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 "Islam de l’extérieur, musulmans de l'intérieur "

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yasmine172
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Nombre de messages : 746
Date d'inscription : 23/10/2006

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MessageSujet: "Islam de l’extérieur, musulmans de l'intérieur "   "Islam de l’extérieur, musulmans de l'intérieur " EmptySam 4 Nov - 19:58

salam
L'article est long, mais il est très intéressant , consultez aussi par la même occasion le site web http://www.conflits.org/ (sociologie politique de l'international)
« Islam de l’extérieur, musulmans de l'intérieur » : deux visions après le 11 septembre 2001
par Jocelyne Césari
Il est toujours surprenant de constater à quel point la perception dominante de l'islam l'érige en « inquiétante étrangeté » comme si entre « eux et nous » il n'y avait aucune valeur partagée alors que l'islam n'est jamais que la troisième branche du tronc monothéiste. Les valeurs de l'islam sont donc dans l'absolu, comparables à celles des autres religions monothéistes et pourtant surgit régulièrement la vision d'une religion « orientale » radicalement opposée et combative vis-à-vis de nos valeurs « judéo-chrétiennes »1. Il faut en chercher les raisons dans une histoire faite de confrontations entre l'Europe et le monde musulman dont l'espace méditerranéen a été le décor principal depuis l'époque médiévale. Ce que nous croyons savoir de l'islam est en grande partie le produit d'une vision bâtie sur des siècles d'opposition tout autant politique que religieuse. La réalité mouvante et paradoxale des musulmans de l'intérieur comme de l'extérieur, du comportement le plus privé jusqu'aux aspects les plus collectifs, disparaît alors sous le poids de représentations sédimentées au fil des siècles. Ces représentations s'agrègent à partir de moments historiques et de rencontres qui vont cristalliser de manière durable des tryptiques d'images différentes et parfois contradictoires telles que « violence, hérésie et débauche » ou encore « sensualité, brutalité, cruauté »2.

Depuis l'ouvrage d'Edward Said, L'orientalisme. L'Orient créé par l'Occident3, la corrélation entre l'impérialisme et la tradition scientifique orientaliste n'est plus à faire. En effet, cette discipline allait s'affirmer au cours du XIXe et du suivant, à la fois comme une tradition savante, un mode de pensée fondé sur la distinction ontologique entre Orient et Occident et comme une institution au service de la domination. De Sylvestre de Sacy à Louis Massignon en passant par Ernest Renan, cette théorie et cette praxis a consisté à reformuler dans le langage scientifique de l'époque, l'ensemble des structures héritées du passé en contribuant à pérenniser une vision essentialiste et totalisante de l'islam. L'Orient et avec lui l'islam apparaissent comme une « nécessité intellectuelle ». En effet, le criticisme historique et le moralisme scientifique de la philologie, permettaient à la critique rationaliste de s'affirmer dans l'étude des religions et de légitimer une opposition entre d'un côté, les religions et en particulier l'islam et de l'autre, la science. A n'en pas douter, bon nombre de nos contemporains, acquiesceraient aux termes utilisés par Ernest Renan pour exprimer cette opposition :

« Ce qui distingue en effet le musulman, c'est la haine de la science, c'est la persuasion que la recherche est inutile, frivole, presque impie, la science de la nature parce qu'elle est une concurrence faite à Dieu, la science historique parce que s'appliquant à des temps antérieurs à l'islam, elle pourrait raviver d'anciennes erreurs »4.

Sans remettre en cause les apports sur la langue ou la culture de l'orientalisme, ni négliger les profondes transformations apportées par les sciences humaines dans l'étude du monde arabo-musulman, il faut cependant être attentif aux présupposés qui ont longtemps sous-tendu tout discours y compris à prétention scientifique sur l'islam et les musulmans parce qu'ils s'inscrivaient dans une vison inégalitaire entre cultures, allant de pair avec la geste coloniale. Et si l'orientalisme manifeste a été profondément renouvelé par la sociologie, l'anthropologie ou la science politique, il n'en demeure pas moins que l'orientalisme latent, somme des représentations accumulées, continue d'agir. De ce point de vue, Edward Saïd a raison d'affirmer que l'Orient et l'islam n'existent pas : ils sont des topos, des ensembles de références, une somme de caractéristiques liées à un imaginaire.

Dans cette vision, nourrie par des justifications scripturaires, l'islam est toujours présenté comme un système clos, « un prototype des sociétés traditionnelles fermées », ce qui dénie, toute capacité de transformations aux hommes et aux sociétés d'islam. De telles perceptions ont bien évidemment une portée idéologique qui depuis le XIXe siècle légitiment toutes les entreprises de domination sur ces parties du monde.

Or, cette approche essentialiste dépeinte et critiquée par E. Saïd est loin d'avoir disparu. Il est frappant de constater que les considérations sur l'islam comme facteur de trouble dans les relations internationales depuis les années 1980 sont légitimées par des représentations sédimentées sur plusieurs siècles qui sembleraient très familières à l'honnête homme du XVIIIe siècle. Les même attributs réifiants sont activés et recomposés en fonction d'enjeux internationaux et domestiques nouveaux. Il semble que les attentats du 11 septembre 2001 ont renforcé cette vision sécuritaire et ont en même temps créé, pour la première fois, les conditions pour une dissociation entre le musulman de l'intérieur et l'ennemi politique.

La menace islamique ou la logique de guerre5

L'islam politique est devenu l'élément dominant pour appréhender et comprendre les sociétés musulmanes et ce, bien avant septembre 2001. En l'espace de deux décades, les mouvements politiques utilisant les références islamiques comme moyens de contestation politique ont concentré sur eux l'attention non seulement des classes politiques du monde musulman mais aussi des media et des universitaires en Europe et aux Etats-Unis. Certes leur force politique et l'usage de la violence dont certains font preuve, sont les raisons d'un tel intérêt. Mais il en résulte une vision unique et simplifiée qui de Téhéran à Alger en passant par Kaboul donne à voir une seule dimension sémantique qui jouant des confusions des images comme des termes, réactualise la constellation de représentations déjà évoquées autour de la violence et du fanatisme. Cette perception ne laisse plus de place à d'autres aspects du monde musulman et le citoyen qui s'en tient à son journal télévisé est bien en peine de comprendre ce qui se joue aujourd'hui en Algérie, en Egypte, en Iran ou en Afghanistan et ne peut que s'effrayer du phénomène islamique tant tous les registres d'appartenance et de mobilisation au nom de l'islam ne sont jamais distingués. Comment s'étonner alors que ces mêmes citoyens lorsqu'ils sont interrogés, par exemple aux Etats-Unis en novembre 1994, considèrent à 61% que la résurgence islamique est un danger ? Ce phénomène étant pour eux, le plus souvent synonyme de terrorisme international. En Europe, la peur s'exprime de manière identique : en 1991, 51% des Français interrogés pensaient que le principal danger pour la France provenait du Sud. L'Irak, l'Iran, la Libye et l'Algérie étant cités comme les quatre pays les plus craints


..(suite sur le même lien)
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MessageSujet: Re: "Islam de l’extérieur, musulmans de l'intérieur "   "Islam de l’extérieur, musulmans de l'intérieur " EmptyDim 5 Nov - 0:37

Salam alikoum,

Article de la plus haute importance tant il insiste sur le phénomène de sclérose qui touche la vision "occidentale" du monde musulman. Cela étant, n'oublions pas que cette vision occidentale n'a pas seulement un impact sur un ensemble générationnel non-musulman, elle en a aussi un et sans moindre mesure que un ensemble générationnel musulman vivant dans ce milieu.

Il est très difficile de convaincre un musulman européen, élevé à l'acole rationaliste et appliquant cette rationnalité à l'Islam qu'il vit, des multiples composantes de la religion musulmane à travers le monde. En a-t-il une toute petite conscience, il la balaie dans les registres du syncrétisme et de l'ajout. Certes sa motivation principale découle directement des effets du scripturalisme qui ramène la pensée religieuse à l'observance, sous ses multiples formes, des textes fondateurs (Voir à ce sujet le thread intitulé "Réformisme versus modernisme musulmans"). Et certes encore, il n'est jamais plus qu'à la recherche des vérités premières en matière de foi et de craoyance. Là-dessus, nous n'avons rien à dire.

Toutefois, les répercussions qui en découlent montrent une certaine répugnance du musulman européen à l'égard du "musulman autre", dont les croyances sont teintés d'aspects qui ne figurent pas dans la présentation canonique de l'Islam dans le monde occidental et répertorié par les penseurs musulmans des temps modernes.
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yasmine172
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MessageSujet: Re: "Islam de l’extérieur, musulmans de l'intérieur "   "Islam de l’extérieur, musulmans de l'intérieur " EmptyDim 5 Nov - 15:17

salam alikoum Haz,
jai quelques remarques concernant ton post : sur les musulmans européens (je fais réference à une conférence de Jeclyne Césari à laquelle j'ai assisté; elle a parlé de son étude sur la question ), sur la rationalité (parce que à lire ton post on peut comprendre que cela est l'apanage du musulman européen) or la rationalité n'est lié ni à un lieu ni à une culture ou civilisation et puis aussi il faut pas oublier que le musulman au maroc n'est pas celui en indonésie ou malaisie (les pélerins témoignent souvent de la difficulté d'accepter l'autre musulman qui est si différent en terme de perception de la religion ) ..
mais faut que je file en tout cas merci pour la réponse ..
A+
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Haz
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MessageSujet: Re: "Islam de l’extérieur, musulmans de l'intérieur "   "Islam de l’extérieur, musulmans de l'intérieur " EmptyDim 5 Nov - 16:09

Salam alikoum

Mais je ne dis pas autre chose Wink

Accepter l'idée que l'Islam marocain et l'islam indonésien ne sont pas les mêmes, c'est une chose qui se fait très fréquemment, c'est d'ailleurs tout le sujet d'un ouvrage de Clifford Geertz. C'est d'autant plus acceptable lorsque l'on se situe dans un registre plus scientifique que religieux. Dans le domaine de la croyance, on acceptera volontiers que ces deux islams ne soient pas tout à fait identiques mais l'on raisonnera plus en terme de légitimé et d'authenticité plutôt qu'en terme de relativité religieuse. Cela signifie que pour le musulman marocain (je schématise), le musulman indonésien, s'il n'est pas scripturaliste, est totalement à côté de la plaque. Il n'est meme pas utile de comparer ces deux types de musulman, les comparaisons peuvent très bien se faire au sein d'un même pays, d'une même ville, d'un même bled.
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MessageSujet: Re: "Islam de l’extérieur, musulmans de l'intérieur "   "Islam de l’extérieur, musulmans de l'intérieur " EmptyMar 7 Nov - 17:44

Salam alikoum

Une petite question en relisant ce passage :

Citation :
Les valeurs de l'islam sont donc dans l'absolu, comparables à celles des autres religions monothéistes et pourtant surgit régulièrement la vision d'une religion « orientale » radicalement opposée et combative vis-à-vis de nos valeurs « judéo-chrétiennes »

Ce dernier terme est assez énigmatique en fait ? Quelle est la définition du judéo-christianisme ? Quelles sont les valeurs communes qui ne le seraient pas avec l'Islam sachant que juifs et chrétiens ont connu des rapports tout aussi virulents que musulmans et chrétiens.

N'est-il pas écrit dans le talmud que Jésus brulerait en enfer, qu'il a égaré les hommes ? Ne trouve-t-on pas dans les écrits rabbiniques médiévaux des allocutions voulant montrer que Jésus n'a pas ressuscité, que c'est un paysan qui l'a enterré dans son jardin ? Et j'en passe et des meilleurs ?
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