Le "Grand Sénousi" (m. 1859)

Muhammad ibn 'Ali as-Sanusi

(Al-Wasita, près de Mostaganem, 1202 [1787] – Jaghbub, 1276 [1859])

Prédicateur et écrivain mystique, fondateur de la confrérie Sanusiyya. Après avoir reçu sa formation initiale à Tlemcen, Mostaganem et Fès (où il rencontra notamment Ahmad al-Tidjani), il voyagea à travers l'Orient. Installé à La Mekke, dans le quartier d'Abu Kubays, il y vécut de nombreuses années (1825-1854). C'est à La Mekke qu'il entra en contact avec le fondateur de la confrérie Idrisiyya, Ahmad ibn Idris, dont il devint l'un des plus éminents disciples. Après la mort de son sheikh, as-Sanusi fonda sa propre tarika (1837).

A partir de 1840 il fit de fréquents voyages en Afrique du Nord afin d'y superviser la fondation de nplusieurs zawiyas. Ne pouvant retrourner dans son pays d'origine en raison de l'occupation française, il séjourna quelques temps dans la région côtière d'al-Barka (1843) puis dans les oasis du Fezzan. En 1854 il quitta définitivement La Mekke pour s'installer à demeure à al-Jaghbub, où il mourut quelques années plus tard.

Durant près de trente ans, celui qu'on appela "le grand sénousi" prêcha inlassablement le retour à un soufisme orthodoxe, ennemi des innovations blâmables comme de l'imitation aveugle des autorités. Grâce à son charisme et à sa puissance de conviction, il amena de nombreux Bédouins à se sédentariser et à vivre dans des communautés agricoles bâties autour d'un grand réseau de zawiya-s géré par la confrérie. Il ouvrit également de nombreuses madrasas prêtes à accueillir des étudiants venus du Maghreb et d'ailleurs. Après sa mort ses descendants directs lui succédèrent à la tête de la tarika sanusiyya. A partir de 1890 et jusqu'en 1933, celle-ci devait mener un long et courageux djihad contre les colonisateurs français et anglais, en Libye et au Tchad principalement.

Loin d'être seulement un prédicateur et un organisateur de talent, Muhammad al-Sanusi fut également l'un des plus grands écrivains mystiques de son siècle. Il a collaboré à la réislamisation du Sahara et il fait bonne figure auprès des grandes autorités du soufisme. L'ensemble de son œuvre (plus de 44 titres) a été éditée sous le titre Al-madjmuat al-mukhtara. On pourra signaler en particulier ses travaux sur l'histoire de la pratique du dhikr (Salsabil al-mu'in fi l-tara'ik al-arba'in).