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 Portrait : l'intellectuel réformateur de l'islam

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MessageSujet: Portrait : l'intellectuel réformateur de l'islam   Portrait : l'intellectuel réformateur de l'islam EmptyMar 25 Sep - 3:29

Portrait : l'intellectuel réformateur de l'islam
Extraits du mémoire de Tristan Waleckx

Portrait : l'intellectuel réformateur de l'islam Nouveauxpenseurstt9



Notre sujet concernant l'image renvoyée par la presse, il s'agit de traiter dans cette partie les figures qui, parmi celles qui prétendent à une place de réformateur, ont accédé à ce statut dans le « paysage médiatico-intellectuel français ». Ce sont donc essentiellement des réformateurs rationalistes et libéraux, héritiers en grande partie du réformisme critique, regroupés autour du concept de « nouveau penseur » forgé par Rachid Benzine.
Cette nouvelle classe d'intellectuels, improvisés rénovateurs du texte coranique par une conjoncture les y encourageant, ont une double culture : islamique et occidentale. L'apparente hétérogénéité des parcours masque-t-elle une réelle uniformité de la nouvelle interprétation du Coran proposée ?

Des parcours divers ?

A première vue, ces néo-réformateurs de l'islam, dont la liste ici ne se prétend pas exhaustive, ont peu de choses en commun. Chronologiquement, nous pouvons remarquer que Mohamed Talbi (1921) et Mohamed Arkoun (1928) sont en quelque sorte les précurseurs, les aînés des nouveaux penseurs. Les autres sont nés dans les décennies 1940 et 1950 : Fatima Mernissi (1940), Abdelmajid Charfi (1942), Nasr Abou-Zeid (1943), Youssef Seddik (1943), Abdul Karim Soroush (1945), Abdou Filali-Ansary (1946), Abdelwahab Meddeb (1946), Malek Chebel (1953), et Farid Esack (1957). Fédérateur du groupe, Rachid Benzine (1971) en est le benjamin. Certaines autres figures, comme le pakistanais Fazlur Rahman (1919-1988), sont décédées mais tendent à être présentées de façon rétroactive comme des figures posthumes de ce nouveau réformisme musulman.

Géographiquement, ces intellectuels apparaissent comme des réformateurs « de l'intérieur » de l'islam par leur naissance. La quasi-totalité viennent de pays musulmans anciennement colonisés. Les pays maghrébins sont largement représentés, et l' « école de Tunis de l'exégèse » est à la pointe du mouvement (Mohamed Talbi, Abdelmajid Charfi, Mohamed Charfi, Youssef Seddik, Abdelwahab Meddeb, Fethi Benslama,) : « La Tunisie est aujourd'hui une des terres d'islam où se font entendre le plus de voix qui en appellent à une nouvelle approche du phénomène religieux. »

Mais l'Algérie a également produit ses penseurs (Mohamed Arkoun, Malek Chebel), tout comme le Maroc (Abdou Filali-Ansary, Fatima Mernissi, Rachid Benzine) ou l'Egypte (Nasr Hamid Abou-Zeid). Les autres viennent de sphères géographiques différentes mais ont pour point commun d'avoir vécu leur enfance au sein d'une communauté de culture religieuse islamique, comme Abdul Karim Soroush (Iran) ou Farid Esack (minorité indo-pakistanaise d'Afrique du Sud).

D'autres figures fournissent un travail intellectuel important pour une réforme libérale de l'islam et ont un profil correspondant peu ou prou à celui des nouveaux penseurs. Mais leur visibilité dans la presse, notamment en raison de la barrière de la langue, est totalement insignifiante en France et ils ne peuvent donc être assimilés à cette nouvelle caste d'intellectuels médiatiques.

S'ils se ressemblent donc peu par leurs origines, ces réformateurs présentent une analogie certaine dans leur parcours intellectuel. Beaucoup de ces personnages quittent leur pays natal pour aller étudier en Occident. Nasr Abou-Zeid part étudier aux Etats-Unis à Philadelphie, tandis que d'autres comme Fazlur Rahman et Abdoul Karim Soroush se retrouvent en Angleterre.

Mais la France est également un gros foyer de formation de ces nouveaux penseurs. Selon Mohamed Mestiri, président du bureau français de l'IIIT (Institut International de la Pensée Islamique), « l'UNESCO classe la France en deuxième position, après les Etats-Unis, dans la capacité d'accueillir l'exil du savoir musulman ». Voilà pourquoi Jamel-Eddine Bencheikh va même jusqu'à affirmer que « l'islam moderne naîtra en France », puisque « dans ce pays, il est parfaitement possible de se choisir des formes de vie sociale, économique et politique qui ne contreviennent pas fondamentalement à l'inspiration de la prédication prophétique ». Ainsi, les grandes figures de cette nouvelle caste d'intellectuels musulmans, comme Mohamed Arkoun, Mohamed Talbi, Fethi Benslama, Malek Chebel, ou encore Abdelwahab Meddeb, ont suivi des études dans l'Hexagone. Sans renier leur foi, tous ces penseurs, qui ont été au contact de la méthodologie universitaire occidentale, décident alors que la connaissance des sciences humaines doit guider leur réforme de l'islam.

Si, pour ces réformateurs, l'aggionarmento de l'islam viendra peut-être en France, il leur est en revanche inconcevable qu'il vienne de chercheur français. Pour Mohamed Arkoun, le chercheur occidental voit forcément sa pensée biaisée par sa subjectivité, qu'elle soit positive ou négative :
« Je connais plus d'un islamologue, `ami de l'islam et des Arabes', qui préfère se faire le chantre des idéologies officielles, de la `grandeur' de l'islam, plutôt que de contribuer au nécessaire combat de modernisation de la pensée islamique. Il y a aussi ceux qui dénigrent systématiquement l'islam et contraignent les intellectuels musulmans critiques à durcir leur propre combat contre le modèle hégémonique de l'Occident. »

L'intellectuel français, fût-il converti, s'il peut aider à diffuser la réforme, ne peut être lui-même un réformateur de l'islam. C'est le cas de Michel Renard, avec sa Revue Islam de France, qui n'est pas considéré comme tel. En effet, ce n'est pas seulement à l'islam mais au monde musulman dans son ensemble que l'on demande de se réformer. Or, comme l'explique Malek Chebel, « il n'y a de critique valable que si elle est, par essence, une autocritique. »

Si le portrait type du réformateur de l'islam est donc une personnalité issue du monde musulman dont une partie de la formation intellectuelle s'est déroulée en Occident, il faut également rajouter une autre caractéristique : le réformateur médiatique a forcément été à un moment de sa vie confronté à des oulémas conservateurs. Fazlur Rahman et Abdoul Karim Soroush ont, sous la menace, dû quitter respectivement le Pakistan et l'Iran pour rejoindre définitivement les Etats-Unis, alors que Nasr Abou-Zeid est déclaré apostat par l'université Al-Azhar en 1995 pour son livre Critique du discours religieux, et il est dès lors contraint de s'exiler aux Pays-Bas. Au Maroc, Fatima Mernissi s'est vu interdire de publier son essai moderniste, Le Harem politique. Quant à l'historien tunisien Abdelmajid Charfi, il est censuré dès qu'il traite de manière critique des rapports entre science et islam.

Le groupe de réformateurs de l'islam qui se constitue a également ceci de remarquable qu'il rassemble des intellectuels qui s'assignent un rôle d'exégèse sans être théologien au sens organique du terme. « Je précise que je suis historien et pas un faqîh. Je ne fais pas de déclaration au nom de l'islam car je n'ai pas mandat pour le faire ni pour affirmer voilà ce qu'il dit sur telle ou telle question », explique ainsi Mohamed Talbi. En revanche, s'ils n'ont pas tous reçu une formation en théologie, ils ont bel et bien la prétention de faire évoluer l'interprétation du texte coranique en expliquant son contexte. Le Coran qui a, pour ces intellectuels croyants, une dimension à la fois « historique » et « transcendantale », peut ainsi être analysé avec les outils critiques de la modernité occidentale tout en ne négligeant pas l'aspect sacral du message.

Ces intellectuels ont donc une même idée de la réforme. Elle doit être selon eux réalisée à la fois à l'intérieur de l'islam - faite par des gens de culture et de religion musulmane - et à l'extérieur de celui-ci - par l'utilisation des outils de la modernité occidentale.



Pour lire l'intégralité du mémoire de Tristan Waleckx, "Naissance médiatique de l'intellectuel musulman en France (1989-2005) : http://www.memoireonline.com/12/05/63/m_naissance-intellectuel-musulman-medias-francais2.html

Source de l'image : http://www.lavieeco.com/Politique/DialoguedesourdsentreRachidBenzineetSaadEddineElOtmani
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