, même, ici, simpliste et donc en grande partie faux, qui, reprenant les catégories mondaines et ses problématiques évidentes ("le problème des minorités", "le problème des discriminations", "le problème des banlieues"...), celles-là même des intellectuels médiatiques (et de la demande bureaucratique de réponses aux "problèmes sociaux"), ne fait qu'en donner une vision populiste ou misérabiliste qui requalifient, au moins, les populations traditionnellement stigmatisées. Sans s'interroger jamais sur la question de savoir si, finalement, ce n'est pas le problème qui est mal posé, parce qu'il est imposé, et ainsi reconnu, même quand les réponses habituelles sont dénoncées (pour illustrer brutalement: "les jeunes ne sont pas des voyous ou des islamistes qui n'aiment pas la France et la culture: ils se révoltent politiquement et/ou sont victimes de racisme").

salam aleikoum \ Bonsoir,

Je suis frappée par ce passage Shocked
Votre prose qui dans un premier temps flatte cette soeur "remarquable" "au beau jilbab" la dévolorise voire l'insulte trés implicitement et subtilement d'imbécile heureuse (ou débile profonde, c'est au choix) sous prétexte que les dires de l'intervenant au discours populiste à souhait lui ont plu.
Citation :
("le problème des minorités", "le problème des discriminations", "le problème des banlieues"...)
Ces problématiques ne méritent elles pas d'être soulevées?
Je ne suis certes pas étudiante en sciences sociales et je n'ai de même pas assisté à cette fameuse réunion de sociologues plus ou moins chevronnés mais j'estime que ces problématiques soulevées ne sont en rien "populistes" ou dénuées de bon sens. Je ne dis pas non plus qu'elles sont les seules et uniques causes des émeutes de 2005.

Pour étudier un fait, faut il impérativement être sur place à l'heure ou les nouvelles technologies nous peremmtent de suivre ce qui se passe a un endroit X à l'instant T? Je ne sais pas pour vous mais je ne vis pas en banlieue et pourtant j'ai suivi ce évènements avec attention. Un sociologue pour décrire ou étudier un fait doit le vivre et être sur place? (Je soulève des questions simplement)

Bref, votre prose m'a passablement agacée. Vous vous posez en maître qui juge avec mépris et hauteur (cette soeur que vous décrivez en a fait les frais, la pauvre malgré son beau jilbab...)
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inji
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MessageSujet: Re: "Faute d'arguments, on injurie": l'effet -isme   "Faute d'arguments, on injurie": l'effet -isme EmptyMar 20 Fév - 12:52

Salaam

J'ai eu beaucoup de mal à lire ce post. C'est du Bourdieu pastiché Razz mais pour le coup, j'ai beau lire et relire, je trouve que la complexification à souhait des propos rend le texte au premier abord hermétique et inattaquable (c'était sûrement l'objectif de Bourdieu...c'est louable et admirable car stratégique), mais paradoxalement très flou aussi (ce n'était sûrement pas l'objectif de Bourdieu)...c'est dommage, donc j'aimerais bien avoir des éclaircissements.

Agone a écrit:

Dans les deux cas, moins qu'un retour à une authenticité fantasmée ou, à tout le moins, sélective, c'est surtout la force politique et sociale de l'"antisémitisme" et du "racisme"anti-maghrébin (il faudrait bannir ces concepts politiques, d'où les guillemets) et anti-islam, dans des contextes de "crise" qui rend nécessaire et possible, chez certaines fractions des populations concernées, souvent celles qui ont quelque capital scolaire à faire valoir et qu'elles n'ont pu ou sentent ne pas pouvoir "rentabiliser" (et qui mobilisent leurs qualités intellectuelles ou leur petite notabilité locale pour se faire porte-parole de leur groupe particulier, à défaut de pouvoir l'être de la société en général)

Cela signifie donc que les dominants chez les dominés se posent en porte-parole du groupe. Et que cette prise en charge serait surtout réactionnaire et identitaire (voire ethniciste), une manière d'être un intellectuel arabe ou noir en soit. Me trompe-je ? Est-ce qu'il y aurait alors des études empiriques précises là-dessus ? Ou bien sont-elles en cours ? A venir peut-être...
Dans ce cas, pourquoi ne pas aborder la question de ces porte-parole, un peu comme ceux que l'on a souvent appelés les "entrepreneurs de protestation" en sociologie des mouvements sociaux, qui sont extérieurs au groupe des dominés - et sont donc "mieux" dotés en capitaux social, économique, mais surtout politique et militant - et qui prennent en charge la cause des du groupe démuni comme a pu le faire l'extrême-gauche avec les sans-papiers ou les mal-logés. Plus une cause était marginale et plus elle attirait ces "entrepreneurs" qui bien entendu avaient des intérêts multiples - notamment symboliques, mais aussi politiques - à s'engager aux côtés des dominés, leur engagement versant parfois malheureusement dans un paternalisme outrancier.
Qu'en est-il de ceux-là ?


Citation :
l'identification au stigmate et impossible, ou presque, la connaissance savante

je ne comprends pas cette phrase, ou du moins son lien avec le début. Merci de préciser


Bonne journée à tous


Dernière édition par le Mar 20 Fév - 14:03, édité 1 fois
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Qantara
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MessageSujet: Re: "Faute d'arguments, on injurie": l'effet -isme   "Faute d'arguments, on injurie": l'effet -isme EmptyMar 20 Fév - 13:34

Salamou alaykoum

Vous savez mes chers collègues, la malhonnêteté intellectuelle est le vice le plus répandu dans les rangs de nos élites. Mais il y a une chose dont on peut être absolument sûr, c'est que Bourdieu n'avait pas ce vice. Il avait l'esprit tortueux, il avait des penchants idéologiques qui complexifiaient ses théories sociologiques, déchirées entre la polémique et le scientifique, il avait une puissance absolue dans la modulation de sa rhétorique. Mais jamais, ô grand jamais, il n'a été intellectuellement malhonnête au point de vouloir noyer une communauté religieuse dans un discours savant sur la reproduction sociale. La lecture de Millner sur Bourdieu se caractérise par un sentiment de frustration du chercheur juif qui cherche son identité et qui veut la décortiquer à la lumière des persécutions historiques.

Lydia répondra mieux que moi sur le débat entre structure et contingence dans la définition du Juif de Savoir, je ne répondrai pas à sa place. En revanche, je m'attarderai quelque peu sur les remarques connexes de Shahruk. Je vous l'ai dit, la malhonnêteté intellectuelle est un fléau mais là encore, il y a une chose sur laquelle j'insiste lourdement : le problème des jeunes chercheurs musulmans est un problème épineux, c'est exactement le même que celui des chercheurs juifs et même des chrétiens d'ailleurs (pensez à Girard, le pauvre !). Comment doivent-ils se définir ? La recherche, ce n'est pas la croyance. On peut être amené dans ces recherches à tomber sur des objets qui nous déplaisent en tant que croyants. Les mettre en exergue fait dire à beaucoup de coreligionnaires qu'il y a là vile manipulation intellectuelle et que le chercheur en question a remis en cause son islamité pour détruire une religion.

Le débat polémique sur l'islamité d'un chercheur est justement ce qui l'empêche d'avancer. Je suis d'accord pour contrecarrer un argumentaire scientifique complètement aberrant, comme celui de Millner mais aussi comme celui de Yahya qui est abominable. Mais je ne suis pas d'accord pour mettre en valeur avant même d'avoir entendu son argumentaire, la religiosité du chercheur à moins que celle-ci ne déteigne totalement sur son travail, comme c'est le cas de Millner et de Yahya. Le seul moment où je dis : il y a aberration, c'est quand on essaie de faire absolument entrer un cube savant dans une boule religieuse et vice versa. Regardez Millner, c'est exactement ce qu'il fait.

Qu'en dites-vous collègue ?!
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Agone
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MessageSujet: Re: "Faute d'arguments, on injurie": l'effet -isme   "Faute d'arguments, on injurie": l'effet -isme EmptyMar 20 Fév - 14:01

Salam

inji a écrit:
Salaam

J'ai eu beaucoup de mal à lire ce post. C'est du Bourdieu pastiché Razz mais pour le coup, j'ai beau lire et relire, je trouve que la complexification à souhait des propos rend le texte au premier abord hermétique et inattaquable (c'était sûrement l'objectif de Bourdieu), mais paradoxalement très flou aussi (ce n'était sûrement pas l'objectif de Bourdieu)...c'est dommage, donc j'aimerais bien avoir des éclaircissements.

L’écriture sociologique est difficile, en ce qu’elle tente de contrôler un maximum de variables simultanément afin d’éviter toutes les mauvaises lectures (en tous les cas, d’avoir le moins de choses possibles à se reprocher, parce qu’on ne peut contrôler les investissements que met le lecteur dans son action). Elle demande de la réécriture, et toi qui m’as déjà relu, le sais aussi bien que moi. Bref, je devrais me contenter de dire des choses et de faire des phrases simples.

Quant au « flou » et à « l’hermétique », mouais…

Agone a écrit:

Dans les deux cas, moins qu'un retour à une authenticité fantasmée ou, à tout le moins, sélective, c'est surtout la force politique et sociale de l'"antisémitisme" et du "racisme"anti-maghrébin (il faudrait bannir ces concepts politiques, d'où les guillemets) et anti-islam, dans des contextes de "crise" qui rend nécessaire et possible, chez certaines fractions des populations concernées, souvent celles qui ont quelque capital scolaire à faire valoir et qu'elles n'ont pu ou sentent ne pas pouvoir "rentabiliser" (et qui mobilisent leurs qualités intellectuelles ou leur petite notabilité locale pour se faire porte-parole de leur groupe particulier, à défaut de pouvoir l'être de la société en général)

Cela signifie donc que les dominants chez les dominés se posent en porte-parole du groupe.

Oui, plus exactement (mais il faudrait donner des éléments empiriques, et ce n’est pas le lieu) : si une partie des « dominants parmi les dominés » (pour le dire vite) arrive à s’en sortir, i.e. à sortir du groupe (par ex, en accédant à une position sociale élevée – en fonction du « point de départ »), l’autre partie tend à prendre en charge les affaires du groupe d’origine, sous différentes formes d’ailleurs (érudition locale, politique locale, économie locale, etc.) – et souvent à dénoncer la trahison des premiers (trahison de la « classe d’origine », de la « région d’origine », de « l’identité d’origine ou – mais la liste n’est évidemment pas exhaustive – de la « race d’origine », en fonction des lieux, des temps et des problématiques). Parce que la spatialisation des conflits sociaux permet d’occulter les conflits sociaux qui traversent le groupe en lui donnant une unité (par ex : les régionalistes créent une solidarité régionale par-delà les conflits, de diverses natures, qui peuvent traverser la population d’une même région) vis-à-vis de l’extérieur, ces porte-parole ne tolèrent pas que l’on rende public l’existence de différences et de conflits en son sein et c’est ce qui explique la violence des réactions à ces tentatives d’objectivation. (Pierre BOURDIEU notait, à juste titre, que « lorsqu’il est repris dans les luttes de classements qu’il s‘efforce d’objectiver – et, sauf à en interdire la divulgation, on ne voit pas comment empêcher cet usage – le discours scientifique se remet à fonctionner comme dans la réalité des luttes de classement, c’est-à-dire comme un discours de consécration disant, par un dire autorisé qui autorise, que ce qui est doit être : il est donc voué à apparaître comme critique ou complice selon le rapport complice ou critique que le lecteur entretient lui-même avec la réalité décrite. C’est ainsi que le seul fait de montrer peut fonctionner comme une manière de montrer du doigt, de mettre à l’index, de mettre en accusation, ou, à l’inverse, comme une façon de faire voir et de faire valoir. »)


Et que cette prise en charge serait surtout réactionnaire et identitaire (voire ethniciste), une manière d'être un intellectuel arabe ou noir en soit. Est-ce qu'il y aurait des études empiriques précises là-dessus ? Ou sont-elles en cours ? A venir peut-être...

Non, pas nécessairement orientée ainsi. Tout dépend de la configuration singulière dans laquelle ces revendications (régionalistes, ethniques, classistes…) naissent et fonctionnent. Mais il est vrai qu’entrant en concurrence avec la représentation nationale, qui a tous les instruments de l’universel (l’école, la langue, l’accès aux emplois…) ou presque (en fait, les tendances structurelles au déclassement scolaire, à la multiplication des sous-marchés culturels, avec l’extension de l’accès au capital scolaire dans la population, et, évidemment, à l’internationalisation de l’économie, et leurs effets dispositionnels - anti-institutionnels, anti-centre, anti-Etat - tendent à multiplier les concurrences vis-à-vis de la vision nationale du monde social), ces revendications, dans leurs formes les plus pures ou radicales, sont vouées à être produites par des "marginaux" (du point de vue du centre) et à être tenues pour marginales – voire carrément ignorées ou, à l’inverse, diabolisées (i.e. reconnues mais écartées des luttes de pouvoir officiel) – sauf sous certaines conditions exceptionnelles (il faudrait, sans doute – ce sont des hypothèses en construction et en travail –, ici, distinguer entre les situations où la nationalisation est forte et celle où elle est moindre).
Il y a des travaux, nombreux, sur le régionalisme, le nationalisme, l’antisémitisme, le communisme, etc.


Dans ce cas, pourquoi ne pas aborder la question de ces porte-parole, un peu comme ceux que l'on a souvent appelés les "entrepreneurs de protestation" en sociologie des mouvements sociaux, qui sont extérieurs au groupe des dominés - qui sont donc "mieux" dotés en capitaux social, économique, mais surtout politique et militant - et qui prennent en charge la cause des du groupe démuni comme a pu le faire l'extrême-gauche avec les sans-papiers ou les mal-logés. Plus une cause était marginale et plus elle attirait ces "entrepreneurs" qui bien entendu avaient des intérêts multiples à s'engager aux côtés des dominés. Ils y trouvaient des avantages, symboliques surtout. Lesquels ?? On pourrait en parler pendant des heures.
Qu'en est-il de ceux-là ?

Tout dépend de qui on parle. Dans le cas des régionalistes ou des sionistes, le besoin de ces entrepreneurs était moindre parce que les notables en question avaient toutes les armes et occupaient déjà les positions dominantes dans leur groupe. (Il faudrait creuser, évidemment : je trace à gros traits et sur certaines questions, je n’en suis qu’au stade de l’hypothèse et de l’analogie.)

Je ne parlais pas, ici, des entrepreneurs de protestation – ou allusivement : qu’est-ce que font objectivement ce YMB ou MILNER si ce n’est tenter d’importer dans le champ scientifique des problématiques, des catégories forgées dans le champ militant, i.e. participer à les consacrer universellement, y compris donc dans les relations entre chercheurs ? – parce que ce n’était pas l’objet de mon texte : il s’agissait plutôt de tenter de comprendre les modalités d’adhésion de certaines fractions d’une population dont la représentation est revendiquée à un stigmate ou à un emblème d’ailleurs.

Citation :
l'identification au stigmate et impossible, ou presque, la connaissance savante

je ne comprends pas cette phrase, ou du moins son lien avec le début. Merci de préciser


Bonne journée à tous

Pour la seconde partie de la phrase (la première est expliquée ci-dessus), elle renvoie à la complexité d’objectiver un objet en crise, dont les représentations sont enjeux de luttes « violentes ».
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MessageSujet: Re: "Faute d'arguments, on injurie": l'effet -isme   "Faute d'arguments, on injurie": l'effet -isme EmptyMar 20 Fév - 15:05

Zut...j'avais pourtant modifié mon message pour préciser mon propos : L'écriture bourdieusienne est ce qu'il y a de mieux pour toutes les raisons qui ont été citées ici (thanks à Qantara notamment) et que je n'ai fait que suggérer dans mon post précédent (en parlant de stratégie louable)...c'est pas moi qui dirais le contraire...


Agone a écrit:
L’écriture sociologique est difficile, en ce qu’elle tente de contrôler un maximum de variables simultanément afin d’éviter toutes les mauvaises lectures (en tous les cas, d’avoir le moins de choses possibles à se reprocher, parce qu’on ne peut contrôler les investissements que met le lecteur dans son action). Elle demande de la réécriture, et toi qui m’as déjà relu, le sais aussi bien que moi. Bref, je devrais me contenter de dire des choses et de faire des phrases simples.

...et le chercheur lui-même dans son étude, malgré sa bonne volonté (et oui...je crois en la bonté de la nature humaine, moi qui partage peu les analyses - le peu que je connais des conséquences parfois fâcheuses de cette philosophie plutôt - de l'Aufklärung)


Agone a écrit:
Oui, plus exactement (mais il faudrait donner des éléments empiriques, et ce n’est pas le lieu) : si une partie des « dominants parmi les dominés » (pour le dire vite) arrive à s’en sortir, i.e. à sortir du groupe (par ex, en accédant à une position sociale élevée – en fonction du « point de départ »), l’autre partie tend à prendre en charge les affaires du groupe d’origine, sous différentes formes d’ailleurs (érudition locale, politique locale, économie locale, etc.) – et souvent à dénoncer la trahison des premiers (trahison de la « classe d’origine », de la « région d’origine », de « l’identité d’origine ou – mais la liste n’est évidemment pas exhaustive – de la « race d’origine », en fonction des lieux, des temps et des problématiques).


Est-ce que le problème est bien là ? Cette catégorie qui "s'en sort" ( et qui serait vue par l'autre catégorie des "dominants parmi les dominés" comme des "traîtres") ne se sert-elle pas justement - malgré elle parfois - de ces "origines" (sociales, raciale, etc.) pour appuyer son ascension. Et est-ce qu' "on" (les dominants dans les milieux sociaux, politiques, intellectuels, etc.) ne se sert pas d'elles aussi ? C'est surtout le résultat de la combinaison de nombreux éléments conjoncturels qui imposerait à cet individu le fait de s'appuyer - parfois malgré lui encore une fois - sur son statut (caractérisé notamment par un stigmate visible le plus souvent) pour percer, et qui là encore donc n'échappe pas non plus à l'identification au stigmate. Le problème étant en fait, à mon avis, que le milieu dans lequel évoluerait cet individu (milieu intellectuel et politique notamment mais pas seulement. En cela, les sociologues gagneraient à tirer des conséquences de leur propre sociologie) lui laisse peu de marges de manoeuvres, et qu'il se trouve donc tiraillé dans les deux sens si je puis dire.


Citation :
Parce que la spatialisation des conflits sociaux permet d’occulter les conflits sociaux qui traversent le groupe en lui donnant une unité (par ex : les régionalistes créent une solidarité régionale par-delà les conflits, de diverses natures, qui peuvent traverser la population d’une même région) vis-à-vis de l’extérieur, ces porte-parole ne tolèrent pas que l’on rende public l’existence de différences et de conflits en son sein et c’est ce qui explique la violence des réactions à ces tentatives d’objectivation.

S'il n'y avait pas de réactions "violentes" de l'objet d'étude, le sociologue n'obéirait plus à l'image de "l'agitateur provocateur et romantique" qui fait son succès Smile
Plus sérieusement (quoique...), cette question-là peut aussi bien renvoyer aux limites de l'introspection scientifique. Non pas qu'il ne faille pas déranger l'objet/sujet d'étude (puisqu'il faut bien "révéler" les enjeux cachés), mais jusqu'où peut aller le chercheur pour trouver ses réponses ? Doit-il outrepasser les limites (forcément variables selon les personnes je le conçois) de la bienséance, voire abuser de la confiance de son objet pour trouver ses réponses (parfois présentes avant même le travail d'analyse, même si on appelle cela des hypothèses) ? Ce serait un sujet passionnant.


Citation :
(Pierre BOURDIEU notait, à juste titre, que « lorsqu’il est repris dans les luttes de classements qu’il s‘efforce d’objectiver – et, sauf à en interdire la divulgation, on ne voit pas comment empêcher cet usage – le discours scientifique se remet à fonctionner comme dans la réalité des luttes de classement, c’est-à-dire comme un discours de consécration disant, par un dire autorisé qui autorise, que ce qui est doit être : il est donc voué à apparaître comme critique ou complice selon le rapport complice ou critique que le lecteur entretient lui-même avec la réalité décrite. C’est ainsi que le seul fait de montrer peut fonctionner comme une manière de montrer du doigt, de mettre à l’index, de mettre en accusation, ou, à l’inverse, comme une façon de faire voir et de faire valoir. »)

H.S (ça m'intéresse) : cette phrase est tirée de quel livre de Bourdieu, (j'imagine qu'elle n'est pas sortie de l'esprit Smile ) ?


Citation :
Non, pas nécessairement orientée ainsi. Tout dépend de la configuration singulière dans laquelle ces revendications (régionalistes, ethniques, classistes…) naissent et fonctionnent. Mais il est vrai qu’entrant en concurrence avec la représentation nationale, qui a tous les instruments de l’universel (l’école, la langue, l’accès aux emplois…) ou presque (en fait, la multiplication des sous-marchés culturels, avec l’extension de l’accès au capital scolaire dans la population, et donc des tentatives de se faire porte-parole, tendent à multiplier les concurrences vis-à-vis de la vision nationale du monde social), ces revendications, dans leurs formes les plus pures ou radicales, sont vouées à être produites par des marginaux et à être tenues pour marginales – voire carrément ignorées ou, à l’inverse, diabolisées (i.e. reconnues mais écartées des luttes de pouvoir officiel) – sauf sous certaines conditions exceptionnelles (il faudrait, sans doute – ce sont des hypothèses en construction et en travail –, ici, distinguer entre les situations où la nationalisation est forte et celle où elle est moindre). Il y a des travaux, nombreux, sur le régionalisme, le nationalisme, l’antisémitisme, le communisme, etc.

Je pensais bien sûr aux musulmans et aux maghrébins. Mais maintenant j'en suis sûre, ces études sont à venir...
C'est dommage que ce ne soit que des hypothèses, le travail empirique manque, parce que je pense sérieusement que de telles analyses ne sont fondées que sur les discours éparses (forcément tronqués donc) et pas sur les pratiques elles-mêmes. Evidemment, ça excite les foules...


Citation :
Tout dépend de qui on parle. Dans le cas des régionalistes ou des sionistes, le besoin de ces entrepreneurs était moindre parce que les notables en question avaient toutes les armes et occupaient déjà les positions dominantes dans leur groupe. (Il faudrait creuser, évidemment : je trace à gros traits et sur certaines questions, je n’en suis qu’au stade de l’hypothèse et de l’analogie.)

Les populations musulmanes et maghrébines (venons-en au sujet) auraient bien plus "besoin" de ces "soutiens" extérieurs. C'est bien cela ?


Citation :
Pour la seconde partie de la phrase (la première est expliquée ci-dessus), elle renvoie à la complexité d’objectiver un objet en crise, dont les représentations sont enjeux de luttes « violentes ».

Tout à fait d'accord. Comment vont faire ceux qui souhaitent étudier cela car ils en auront fait un enjeu de leur réussite ?


Bonne journée


Dernière édition par le Dim 17 Juin - 14:21, édité 1 fois
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Sun-Tzu
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MessageSujet: Re: "Faute d'arguments, on injurie": l'effet -isme   "Faute d'arguments, on injurie": l'effet -isme EmptyMar 6 Mar - 22:54

As-salam alaykoum wa rahmatoullah wa barakatouh

C’est lorsque le nain tombe de l’échelle que l’on s’aperçoit de sa petite taille….

Wa salam alaykoum
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Sandokhan
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MessageSujet: Re: "Faute d'arguments, on injurie": l'effet -isme   "Faute d'arguments, on injurie": l'effet -isme EmptyMer 7 Mar - 16:26

Salam 'ala man itabaa' l'houda,

L'hypocrisie signifie duplicité. Une personne coupable d'hypocrisie dit ce qu'elle ne pense pas et feint d'être ce qu'elle n'est pas. L'hypocrisie dans le domaine de la foi constitue une grande menace pour la société islamique. Une personne prétendant être un membre de la nation musulmane alors qu'elle ne l'est pas vraiment, est exactement comme un espion qui se dit être le soutien d'une nation alors qu'il est en réalité son ennemi et qu'il s'acharne à la trahir.

A propos des hypocrites, I'Imam Ali dit: «Pour atteindre leurs fins vicieuses, ils ont fait des clés pour ouvrir toute porte. Lorsqu'ils parlent, ils trompent. Lorsqu'ils expliquent, ils stupéfient. Ils tendent un piège aux gens pour les faire coopérer avec eux, et ensuite ils leur ferment toute porte de sortie».
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